Devoir de Philosophie

Le journaliste peut-il décider qu'un évènement est historique?

Publié le 20/01/2005

Extrait du document

Après la Révolution de 89, rien ne sera jamais plus comme avant en France. Mais peut-on jamais dire "jamais" en histoire ? La royauté est certes historiquement dépassée, obsolète de manière définitive et pourtant l'Espagne proche l'a réinstaurée. Il faut donc se pencher plus avant sur l'événement historique puisque: - certains d'entre eux marquent des grands passages, l'avènement d'ères qui secondent la constitution de l'homme comme être de l'histoire ; - et d'autres n'exhiberont leur importance que bien plus tard. Exemple : l'invention de la machine à vapeur s'avérera, à posteriori constituer un événement historique. Elle n'est pas vécue comme révolution par les gens de l'époque. Le journaliste fait l'événement Le rôle du journaliste est de rapporter les événements. Est événement tout ce qui constitue un changement ou une nouveauté dans l'actualité. Occupé à chasser l'information, le journaliste n'a donc pas le temps d'avoir une conscience historique. Il veut du neuf, sans se soucier si ce dont il parle est futile ou comptera vraiment.

« [Les journalistes n'ont pas assez de recul pour juger si un événement aura des conséquences historiques.

Le journaliste n'a pas ce qui est indispensable à l'historien: le recul.

Pris dans le tourbillon de l'actualité, il n'a pas assez de discernement pour reconnaître l'essentiel de l'accessoire.

L'histoire ne peut pas se faire sur le vif.] L'histoire a besoin de reculLa philosophie vient toujours trop tard.

En tant que pensée du monde, elle apparaît seulement lorsque laréalité a accompli et terminé son processus de formation», dit Hegel dans Principes de la philosophie du droit.On pourrait dire la même chose de l'histoire (d'autant que la philosophie de Hegel est avant tout unephilosophie de l'histoire).

L'historien a besoin de recul pour dire si un événement est historique ou pas.En effet, pour Hegel, l a philosophie de l'histoire montre que "la Raison gouverne le monde, et par conséquent gouverne et a gouverné l'histoire universelle." Tout est subordonné àcette raison et lui sert d'instrument ou de moyen.

Si les peuples et lesindividus recherchent d'abord leur bien propre dans leur incessanteactivité, ils sont — quoique à leur insu —, les instruments de la Raison.De toutes les actions humaines, il résulte quelque chose d'autre que cequ'ils ont conçu, projeté et accompli.

En réalisant leurs intérêtsimmédiats, ils servent les intérêts secrets de la Raison, dont on nepourra connaître le dessein final qu'une fois accomplie.

L'Esprit est un,mais se manifeste de multiples façons.

Un peuple, une époque, untemps, ne sont que des moments dans la formation de l'esprit :"L'histoire universelle est la manifestation de la marche graduelle parlaquelle l'Esprit connaît et réalise sa vérité." L'histoire est l'histoire desétapes de la connaissance de l'Esprit qui, en se manifestant, prendconscience de lui-même.

Chaque peuple dans l'histoire incarne ainsi unprincipe de l'Esprit : les contradictions et les oppositions ne sont doncqu'apparentes et transitoires, car elles visent à des unités plus hautes.Chaque peuple à un moment donné, avec son éthique, sa constitution,son art, sa religion, sa science, est une configuration déterminée dansla marche graduelle de l'Esprit dont le destin est de franchir tous lesdegrés, jusqu'à atteindre une totale transparence à lui-même. L'urgence ne favorise pas la réflexion Le journaliste couvre l'actualité.

Son rôle est de raconter, le plus précisément possible, et si possible en étantle premier, les événements importants de l'actualité.

Il travaille dans l'urgence, il n'a pas le temps de faire lesrecherches, les recoupements, les analyses que demande le travail de l'historien.

Il ne peut pas distinguer,dans ce qui se passe, l'essentiel de l'accessoire.L'actualité journalistique est pleine chaque jour de nouveautés ...

qui s'avéreront sans intérêt car sansconséquences.

Peut-être même s'agit-il de fausses nouveautés.

On les appelle "marronniers" dans le jargonjournalistique, quand elles reviennent chaque année.Tout changement, tout ce qui advient n'est pas pour autant évènement.

La saison venue, on ramasse les noixen Provence nous dit BRAUDEL, précisant qu'il ne s'agit pas d'un événement puisque siècle après siècle leshommes répètent ces mêmes gestes.D'où un premier critère : l'événement a lieu UNE FOIS.

CÉSAR ne franchit le RUBICON qu'une fois.Mais cette unicité n'épuise pas les caractéristiques de l'événement ou fait historique.

Il lui faut égalementrenvoyer à du CONTINGENT.

Comme il pouvait ne pas être, il n'y a pas en lui de nécessité qui nous auraitpermis de le prévoir, de le dessiner par avance grâce à notre science.Ce critère de la contingence doit lui même être complété par une nouvelle propriété : l'événement historiqueinaugure une nouvelle causalité ; il modifie l'avenir des hommes.

D'où un partage entre l'avant et l'après.Après la Révolution de 89, rien ne sera jamais plus comme avant en France.

Mais peut-on jamais dire "jamais"en histoire ? La royauté est certes historiquement dépassée, obsolète de manière définitive et pourtantl'Espagne proche l'a réinstaurée.Il faut donc se pencher plus avant sur l'événement historique puisque:- certains d'entre eux marquent des grands passages, l'avènement d'ères qui secondent la constitution del'homme comme être de l'histoire ;- et d'autres n'exhiberont leur importance que bien plus tard.Exemple : l'invention de la machine à vapeur s'avérera, à posteriori constituer un événement historique.Elle n'est pas vécue comme révolution par les gens de l'époque.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles