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l'amitié est-elle le fondement de la vie en société ?

Publié le 23/03/2005

Extrait du document

L'amitié véritable est un amour d'homme d'égale vertu.

b)                      Puisqu'on a besoin de la justice, c'est que l'amitié ne régule pas l'ensemble des rapports sociaux. Il faut alors penser un autre modèle : celui d'un contrat. Selon les philosophes du contrat comme Locke, la société est naturelle, les hommes sont des êtres naturellement sociables. Mais cette inclination naturelle n'est pas de l'amitié, elle est une relation de bonne entente qui naît à la suite d'une autre fin que vise la société à savoir l'utilité. Les hommes s'associent en vue d'un plus grand bien, c'est une longue habitude de la vie en société qui peut donner naissance à de bonnes relations, à la sympathie. Mais, contrairement à l'amitié parfaite, elle est insuffisante, c'est son insuffisance qui rend nécessaire l'Etat garant du respect des lois naturelles.

c)                       Le contrat moderne s'oppose à une relation d'amitié première car les termes du contrat sont des individus qui entre eux n'ont pas de rapport pacifiques. Le rapport juridique qui juge en équité deux individus est une forme de régulation qui fait intervenir un arbitre là où des amis peuvent s'accorder. 

• Cadrer la problématique Le sujet peut être lu de deux manières différentes. On peut d'une part le comprendre comme une interrogation sur la valeur de la pensée politique d'Aristote, à qui l'on doit cette idée de l'amitié comme vertu politique. On peut d'autre part y voir un questionnement issu de l'expérience concrète de la vie dans les sociétés modernes et motivant précisément un retour versAris-toteiface à l'anonymat des quartiers, à la difficulté d'une coexistence pacifique, n'est-il pas nécessaire de revenir à ce qui fonde la vie en société?

• L'amitié, vertu politique

Aujourd'hui comprise comme une affaire privée et mal vue lorsqu'elle s'introduit dans le domaine public (on parle alors de « copinage «), l'amitié est définie parAristote comme la principale vertu politique. Contrairement à l'esclavage par exemple, l'amitié implique l'égalité des amis et la réciprocité dans la reconnaissance. Il y a l'amitié dans laquelle chacun cherche le plaisir que lui apporte l'autre, l'amitié dans laquelle chacun trouve l'autre utile, et l'amitié vraiment pure dans laquelle chacun se réjouit simplement que l'autre soit ce qu'il est, dans sa différence. On a pu dire par ailleurs qu'une des distinctions fondamentales et fondatrices du lien social était la différence entre amis et ennemis.

« mis en cause pour autant.

Il vaut aussi bien pour ceux qui nous sont proches que pour l'humanité dans sonensemble.2) C'est le principe de ce lien (et non l'intérêt qu'il peut susciter) qui est à l'oeuvre dans une série d'actions où l'onporte secours à autrui.3) C'est ce même principe de bienveillance qui rend insupportables des propos égoïstes, "contraire à la naturehumaine". Aristote affirme sa thèse, qui prend une double forme.

D'une part, "l'homme est un être qui aime son prochain".D'autre part, "l'homme est un être qui vit en société".

Le rapprochement de ces deux formules suggère un lien entrece qui est de l'ordre du fait (l'homme vit en société) et ce qui est de l'ordre du principe (l'homme qui aime sonprochain).

Et l'on peut supposer que ce qui est de l'ordre du principe -la nature de l'homme- explique le faitd'évidence -la vie de l'homme en société.Ce principe ne relève pas directement de l'observation, même si de nombreux faits le confirment.

Il a cependantvaleur d'explication quant à la sociabilité humaine.

On retrouve l'adage fameux, attribué à Aristote: l'homme est unanimal politique -où le terme d'animal indique la "naturalité" de la sociabilité politique.L'accord que le lecteur ne peut manquer de donner à la seconde partie de la thèse qui, à l'évidence de sonuniversalité, facilite l'acceptation de la première partie.

Reste toujours possible cependant une objection quiopposerait au principe de l'amour (compris comme bienveillance) un autre principe, comme celui de l'égoïsme.1) Ayant dégagé un principe (théorique), Aristote reconnaît ses variations (pratiques).

Mais les variations, qui serépartissent sur la gamme "proche, éloignée", ne remettent pas en cause le principe ("cela ne fait rien à la chose").L'idée même des liens, seraient-ils étroits ou relâchés, renvoie au thème de la société qui relie, à des degrés divers,les hommes entre eux.

C'est l'affection (au sens de sentiment, ce qui nous fait agir, ce qui nous touche) en tantque telle qui a du prix ("toute affection est précieuse pour elle-même") et non ses conséquences ("et non passeulement pour les services que l'on en tire"), selon l'argumentation qu'il ne saurait y avoir de conséquences s'il n'ya -en premier- comme fondement, un principe.Certes nous pouvons admettre que nous comprenons mieux ce qui est proche.

Proximité qui est un des degrés del'expérience concrète, déjà évoquée au début du texte.Et nous pouvons ainsi établir concrètement une progression qui ordonne du proche au lointain nos concitoyens, lesgens de même nation et de même race, et enfin tous les hommes.

Mais il y a quelque chose d'identique dans chacundes éléments de cette série, quelque chose qui relève du même, ou encore, pour reprendre aussi une expression dutexte, quelque chose de pareil.

Identité qui renvoie au principe.

Dans le concitoyen, dans n'importe quel homme, prisau hasard parmi tous ces hommes, il y a l'homme.

Au-delà de la diversité, à laquelle nous sommes certes de plus enplus sensibles au fur et à mesure où nous nous éloignons de ce qui est proche (et par là même familier), il y a, plusimportant que ‘importe quelle différence, (viendrait-on même à additionner toutes ces différences), l'homme.

Ce quifait qu'à chaque fois joue le bienveillance primordiale. 2) Ceci, certes, est une question de principe.

Mais que se passe-t-il en fait? Les exemples choisis par Aristoteillustrent le principe.

Mais ils vont aussi à son secours et sont aux fins d'édification.Ces exemples, dans leur diversité, n'appellent pas directement de commentaires.

Notons pourtant qu'ils mettent enjeu la puissance d'un homme, prêt à apporter sa puissance au service d'autrui, momentanément dans une situationde faiblesse.

Inégalité terrible, où la vie est en jeu et ne pourra être sauvée que par l'intervention du sauveteur.C'est l'attaque furieuse d'un animal, l'imprudence qui a fait perdre une route, la misère ou la dureté de la nature quiportent l'éventualité de la mort.

Qu'importe! A chaque fois le sentiment d'amour (et de bienveillance) s'éveille.Aristote le dit et le répète, ce sentiment s'exerce à l'égard du prochain.

Comme si l'homme, pourtant à l'abri dudanger, était prêt à se jeter dans ce danger, parce que l'homme qu'il est prêt à secourir est comme un autre lui-même.

N'est-ce pas en étant affecté par autrui, comme si autrui était tout à coup un autre lui-même, que se réaliseau mieux la proximité? Qui est plus proche de soi que soi?On peut se demander si dans ce texte et bien qu'Aristote soit peu explicite à ce sujet, la notion d'amour (et debienveillance) de l'homme à l'égard d'autrui, dans la mesure où autrui est également défini comme un prochain, n'estpas fondée en réalité sur l'amour de soi.

Ce qui fait qu, bien qu'aucun de ces termes ne soient pas formellementemployés, l'altruisme se fonderait en dernière analyse sur l'égoïsme. 3) Et pourtant l'égoïsme, conçu comme fermeture à autrui, marqué par l'incapacité d'être sensible à autrui, d'êtreautrui, est condamné par Aristote.

Après avoir évoqué des actions qui provoquent la sympathie du lecteur, il évoquedes propos qui ne peuvent que susciter sa réprobation.

Opposition du faire au dire, qui concourt au même thème: ily a en nous un sentiment de bienveillance et d'amitié pour tous les hommes qui nous fait éprouver "l'horreur" deshommes qui -contre nature- se mettent en dehors de la communauté des hommes. INTÉRÊT DU TEXTE. Il réside dans la mise en exergue de la notion de bienveillance comme clé explicative des liens sociaux ultérieurs.C'est un sentiment que chacun peut retrouver dans son for intérieur, et qui se prouve par la spontanéité de nosactions en faveur d'autrui.

Cela ne remet pas en cause la possibilité de mauvaises actions, ou de conduitesimmorales, mais il s'agit dès lors de les comprendre comme des perversions sociales de la nature humaine native etbonne.Ce qui est en question, c'est évidemment l'impossibilité d'une quelconque vérification de ce sentiment supposépremier.

Hobbes, Hegel, partant de la description réaliste des rapports humains, ont, au contraire, présupposé que lesentiment premier de l'homme est celui de l'opposition à autrui.. »

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