LA SOCIOLOGIE DE COMTE (AUGUSTE)
Publié le 17/03/2011
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La sociologie est vraiment le centre de l'œuvre de Comte. C'est en l'instituant qu'il achève la série des sciences, et c'est d'elle qu'il emprunte les principes de la philosophie ou de la religion, qui lui permettra de systématiser toutes les fonctions de la vie, y compris la science elle-même. Les idées de Comte sur ce sujet ont cela d'intéressant qu'il ne se contente pas, comme pour les autres sciences, d'en définir l'objet et la méthode. La sociologie est une science nouvelle, tout entière à constituer et dont A. Comte a voulu, d'après ses propres préceptes, poser au moins les bases. Il a voulu, avec la théorie de la science, construire la science elle-même. C'est pourquoi nous aurons à distinguer, dans les vues de Comte sur ce sujet, celles qui concernent l'objet et la méthode de la sociologie et celles qui se rapportent à la vie sociale, dont il a essayé de déterminer les éléments et les lois.

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donnée du tout.
Or, les lois dynamiques, énoncées par Comte, sont-elles de cet ordre? Se propose-t-il dedéterminer en général les suites nécessaires de telles circonstances sociales possibles, mesures politiques, situationéconomique, etc., pouvant se retrouver en toutes sortes de sociétés et servir à en expliquer le développement? Enaucune façon.
D'abord les lois que cherche A.
Comte ne seraient nullement hypothétiques.
Il cherche l'ordrenécessaire des phases du développement social : la première est déterminée parla nature des choses, — entendezici la constitution de l'homme, — et les autres suivent inévitablement sans qu'aucune circonstance en puisse arrêterdéfinitivement le déroulement ou en intervertir l'ordre.
C'est donc la marche fixe et immuable des sociétés qu'il s'agitde définir.
Maintenant, cette marche comporte-t-elle un peu de cette généralité qui est la condition de toute loi?Est-il bien exact de parler de la marche des sociétés, entendant par là que toute société serait soumise à cettenécessité de passer tour à tour par les trois états : théologique, métaphysique, positif, ou que la sociabilité s'ymanifesterait tour à tour sous la triple forme des affections domestiques, civiques, humanitaires? Pas davantage.Nulle société n'accomplit intégralement cette évolution, qui commence en l'une et se continue dans l'autre.
Dès lors,la vie sociale, dont il s'agit de trouver la loi ou les lois, n'est pas la vie des peuples supposée partout semblable etsoumise en son évolution aux mêmes nécessités : c'est la vie de l'humanité dont les peuples expriment et réalisentl'une après l'autre les puissances latentes.
La science sociale, dont la dynamique est la partie essentielle, n'est doncpas, comme il le semblait au premier abord, la science abstraite de la vie sociale, supposée observable en toutessortes d'exemples ; elle est la science d'un être concret et singulier, l'humanité.
La statique étudie les éléments qui,à chaque instant et en quelque peuple que l'humanité se réalise pour un temps, sont nécessaires à sa vie; ladynamique observe, décrit et ramène à une formule simple et précise son mouvement continu de civilisations encivilisations.
C'est dire que A.
Comte, entraîné par ses préoccupations personnelles, est passé à côté de la véritablescience, — abstraite ou concrète, — des sociétés et de la vie sociale, telle que l'avaient préparée certains de sesprédécesseurs, comme Montesquieu, pour continuer simplement la tradition des historiens philosophes, de Bossuetou de Condorcet.
Il ne faut donc pas s'étonner si Comte, partant d'une conception incertaine de la science sociale et flottant entrel'intention d'une sociologie et l'exécution d'une philosophie de l'histoire, n'a rien dit de net sur la méthode de cettescience, qui ne saurait évidemment être la même selon qu'il s'agit de déterminer les lois de toute société ou les loisde l'humanité.
Selon Comte, la sociologie se sert de toutes les méthodes des autres sciences, auxquelles elle jointun procédé nouveau, la méthode historique C'est môme là, pour Comte, qui réduit en somme la science sociale à ladynamique, le procédé essentiel.
Il consiste simplement à déterminer le mouvement social par la comparaison desétats successifs de civilisation, comparaison qui doit mettre en évidence la croissance ou la décroissance decertains éléments sociaux, organisations visibles ou tendances morales.
C'est tout, et c'est très simple.
C'estcomme si l'on disait que, pour déterminer les causes d'un fait, il faut comparer les circonstances qui l'accompagnenten divers exemples, en oubliant de remarquer que cette comparaison doit être faite selon certains procédésvariables d'un cas à l'autre, que ces procédés, pour être féconds et sûrs, doivent se soumettre à certaines règles,lesquelles, à leur tour, supposent des principes.
Il en est sans doute ainsi de la méthode historique ; cettecomparaison comporte des procédés, des règles, des principes.
Mais, en logicien simpliste, Comte réduit en généralla théorie de la méthode à l'indication des diverses sources ou modes d'information.
On pourrait d'ailleurs se demander quel usage fait Comte de la méthode historique, et s'il s'en sert pour trouver leslois du mouvement social ou pour expliquer par ces lois le cours de l'histoire.
En droit, l'histoire ne pourraitdéterminer des lois que si elle nous montrait les mêmes successions constantes en des séries diverses d'exemples.Or, nous savons que l'évolution de l'humanité est unique ; chaque âge de la pensée, du sentiment ou de l'action nes'est présenté qu'une fois.
L'historien, dès qu'il est prévenu de la suite des phases de la vie sociale, peut bien rendreraison du passé par ce progrès et en préciser le détail; mais l'ordre général de développement qu'il vérifie ainsi,peut-il l'énoncer comme une loi? Ce n'est qu'un fait, un fait très vaste, une formule qui résume avec ampleur lepassé historique.
Mais, comment savoir si cet ordre de développement était nécessaire ? Comment affirmer qu'ilreprésente la courbe complète de la vie de l'humanité, et non quelques-unes seulement de ses phases? Il n'y en aqu'un moyen, c'est d'admettre avec Comte que cette marche est prédéterminée tout entière dans la nature del'homme.
C'est donc à la considération de la constitution de l'homme et non à l'histoire de déterminer la loid'évolution de l'humanité.
C'est bien, en effet, déductivement que Comte procède à l'établissement de ses loisdynamiques, et notamment de la loi des trois états.
La méthode historique ne fait ensuite que les appliquer, — pouren rendre le détail intelligible,— à l'histoire réelle et concrète de l'humanité.
Les principes de la sociologie comtistene sont donc pas des données de l'observation, mais des déductions rationnelles de la nature humaine.
Ils n'en sontsans doute ni meilleurs, ni pires ; mais tout ceci nous montre qu'il n'y a pas moins d'indécision dans les idées deComte sur la méthode de la sociologie crue dans sa conception du véritable objet de cette science.
2° La théorie de la vie sociale.
— L'œuvre sociologique de Comte est constituée essentiellement par une expositionhistorique du développement de l'humanité, que nous ne pouvons songer à résumer ici.
Ce que nous pouvonsseulement indiquer, ce sont les vues générales qui servent de principes à cette exposition.
Les unes concernent,conformément à la division de la sociologie en statique et dynamique, les conditions constituantes de la vie sociale ;les autres énoncent les principes du mouvement social.
Mais les unes et les autres sont fondées sur des donnéespsychologiques.
Selon Comte, deux dispositions caractérisent essentiellement la nature humaine : ce sont lasociabilité, principe générateur et conservateur de la vie sociale, et l'instinct de progrès ou de perfectionnement, quiest le principe du développement de l'humanité.
Il suffit, pour entrer dans l'esprit de la sociologie de Comte, de voirsommairement comment il comprend la nature et les effets de ces deux tendances constitutives.
Le penchant qui porte l'homme à la vie sociale est distinct des tendances égoïstes.
Ce n'est pas l'intérêt qui auraitpu rapprocher les hommes, car la vie sociale exige plus de sacrifices qu'elle ne comporte d'avantages.
Au surplus,.
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