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Le juste et l'injuste ne sont-ils que des conventions ?

Publié le 05/04/2005

Extrait du document

  • L'analyse du sujet

Le juste et l'injuste : -> sens moral : référence aux valeurs, aux concepts, aux figures du juste et de son contraire. -> sens politique : référence à ce qui est juste par rapport aux lois. Conventions : contacts, pactes, accords

Ne sont-ils que : se réduisent-ils

  • Le juste et l'injuste ne sont-ils que desconventions humaines ? Ces valeurs suprêmes ne sont-elles que l'émanation d'un accord entre une majorité de personnes à un moment donné de l'histoire des hommes ? Ne s'agit-il pas, au contraire, de valeurs immuables et universelles ? Mais que seraient le juste et l'injuste sans pouvoir pour les faire respecter ? Nous verrons dans un premier temps que la justice est une et universelle , pour envisager dans une seconde partie le rapport entre la convention et la loi.
  • [Le juste et l'injuste sont le fruit d'une convention.]
  1. L'origine de la justice est une convention.
  2. La justice n'est donc pas naturelle. Elle résulte d'une institution, d'un contrat. C'est sur la loi qu'il faut s'appuyer pour la faire exister, et non sur la nature.
  3. Le seul fondement possible du juste et de l'injuste: le contrat.
  4. L'expérience infirme l'hypothèse d'une justice en soi ou droit naturel
  5. La relativité des règles de droit contredit l'idée de justice universelle

A. L'impossible universalité

B. Le relativisme et le conventionnalisme

  • [Le juste et l'injuste ne sauraient être conventionnels. Si la loi naturelle prend la forme de droits particuliers propres à divers peuples ou cultures, elle demeure ce droit idéal perçu en dehors de toutes les conventions particulières.]
  1. Le droit ne peut pas être simplement positif
  2. Il existe une loi vraie, une justice en soi
  3. La justice naturelle est juge du juste conventionnel

« Si un droit naturel existait, on trouverait des lois constantes et universelles dans les juridictions des différentspays.

Or, un simple regard, nous montre le contraire.

Ce qui est autorisé ici et défendu là-bas.

Le relativismejuridique est une évident.

Pascal dira: "Sur quoi [le souverain] la fondera-t-il, l'économie du monde qu'il veutgouverner ? Sera-ce sur le caprice de chaque particulier ? Quelle confusion ! Sera-ce sur la justice ? Il l'ignore.Certainement, s'il la connaissait, il n'aurait pas établi cette maxime, la plus générale de toutes celles qui sont parmiles hommes, que chacun suive les moeurs de son pays ; l'éclat de la véritable équité qui aurait assujetti tous lespeuples, et les législateurs n'auraient pas pris pour modèle, au lieu de cette justice constante, les fantaisies et lescaprices des Perses et Allemands.

On la verrait plantée par tous les États du monde et dans tous les temps, au lieuqu'on ne voit rien de juste ou d'injuste qui ne change de qualité en changeant de climat [...].Plaisante justice qu'une rivière borne ! Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà.De cette confusion arrive que l'un dit que l'essence de la justice est l'autorité du législateur, l'autre la commodité dusouverain, l'autre la coutume présente ; et c'est le plus sûr : rien, suivant la seule raison, n'est juste de soi ; toutbranle avec le temps.

La coutume fait toute l'équité, par cette seule raison qu'elle est reçue ; c'est le fondementmystique de son autorité.

Qui la ramène à son principe, l'anéantit." Ce texte de Pascal s'ouvre sur une question qui s'adresse à tout gouvernantd'un État : sur quel principe celui-ci doit-il fonder l'organisation (« l'économie») de la société qu'il veut gouverner ?S'agit-il de fonder le droit sur « le caprice de chaque particulier» ? Pascalrejette cette solution qui ne peut aboutir qu'à une confusion, celle qui résultedes désirs changeants et contradictoires de chacun, où nul gouvernement nepeut trouver sa cohérence.S'agit-il de le fonder sur l'idée de la justice et de régler les lois sur sesexigences ? Or, pour Pascal, les princes ignorent ce qu'est la justiceuniverselle, et c'est cette thèse qu'il va tenter de démontrer dans ce texte.S'ils connaissaient une telle justice, en effet, ils n'auraient pas établi cetterègle, « la plus générale de toutes celles qui sont parmi les hommes », quiconsiste à affirmer que « chacun suive les moeurs de son pays » et laconception de la justice que les traditions développent chacune en particulier.Descartes lui-même, dans le Discours de la méthode, reprendra à son compteune telle règle, lorsqu'il adoptera une « morale provisoire » pour accompagnerl'épreuve du doute : suivre les moeurs de son pays et les valeurs qu'ellesétablissent.Une telle règle, si communément admise, prouve que nul n'a pu déterminer lajustice universelle, celle qui se serait imposée à tous les peuples avecl'évidence de la vérité.

Si une telle vérité existait, elle aurait soumis tous les peuples, non par la contrainte qu'imposent les guerres, mais par la seule force de la reconnaissance « de la véritableéquité ».

Celle-ci se serait imposée d'elle-même, enracinée (« plantée ») dans le coeur des hommes et dans leursÉtats, en tout lieu et en tout temps.Or, l'histoire nous montre une « relativité » des conceptions du juste et de l'injuste qui parle d'elle-même.

Ce qui estjuste ici est considéré comme blâmable là et réciproquement.

Ce qui est le bien en France (au-deçà des Pyrénées)est une erreur ou un vice en Espagne (au-delà des Pyrénées).

Nous ne pouvons que nous moquer alors d'une justicequi « change de qualité en changeant de climat », justice qui doit être davantage objet de plaisanterie (« plaisantejustice ») que de respect.

Pascal ne se contente pas ici de dénoncer l'incapacité de la raison à déterminer les principes de la justiceauthentique et universelle.

Sur cette impuissance, nous dit-il, les hommes tirent des conclusions sur la nature de lajustice, contre lesquelles il s'oppose.

Les philosophes, en effet, au lieu de remettre en cause la relativité desconceptions du juste et de l'injuste, ne trouvent rien de mieux que d'essayer de la légitimer, ajoutant encore plus àla confusion.L'un, confondant la justice de Dieu et le pouvoir du souverain, affirmera que « l'essence de la justice est l'autoritédu législateur » et que c'est lui, qui du haut de l'arbitraire de son bon-vouloir, décide de ce qui doit être considérécomme juste ou injuste.

Tel autre affirmera que cette autorité repose sur « la commodité du souverain », sur ce quilui agrée et constitue son intérêt propre.

D'autres enfin soutiennent que la seule autorité de la justice provient de laforce de la coutume, le temps et l'usage ayant ainsi force de loi.

Cette forme de scepticisme moral repose sur l'idéeque la raison ne nous découvre aucune justice absolue.Or, ici, les philosophes établissent, selon Pascal, un faux lien causal et concluent abusivement, de l'impuissance dela raison à déterminer les critères de la justice universelle à sa relativité fondamentale.

C'est surtout la coutume quipousse les hommes à croire de telles choses : « la coutume fait toute l'équité », croit-on, et pour cette seule raisonqu'elle a été reçue par les Anciens.

Justification de fait et non de droit, et c'est là tout le fondement de sonautorité, à savoir l'usage, que Pascal appelle ironiquement « mystique » car il ne se laisse pas argumenter par desdiscours.De même que le mystique religieux ne peut discourir sur les expériences du divin qu'il éprouve, ceux qui font de lacoutume le principe de la justice ne peuvent discourir sur le fondement de cette conception car, en réalité, elle n'enpossède pas.

Le véritable fondement mystique de la justice est, pour Pascal, celui que nous révèlent les SaintesÉcritures de la Bible et, pour les élus, les lumières de la foi.

Or la raison humaine est incapable d'atteindre cettevérité qui concerne le coeur, non la raison ni la coutume.. »

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