Le beau est-il toujours étonnant ?

Évoquant l'art grec, Marx était pour sa part surpris qu'il pût encore servir de modèle ou de référence aux artistes de son époque, alors que les condi­tions sociales et économiques, ainsi que la mentalité, qui avaient favorisé son éclosion n'existaient évidemment plus. Comment se fait-il en effet que nous trouvions encore de l'intérêt aux bouquets de fleurs de la peinture hollandaise, alors que nous ignorons (sauf si nous faisons des études spécia­lisées sur la question) leur symbolisme, ou à une tragédie de Racine alors que son langage nous est devenu aussi étranger que les sentiments qui agitent ses personnages ? La seule réponse semble être de considérer que la forme de ces oeuvres est de nature à recevoir des significations autres que celles qu'y trouvaient leurs contemporains : les oeuvres de Racine ne sont plus comprises de nos jours (cf. les interprétations différentes d'un Lucien Goldmann ou d'un Roland Barthes) comme on les lisait au Mi' siècle, et l'on peut alors admettre que c'est le travail qui s'y trouve accompli sur le