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Le beau peut-il être utile ?

Publié le 23/01/2004

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Heureusement que les scientifiques n'ont pas suivi le goût de Goethe pour les grands espaces. * Faut-il en conclure comme Théophile Gautier qu' « Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c'est l'expression de quelque besoin, et ceux de l'homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infirme nature. » ( Préface de Mademoiselle de Maupin). Ou le beau est-il pas destiné à une fin supérieure ? 2-Le beau est au service des intérêts de l'âme. * Dire que le beau n'est pas utile pour satisfaire des intérêts communs, c'est lui attribuer un pouvoir de détachement. Lorsque nous faisons une expérience forte de la beauté, nous sommes l'objet d'un ravissement qui nous transporte dans un monde idéal. Là nous sommes éveillés à une idée de perfection qui reflète notre propre nature. C'est une telle expérience que Platon met en scène dans le Phèdre. Pour Platon, au contact de la beauté, l'âme voit des ailes lui pousser.
Analyse : Etymologiquement, le terme « beau « renvoie au latin bellus et bonus. Cette association entre le beau et le bon se retrouve dans des expressions courantes comme « bel et bien «. Elle est également présente dans la tradition philosophique. Socrate qualifie, dans l’Hippias majeur, de « belle « une cuiller de figuier plus apte à tourner la soupe qu’une cuiller d’or. Dans la Critique de la faculté de juger, Kant désigne par la notion de beauté adhérente celle qui correspond à une fin bonne. Un beau cheval de course est celui dont on admire la fine musculature et l’aptitude à gagner des courses. Le beau est donc utile au sens où il est une puissance capable de viser une fin bonne. Néanmoins deux caractéristiques du beau remettent en cause l’identification du beau au bon : son hétérogénéité et sa singularité. Devant la diversité des belles choses, il semble difficile de regrouper tout ce qui est qualifié de « beau « sous le même concept d’utilité. Peut-on parler d’une utilité identique pour de beaux couverts ou un beau meuble et une fugue de Bach? Davantage, la vraie beauté rayonne par son originalité et sa singularité. Cela lui donne le privilège de capter toute notre attention et parfois d’emporter notre dévotion à tel point que nous sommes prêts à faire de grands sacrifices pour se l’approprier et d’exiger des autres qu’ils partagent notre enthousiasme. On reconnaît dans la dévotion sacrificielle et l’ouverture à l’universalité un enjeu spirituel. Mais peut-on encore parler « d’utilité « ? Problématique : Pourquoi le beau ne peut-être utile au sens où il permet de satisfaire des intérêts communs ? Mais le beau n’a-t-il pas le privilège de satisfaire les intérêts supérieurs de l’esprit ? Or ne faut-il pas dépasser le beau canonique en intégrant ce qui lui est opposé pour vraiment réaliser une dimension spirituelle ?

« est extérieur, alors que l'accès au spirituel passe par la conformité à cette règle : appauvrir l'extérieur, c'est enrichir l'intérieur. • On trouve, dans l' Esthétique de Hegel, une expression philosophique de cette règle par l' analyse de l'art romantique.

Pour Hegel l'art romantique succède au beau idéal de l'art classique de la Grèce et achève le développement de l'idée du beau.

Cet art, qui regroupe la totalité de l'art médiéval et modernedepuis les origines du christianisme, comprend que les intérêts de l'esprit ne peuvent être réalisés que si le beau implique, intègre ce qui lui est opposé : lemal, la mort, le grotesque, le laid.• Ce rapport entre le beau et le spirituel a été magistralement exprimé par Baudelaire.

Que serait les fleurs du mal sans le spleen ? Et pourtant quelle force spirituelle déployée dans ces vers : « Car c'est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage Que nous puissions donner de notre dignité Que cet ardent sanglot qui roule d'âge en âge Et vient mourir au bord de votre éternité ! » ( Les Phares ). Conclusion : • Le beau est inutile pour satisfaire les intérêts communs de l'homme.

On ne peut trouver en lui des moyens pour combler nos besoins matériels, énoncerdes règles de moralité ou découvrir des lois scientifiques.

Néanmoins, cela n'implique pas qu'il exclut tout intérêt.

Mais il ne peut satisfaire pleinement lesintérêts de l'esprit qu'en renonçant au beau idéal, canonique et académique et en intégrant le mal et le laid. CITATIONS: « La vraie voie de l'amour, [...] c'est de partir des beautés sensibles et de monter sans cesse vers cette beauté surnaturelle en passant comme paréchelons d'un beau corps à deux, de deux à tous, puis des beaux corps aux belles actions, puis des belles actions aux belles sciences, pour aboutir dessciences à cette science qui n'est autre chose que la science de la beauté absolue.

» Platon, Le Banquet, Ne s.

av.

J.-C. « Le goût est la faculté de juger d'un objet ou d'une représentation par une satisfaction dégagée de tout intérêt.

On appelle beau l'objet d'une semblablesatisfaction.

» Kant, Critique de la faculté de juger, 1790. « Est beau ce qui plaît universellement sans concept.

» Kant, Critique de la faculté de juger, 1790. « Le beau est ce qui est représenté, sans concept, comme l'objet d'une satisfaction universelle.

» Kant, Critique de la faculté de juger, 1790. « Le beau se définit [...] comme la manifestation sensible de l'idée.

» Hegel, Esthétique, 1832 (posth.). »

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