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Le courage est-il de l'inconscience ?

Publié le 23/05/2009

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Le courage fait partie des vertus et le terme est laudatif. Nous encensons en effet les personnes courageuses au profit des lâches. Le courage se définit par une force d'âme qui se manifestent dans des situations difficiles obligeant à une décision, un choix, ou devant le danger, la souffrance. Il est donc intimement lié à des situations périlleuses ou malheureuses. Il semble bien qu’il n’y ait pas de question de courage dans une vie douce et heureuse. Le courageux brave donc les tempêtes et les dangers. Mais il est question aussi de fermeté, c’est-à-dire que la personne courageuse continue à appliquer les principes qu’elle conçoit comme bons même dans le malheur. Ainsi, par exemple, même si le lâche conçoit que le bien est de secourir une femme victime d’une agression, devant le fait, il n’osera pas intervenir de peur pour sa vie. Le courageux, lui, agira en conformité avec ses principes et volera au secours de la victime. L’inconscience est l’addition du suffixe négatif –in et du radical conscience. Le terme désigne donc celui qui est privé de la conscience. Mais il ne faut pas confondre l’inconscience de l’inconscient. L’inconscient est un terme inventé par Freud qui désigne une instance psychique séparée de la conscience et fonctionnant selon ses propres règles. L’inconscience renvoie plutôt à ce qui n’est pas présent dans la conscience mais qui peut le devenir. Ainsi l'un des sens de l'inconscience peut renvoyer à ce qui n'est que peu ou pas capable de revenir sur lui-même. Un "inconscient" est un esprit irréfléchi qui ne se rend pas compte de ce qu'il fait ou même seulement qui ne sait pas juger. Ainsi l'inconscience définit un manque de conscience réfléchie. Dans la langue courante, ce mot s'applique à l'ignorance de faits extérieurs. Être inconscient du danger, c'est ne pas connaître les risques de telle ou telle action. Postuler que le courageux fait preuve d’inconscience, c’est dire que quand il entreprend son action, il ne connaît pas les risques qu’il encourt et les conséquences de ses actes. Cela nous choque. La définition même du courage semble prend un compte cette réaction face à un danger reconnu. Il y aurait donc forcément une conséquence des enjeux. Cependant, on peut se demander si dans l’acte courageux, il n’y a pas une part d’irréflexion. Ne court-on pas sauver quelqu’un sans véritablement réfléchir par exemple aux moyens à employer ? De plus, si les personnes comprenaient réellement le péril qui les menace, accompliraient-elles véritablement leurs actes ? 

« l'humanité.L'homme courageux ne peut donc pas faire preuve d'inconscience puisqu'il doit savoir exactement ce qui est bien etce qu'il doit faire dans l'acte.De fait, dans la tradition philosophique, le courage est fortement lié à la sagesse et au savoir.

Déjà Platon avaitessayé de le classer du côté des savoirs.Mais c'est Saint-Thomas d'Aquin qui entérine définitivement le courage du côté de la sagesse.

Pour lui, le courageest une force d'âme qui pousse à conquérir tout ce qui a trait au souverain Bien.

De fait, c'est l'intelligence qui estprioritaire.

II Le courage demande une part d'inconscience 1.

Le courage demande une spontanéité absente de la réflexion Mais à trop tiré le courage du côté de l'intelligence et de la sagesse, on lui enlève tout rapport au risque.

En effet,si le courageux a analysé exactement la situation, qu'il sait ce qu'il doit faire en vue du Bien, il n'y aura plus chezque l'exécution d'un plan en toute indifférence.Le courage est plutôt lié à une certaine émotion, à un certain sentiment d'un homme qui prend spontanément unedécision.

L'homme courageux doit être mû par le sentiment universel et inné tel que le voit Rousseau, c'est-à-dire lapitié.

Il se jette dans l'action parce que la nécessité de l'action s'impose à lui et qu'il ne peut faire autrement.

Il fautprendre en compte de plus que le courage dans sa formation étymologique, vient du cœur et donc du sentiment.D'ailleurs Descartes, dans les passions de l'âme , lie plus le courage à une passion qu'à une réflexion.

Il écrit ainsi que « le courage, lorsque c'est une passion et non point une habitude est une certaine chaleur ou agitation qui disposel'âme à se porter puissamment à l'exécution des choses qu'elle veut faire.

»De plus, on peut se demander si un homme voyant clairement la mort qu'il risque dans une situation donnée, auraitla capacité d'effectuer son acte.

Ne serait-il pas plutôt tétanisé ? D'ailleurs dans Ethique à Nicomaque , Aristote reconnaît qu'il n'y a pas de délibération et de jugement possible dans une situation désespérée.

La raison est miseen jeu par le débordement d'émotions et de peurs.

Il faut alors admettre que l'homme courageux n'a pas pleinementconscience de sa possible fin.

Il pense bien plutôt à ce qu'il doit faire, son corps et ses pensées sont tendus vers lebut à accomplir.

Il faut voir par exemple que les tactiques militaires essaient de rappeler aux soldats sans cessel'objectif pour qu'ils ne se focalisent pas sur la mort possible.Descartes affirme aussi que pour faire preuve de courage, il est nécessaire même dans les situations désespérésd'espérer.

Il écrit toujours dans Les passions de l'âme : « c'est dans les affaires les plus dangereuses et les plus désespérées qu'on emploie le plus de hardiesse et de courage, il est besoin néanmoins qu'on espère ou même qu'onsoit assuré que la fin qu'on se propose réussira, pour s'opposer avec vigueur aux difficultés qu'on rencontre.

» Il y adonc toujours dans le courage un espoir même fou qui est liée à l'inconscience, à l'ignorance de tous les dangers dela situation.On peut même se dire qu'un homme dont l'action réussie face aux risques est courageux alors que s'il y échoue, ilest dit inconscient.

Le courage et l'inconscience serait intimement lié.

2.

Le courage n'a pas le temps de réfléchir Il y a dans le courage une part nécessaire d'irréflexion.

L'inconscience désigne ainsi cette irréflexion de l'homme quin'a pas passé au crible tous les tenants et aboutissants de la situation.

Mais généralement, la situation qui demandedu courage attend une réponde immédiate.

L'individu n'a pas le temps de réfléchir à tout et il doit faire un choix trèsvite.

S'il avait le temps de réfléchir et d'utiliser sa sagesse, alors cela ne relèverait plus du courage mais d'unestratégie, d'un art tactique.

On ne dirait plus « regardez cet homme, il est courageux » mais « regardez cet homme,c'est un grand stratège avec un grand savoir faire.

» Le courage désigne donc un acte spontané d'un homme qui n'apas le temps de réfléchir.

Il doit juste choisir très vite.

Quand quelqu'un se noie, si l'homme sur le bord de la falaiseessaie de soupeser les moyens, les fins de son action, quand il se met à agir le nageur s'est déjà noyé.Un neurobiologue actuel, Francisco Varela, met en avant le fait que la plupart de nos actions sont spontanées,c'est-à-dire qu'elles sont des réponses immédiates à des situations précises.

La réflexion rationnelle précédantl'action, tant valorisée par les philosophes, est en réalité très peu présente dans nos vies.

Surtout parce que nousn'avons pas le temps de l'entreprendre.

Si je suis en voiture et que je vois un enfant traversé, je n'ai pas le tempsde réfléchir, soit je tourne pour terminer dans le fossé, soit je freine, soit je l'écrase.

Mais la décision se fait dansl'immédiat, dans des millièmes de seconde. 3.

Le courage est un acte de volonté et non d'intelligence Jankélévitch en étudiant le courage, le détache complètement du savoir.

Le courage n'est pas un savoir mais une décision, non une opinion mais un acte.

C'est pourquoi la raison ne suffit pas : « Le raisonnement nous dit ce qu'ilfaut faire, s'il faut le faire, mais il ne nous dit pas qu'il faille le faire; et encore moins fait-il lui-même ce qu'il dit ». En réfléchissant avec Descartes, on peut donc affirmer contre Saint-Thomas d'Aquin, que le courage est un acte qui atrait plutôt à la volonté qu'à l'intellect.

Pour le philosophe français, c'est l'intellect qui présente des choses plus oumoins claires à la volonté et c'est cette dernière qui accepte ou refuse les idées de l'intellect.

L'erreur peut survenirquand la volonté accepte trop vite les idées que l'intelligence n'a pas eu le temps de véritablement réfléchir.

Onpeut donc se dire que le courage est une question de volonté, de choix intervenant dans un temps bref.

Il peutdonc se tromper et amener l'individu à sa perte ou réussir.

Mais dans les deux cas, ce n'est pas une conscienceclaire des choses qui dirige l'action mais la volonté.. »

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