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La vision constitue-t-elle le modèle de toute connaissance ?

Publié le 28/05/2009

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La vision désigne le processus et le résultat par lequel nous appréhendons un objet par notre système optique. Connaître un objet, c’est être en mesure d’énumérer toutes ses déterminations avec certitude. Or dans le langage courant, nous demandons souvent à notre interlocuteur « s’il voit « ce dont nous parlons, c’est-à-dire s’il le comprend et le connaît. Le vocabulaire de la connaissance est ainsi marqué par l’optique : en grec le verve « orao « qui signifie je vois conjugué au passé signifie je sais. Dans le présent savoir, il y a voir sur le m^me principe. Dans la mesure où le savoir semble constitué par un voir passé, on peut affirmer que la vision constitue le modèle de toute connaissance. Toutefois cette conception du savoir sous la forme du voir n’est -elle pas illégitime ? En effet la connaissance exige une discursivité que ne permet pas l’immédiateté de la vision. En ce sens on ne pourrait pas soutenir que la vision constitue le modèle de toute connaissance, mais caractériserait au contraire un état de l’esprit d’avant la connaissance. Néanmoins si la vision ne constitue pas le modèle de toute connaissance, cela n’empêche pas qu’elle puisse constituer un certain type de connaissance. Nous sommes alors confrontés à ce problème : la connaissance est -elle produite dans son intégralité par analogie avec la vision ou au contraire la vision ne concerne qu’un état de l’esprit avant la connaissance ? 

« Tout d'abord, comment définir un modèle? Il est avant tout celui qu'on imite, celui qui a valeur d'horizon dans notrepratique.

Ainsi, il est celui qui donne la mesure ( modus en latin), celui à partir duquel on évalue, celui qui se signale par l'absence des fioritures qui font encore défaut à notre pratique.

En effet, le modèle pose une typologiecaractéristique, en lui se déploie l'essentiel, ce qui doit nécessairement être.

Ainsi, il établit les grandes lignesnécessaires à suivre.

Or, peut-on penser la vision comme étant un tel paradigme? Poser l'un de nos sens commemodèle de connaissance, comme l'essence même de la connaissance vers laquelle il s'agit de tendre, c'est déjàenraciner cette dernière dans l'expérience.

Tout à la fois, c'est élire un sens parmi d'autre et lui attribuer une valeurqui fait défaut chez les autres.

Pourquoi? Si la vision est un sens, elle se distingue de toute évidence à plus d'untitre.

Tout d'abord, elle tient informé le sujet de quelque chose qui peut entretenir une certaine distance avec lui.

Jepeux voir quelque chose se profiler à l'horizon, et bien que la qualité de cette image soit floue, je ne suis pas àproximité de ce qui est vu, du moins pas immédiatement.

Contrairement au toucher donc, ou encore au goût, l'œilne rentre pas en contact avec ce qu'il vise.

L'œil suggère donc une sorte d'objectivité, ou du moins un objet qu'il necontamine pas mais qu'il laisse bien intact dans sa virginité.

De plus, on accorde naturellement une confiance à lavue, répétant la phrase de Thomas presque spontanément: « je ne crois que ce que je vois ».

Il y a quelque chose de l'ordre de l'évidence qui s'impose dans la vision: croire entendre quelque chose inquiète toujours moins que croirevoir quelque chose.

L'hallucination visuelle semble quasiment inimaginable étant donné notre confiance « aveugle »en nos yeux.

Deux choses donc sur ce dernier point: l'évidence tout d'abord, une évidence que l'on a de cesse dechercher dans le contre-rendu logique que nous tentons d'établir à propos du monde; mais aussi la certitudenaturelle selon laquelle voir c'est savoir.

Enfin, il y a toujours eu une sorte d'analogie entre l'œil physique et l'œilintellectuel: on compare souvent la conscience à une sorte de vision de nos propres idées, à un œil intérieur quiinspecterait le fond de notre esprit et en ferait un théâtre psychique.

Ainsi, l'attribut particulier de l'esprit qu'est laconscience, soit cette faculté de voir en soi, de se voir soi, et même de se voir entrain d'être soi, posent la visioncomme un sens particulier, comme un analogon proposant la structure emblématique de l'activité cognitive. Désir scopique et actionI. Rappelons-nous une scène tirait du film Le seigneur des anneaux de Peter Jackson.

Les membres de la communauté de l'anneau sont prisonniers dans une salle des lugubres mines de la Morhia.

Alors qu'il découvre que les gobelinssont passés avant eux et ont éradiqué toutes traces de vie dans ces inquiétantes profondeurs, nos hérosentendent soudainement des bruits venant du fond des mines.

Ce n'est d'abord qu'un tambourinement grave auquelils restent tous accrochés, puis cela se transforme, prend du sens: des gobelins les encerclent à leur tour.

Cettescène est extrêmement angoissante précisément parce qu'on ne voit pas l'ennemi.

Sans cette vision, il nous manquequelque chose d'essentiel, comme si toute la mesure de la situation ne pouvait être prise qu'à compter du momentoù la menace sera visualiser.

Tout à la fois, il s'agit là d'une technique artistique classique que l'on appelle le hors- champ .

On prive le spectateur d'un sens qui révèle alors toute son essentialité, et l'on sème seulement quelques indices sur ce qu'il peut s'apprêter à voir.

La menace est là, mais on ne la voit pas.

Elle influe sur la scène vue, lescombattants se tiennent prêts à en découdre, il se se prépare à un combat dont il ne sont pas sûre de réchapper,et cela ne fait que suggérer d'autant plus la gravité de la menace.

A partir de là, ce que l'on ne voit pas, onl'imagine précisément, on génère un carrousel d'images tissaient à partir de nos propres angoisses.

En somme, en nedonnant pas à voir, on voit d'autant mieux.

C'est un risque d'un point de vue cinématographique puisque si leréalisateur décide alors de montrer quelque chose effectivement, il faut que cela soit réellement à la hauteur desattentes fantasmées par le spectateur.

Or, le troll des cavernes qui fait alors irruption est pour le moins réussi... La mention de cette scène nous permet de saisir le sens même que l'on accorde, d'un point de vue existentielle, à lavision.

Tant que l'on a pas vu, on ne sait pas: tant que l'on a pas vu, on se sent dans état précisément de menace.Car la menace est précisément cela: ce qui se profile sans encore être vu, ce qui est à proximité mais noncomplètement encore.

Sans la vue, l'idée d'irruption perd son sens, l'irruption marquant précisément le point à partirduquel la menace atteint son acmé et se mute en danger réel.

Il y a dans le menace un défaut de connaissance: onévalue à distance, on pose des hypothèses, mais on identifie le danger qu'avec une probabilité jamais égale à 1.

Ilreste toujours des possibilités non prise en compte, ou sous-estimée.

Dans notre scène, une fois la menacevisualisée, nos héros prennent leur disposition.

Bien évidemment, l'issue du combat n'est pas certain, mais le dangerest enfin là. Tout cela illustre ce désir scopique, ou si l'on préfère cette envie de voir, précisément parce que nous pensons qu'àpartir de là nous pourrons prendre mesure de la situation, une mesure qu'aucun autre sens ne propose.

Même latechnologie militaire transforme l'invisible en visible: ce qui ne peut être qu'écouter à partir d'un sonar se mute enimage afin de devenir représentable pour la vision.

Le son devient en quelque sorte visible, la vision prenant alorsvaleur d'impératif de la connaissance.

Cette dernière semble proposait la possibilité d'une certaine distance parrapport à la scène vécue.

L'image radar offre un angle synoptique de la situation, et permet même un traitement de. »

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