L'argent est-il omnipotent ?
Publié le 08/01/2013
Extrait du document
On peut donc constater l’existence d’une force dans l’Argent, de part sa fonction de moyen et de fin
absolu. Mais l’argent n’est pur convention et n’a aucune valeur matérielle ce qui amène à la considérer
toute puissante uniquement si l’on ne la considère pas comme le but absolu. Nous sommes à l’heure qu’il
est dans la phase décadente de notre société, et dans la chute de l’argent, «der irdisch got «. L’argent est
devenu le but absolu non plus pour une majorité de gens, mais pour notre société entière. L’argent
devient une « machine infernale « (AR p.140), conduisant les hommes à la déchéance comme Saccard.
Par conséquent, on arrive à une implosion de l’être Argent, qui se détruit lui-même. Selon la thèse
Marxienne sur l’histoire de la société, bientôt arrivera la révolution prolétarienne.
«
faisait le progrès.
» (AR p.
96) Donc, on peut en déduire que l’argent est le catalyseur du progrès, le
créateur de notre monde, de notre société avec les biens qui la compose.
Zola le montre bien avec les
projets de Hamelin dont la « Compagnie générale des Paquebots réunis » fût concrétisée grâce à l’Argent
de l’Universelle.
De plus, ce n’est pas l’Homme qui possède dans notre monde ; Mais bien l’Argent.
On peut constater,
notre société semble se réduire à une loi d’échanges : on peut tout acheter, et tout vendre comme le
montre Saccard avec l’Universelle et « ce palais », rue de Londres, acquit par l’argent, et vendu à son
départ.
On pourrait personnifier l’Argent dans L’argent comme un être agissant, et poussant les êtres vers l’avant
par une main invisible.
(Thèse de Marx dans Le Capital).
Dans un autre registre, la scène de l’emprunt de Cléante dans L’avare avec la liste des objets montre que
tout, et même les choses les plus insignifiantes, peuvent être acheté par l’argent (II,1).
L’argent possède les choses, mais elle possède aussi les hommes, comme le montre à la fois l’Avare et
L’Argent.
En effet, pour prendre l’exemple plus flagrant de L’Avare, Frosine considère Marianne comme
« une fille qui apportera [à Harpagon] douze mille livres de rente » (AV II,5), tombant dans une forme de
prostitution.
De même dans l’Argent avec l’image de la déchéance pour l’argent de la baronne Sandorff.
Enfin, l’argent est pouvoir.
Ceux qui possèdent l’argent dans notre monde dirigent les pays comme
Berlusconi en Italie ou les lobbys aux Etats-Unis, qui tirent les ficelles du Congrès.
Dans le corpus,
L’Argent reflète cette idée avec une véritable lutte qui appelle les sphères politiques comme le député
Huret.
Mais aussi avec les métaphores liant richesse et pouvoir comme celle de Gundermann, « banquier
roi », « maître de la Bourse et du monde » (AR p.25).
Il est « le roi tout puissant » (AR p.114).
L’argent est à la fois moyen et fin absolu : elle peut être souveraine, mais elle peut être simplement un
seul objet de relation sans pour autant être la toute puissance.
Comme on l’a dit précédemment, l’argent est une convention fixée par les hommes.
Par conséquent et
par définition, elle est modulable.
On peut accorder de la valeur à l’Argent, ou au contraire la considérer
comme dérisoire.
C’est l’exemple de l’Eldorado de Candide de Voltaire, où les pierres précieuses n’ont
aucune valeur contrairement à la livre sterling ce qui montre que la valeur des choses ne dépend de la
convention sociale fixée sur eux par les hommes.
Mais à ce moment-là, on peut penser que l’idée de
l’argent omnipotent est totalement irréfléchie.
Elle est ne l’est pas.
En effet, l’argent est convention, mais convention sociale.
Par conséquent, si elle est régie, elle l’est
par la société.
Et c’est ce qui fait sa puissance.
On peut l’identifier à une maladie qui gangrène la société.
Elle a attaqué chaque organe de la société, si bien que sa destruction engendrerait la mort de notre
société capitaliste.
On ne peut donc pas, ni la « tuer » comme le souhaitait Sigismond, ni la réduire.
Enfin, l’argent est tout-puissant, mais quand cette toute puissance est trop importante, elle implose
paradoxalement.
En effet, sa puissance est telle que les
gens la voient comme un but en soi, comme la « fin absolue ».
Par conséquent, ils adoptent un
comportement qui va contre la logique de l’argent et atténue sa force.
Simmel fait dans la Philosophie de
l’argent une liste des caractères liés à l’argent.
Prenons l’exemple de l’avare : L’avare est égocentrique et
égoïste, il met toute son énergie à la recherche d’argent.
Mais comme dans L’avare de Molière,
l’avaricieux est paranoïaque et a peur que l’on le vole : Cette paranoïa le conduit à croire « qu’il est
homme à se voler lui -même ».
Pour en revenir au sujet, l’avare conserve l’argent qu’il possède.
Donc cet
argent ne lui permet pas d’obtenir ses désirs, même l’amour de Marianne n’est pas suffisant pour que
Harpagon délaisse son argent.
De plus, il ne sert pas à la société, le véritable avare ne peut investir.
« L’argent » donne en tant que « moyen absolu » des « possibilités illimités de jouissances » mais ici, elle
« renonc[e] à son exercice et à la jouissance ».
L’argent ne possède pas, il est et reste en repos, ne
cherchant à métriser la société..
»
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