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L'absurde ?

Publié le 11/03/2004

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Albert Camus cet argument sans réplique : que si tout au monde est absurde, comment pourrez-vous, d'une façon parfaitement cohérente et explicite, démontrer cette absurdité universelle ? De deux choses l'une, et c'est un dilemme: ou bien tout est réellement absurde et vous ne pourrez pas prouver d'une façon logique que tout l'est en effet (et, de fait, M. Albert Camus ne convainquait pas absolument son lecteur), ou bien il existe encore de par le monde un minimum de cohérence et de plausibilité dont l'auteur s'est servi pour prouver que tout était absurde. Mais alors, la seule lecture du livre de M. Camus suffisait à rasséréner son lecteur en lui prouvant surabondamment que tout au monde n'était pas absurde, puisqu'il existait encore suffisamment de logique, de Tiqueur et de cohérence pour écrire un aussi bon livre que le Mythe de Sisyphe (car le livre était excellent et d'une parfaite vraisemblance d'un bout à l'autre). Ainsi l'absurde n'a pas une existence évidente en soi : et, pourrait-on dire, n'existe que dans la stricte mesure où on le requiert à des tâches pour lesquelles il ne semble pas fait.III. VALEUR DE L'ABSURDE 1. Il semble au préalable que l'absurde soit foncièrement néfaste à la pensée humaine. On se rappelle, à ce propos, la position des philosophes classiques devant le Hasard considéré comme une monstruosité logique.

« 3.

Au surplus, l'on se rappelle cette philosophie de l'absurde qu'un grand nombre d'essayistes avaient mise en vogueau moment de la Libération : le plus brillant représentant de l'école, M.

Albert Camus, avait, dans le Mythe deSisyphe (N.R.F., 1942) développé cette thèse que tout au monde étant absurde, il ne restait plus qu'à quitter cetteexistence factice, où l'on se sentait étranger à soi-même, jeté là comme par hasard dans une réalité où l'on setrouvait aliéné.

Mais on avait pu, à l'époque, opposer à la philosophie pessimiste de M.

Albert Camus cet argumentsans réplique : que si tout au monde est absurde, comment pourrez-vous, d'une façon parfaitement cohérente etexplicite, démontrer cette absurdité universelle ? De deux choses l'une, et c'est un dilemme: ou bien tout estréellement absurde et vous ne pourrez pas prouver d'une façon logique que tout l'est en effet (et, de fait, M.

AlbertCamus ne convainquait pas absolument son lecteur), ou bien il existe encore de par le monde un minimum decohérence et de plausibilité dont l'auteur s'est servi pour prouver que tout était absurde.

Mais alors, la seule lecturedu livre de M.

Camus suffisait à rasséréner son lecteur en lui prouvant surabondamment que tout au monde n'étaitpas absurde, puisqu'il existait encore suffisamment de logique, de Tiqueur et de cohérence pour écrire un aussi bonlivre que le Mythe de Sisyphe (car le livre était excellent et d'une parfaite vraisemblance d'un bout à l'autre).

Ainsil'absurde n'a pas une existence évidente en soi : et, pourrait-on dire, n'existe que dans la stricte mesure où on lerequiert à des tâches pour lesquelles il ne semble pas fait. III.

VALEUR DE L'ABSURDE 1.

Il semble au préalable que l'absurde soit foncièrement néfaste à la pensée humaine.

On se rappelle, à ce propos,la position des philosophes classiques devant le Hasard considéré comme une monstruosité logique.

Natura nondatur casus.

Partout où la pensée retrouve une trace d'absurdité, elle n'a de cesse d'arriver à s'en défaire ou àrésoudre l'illogique dans la logique, le contradictoire dans le cohérent.

Dans une perspective traditionnelle, l'absurdeest donc ce qu'il convient de réfuter, de repousser, d'éliminer radicalement de toute spéculation philosophique. 2.

Pourtant, les mathématiciens ont souvent utilisé la réduction à l'absurde, la preuve ou la démonstration parl'absurde (argument qui consiste à prouver la fausseté de la contradictoire, ce qui établit indirectement la vérité dela proposée).

Ou encore, cette réfutation par les conséquences qui consiste à tirer d'une proposition ou d'unsystème, des erreurs manifestes, des conséquences qui impliquent contradiction et se retournent contre lesprincipes.

On dit généralement que l'introduction de ce genre de raisonnement dans la géométrie est due à Euclide.Personne n'oserait contester l'utilité de la preuve par l'absurde dans le domaine de la géométrie, de l'algèbre ou del'analyse.

Or, il semble à la plupart des philosophes que cette position, ou cette proposition de raisonnement parl'absurde ne prouve rien : est-ce tout à fait certain ?3.

Les logisticiens ou le grand philosophe des sciences qu'est M.

Ferdinand Gonseth ont pu soutenir que la formulearistotélicienne de la non-contradiction était en elle-même beaucoup trop incomplète pour pouvoir être justifiableaux yeux de la science moderne.

La célèbre histoire de l'île des géants très subtils et très cruels où le condamnétriomphe du problème posé en demandant à être sacrifié à l'idole du mensonge prouve que la non-contradiction n'estplus une règle absolue.

Mais surtout la microphysique, la mécanique quantique ou les théories contemporaines de laphysique mathématique ont abouti à une certitude dans ce domaine : c'est qu'un grand nombre de propositionsdemeurent absurdes jusqu'à ce que l'on ait réussi à comprendre l'état des connaissances actuelles.

Dès lors peut-ondire que l'absurde soit un moindre mal, un pis-aller, une vérité provisoire et dont on ne saurait se passer ? L'on peutà tout le moins poser que l'absurde est un excellent stimulant pour la pensée, comme le paradoxe dont il estl'heureux complément, l'absurde est merveilleusement évocateur et d'une suggestive fécondité ; il réveilleperpétuellement l'esprit de ce sommeil dogmatique dont il a tant de mal à se détacher naturellement. CONCLUSION. Ainsi, l'absurde, sans être l'apanage exclusif de notre temps, a été privilégié par notre époque d'une façon peut-êtreabusive, mais néanmoins réelle.

Loin de vouloir chercher à lutter contre cette tendance, il faudrait tenter de lasuivre, en essayant de la digérer, de l'absorber.

L'absurde peut être efficace si l'on réussit à le canaliser, à l'utiliserpour la recherche scientifique ou pour la spéculation philosophique comme le meilleur des stimulants.

Mais vouloirconsidérer l'absurdité comme une fin en soi désignerait la même perversion que cette tendance de la penséeactuelle à chercher le beau plus que le vrai.

Franz Kafka, dont le Journal intime, le Château, les Métamorphoses oula Muraille de Chine sont si goûtés par la génération actuelle, Gide et ses Soties, Albert Camus et son étranger ontadmirablement montré l'absurdité et l'artificialité de la réalité même; mais on aurait tort de chercher plus et mieux,dans leurs écrits, que de la littérature, même philosophique.

Ce sont là des prétextes à philosopher.

Mais toutprétexte n'est pas cause; et l'on ne saurait confondre littérature philosophique et philosophie littéraire.. »

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