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L'appareil psychique

Publié le 20/01/2004

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A. Limites & illusions de la conscience.Si c'est dans son rapport à elle-même que la conscience s'éprouve comme une certitude, qu'en est-il du rapport à l'autre ? Qu'en est-il du rapport entre les consciences ? A m'enfermer dans le cogito, comment puis-je communiquer avec les autres consciences ? Le seul rapport qu'il me soit permis d'avoir avec autrui c'est l'analogie. Du fonctionnement de ma conscience, j'induis le fonctionnement de la conscience d'autrui. C'est à partir de moi-même que je comprends l'autre. Mais dès lors ce qui disparaît c'est la certitude de la vérité. En effet, dans la mesure où je n'ai pas accès à l'intériorité d'autrui autrement que sur le mode de l'analogie, je n'ai aucun moyen de contrôler ce qu'il me dit.

« La conscience directe est simplement conscience de quelque chose et s'efface sans laisser de souvenir.

Laconscience réfléchie est consciente d'elle-même et peut nous faire percevoir la nouveauté d'une sensation.

Elle estdonc aussi capable de reconnaître dans une impression présente le souvenir d'une impression passée.Ainsi, pour Descartes, il y a identité entre le psychisme & le conscient.

Il n'y a pas d'interruption de l'activitéconsciente.

C'est l'inscription d'une trace cérébrale qui assure le maintien de la continuité psychique.

Toutefois, iladmet l'existence de perceptions directes, non réfléchies, autrement dit, d'événements non corporels qui sedéposent en nous et qui ne sont pas perçus par l'entendement. B.

La conscience & les petites perceptions inconscientes. Comme Descartes, Leibniz part de la définition de l'âme comme substance pensante et admet qu'une telle substancene saurait être sans action, autrement dit qu'elle pense toujours.

Mais, il affirme que les cartésiens ont « fortmanqué » en ayant compté pour rien les perceptions dont on ne s'aperçoit pas.

Leibniz affirme l'existence depensées inconscientes, de « perceptions » trop « petites » pour être « aperçues ».

Il y a, dit-il, des perceptionspeu relevées, sans nombre, qui ne se distinguent pas assez pour qu'on s'en aperçoive ou qu'on s'en souvienne, maiselles se font connaître par des conséquences certaines.

Tout phénomène conscient n'est, en fait, que l'assemblagede perceptions trop petites pour que chacune d'elle soit « aperçue » distinctement.Pour illustrer son propos, Leibniz se sert de l'exemple du mugissement ou du bruit de la mer.

Du rivage, dit-il, onentend le bruit de la mer.

A la même distance, on n'entend pas les bruits de chaque vague.

Or, le bruit de la mer,c'est la somme des bruits faits par toutes les vagues.

Si le bruit d'une vague était égal à zéro, la somme de centmille bruits nuls serait toujours égale à zéro.

Or, il n'en est rien puisqu'on entend le bruit de la mer.Il faut donc que l'on ait quelque perception de chacun de ces bruits.

Le bruit de la mer qui est remarquable est donccomposé de petites perceptions qui ne le sont pas.En identifiant conscience et pensée, Descartes n'avait distingué que la conscience directe & la conscience réfléchie.Leibniz ajoute qu'il y a des pensées dont on n'a pas conscience. Leibniz dans l'Essai sur l'entendement humain lorsqu'il évoque les petites perceptions.

Il montre ainsi que notre perception consciente est composée d'une infinité depetites perceptions.

Notre appétit conscient est composé d'uneinfinité de petits appétits.

Qu'est-ce qu'il veut dire quand il ditque notre perception consciente est composée d'une infinité depetites perceptions, exactement comme la perception du bruitde la mer est composée de la perception de toutes les gouttesd'eau ? Les passages du conscient à l'inconscient et del'inconscient au conscient renvoient à un inconscientdifférentiel et pas à un inconscient d'opposition.

Or, c'estcomplètement différent de concevoir un inconscient qui exprimedes différentiels de la conscience ou de concevoir uninconscient qui exprime une force qui s'oppose à la conscienceet qui entre en conflit avec elle.

En d'autres termes, chezLeibniz, il y a un rapport entre la conscience et l'inconscient,un rapport de différence à différences évanouissantes, chezFreud il y a un rapport d'opposition de forces. "D'ailleurs il y a mille marques qui font juger qu'il y a à toutmoment une infinité de perceptions en nous, mais sansaperception et sans réflexion, c'est-à-dire des changementsdans l'âme même dont nous ne nous apercevons pas, parceque les impressions sont ou trop petites ou en trop grand nombre ou trop unies, en sorte qu'elles n'ont rien d'assez distinguant à part, mais jointes à d'autres,elles ne laissent pas de faire leur effet et de se faire sentir au moins confusément dans l'assemblage.C'est ainsi que l'accoutumance fait que nous ne prenons pas garde au mouvement d'un moulin ou àune chute d'eau, quand nous avons habité tout auprès depuis quelque temps.

Ce n'est pas que cemouvement ne frappe toujours nos organes, et qu'il ne se passe encore quelque chose dans l'âme quiy réponde, à cause de l'harmonie de l'âme et du corps, mais ces impressions qui sont dans l'âme etdans le corps, destituées des attraits de la nouveauté, ne sont pas assez fortes pour s'attirer notreattention et notre mémoire, attachées à des objets plus occupants.

Car toute attention demande dela mémoire, et souvent quand nous ne sommes plus admonestés pour ainsi dire et avertis de prendregarde, à quelques-unes de nos propres perceptions présentes, nous les laissons passer sans réflexionet même sans être remarquées ; mais si quelqu'un nous en avertit incontinent après et nous faitremarquer par exemple, quelque bruit qu'on vient d'entendre, nous nous en souvenons et nous nousapercevons d'en avoir eu tantôt quelque sentiment (...).

Et pour juger encore mieux des petitesperceptions que nous ne saurions distinguer dans la foule, j'ai coutume de me servir de l'exemple dumugissement ou du bruit de la mer dont on est frappé quand on est au rivage.

Pour entendre ce bruitcomme l'on fait, il faut bien qu'on entende les parties qui composent ce tout, c'est-à-dire les bruitsde chaque vague, quoique chacun de ces petits bruits ne se fasse connaître que dans l'assemblageconfus de tous les autres ensemble, c'est-à-dire dans ce mugissement même, et ne se remarquerait. »

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