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Le langage nous rend-il maîtres des choses ?

Publié le 25/01/2004

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Toute langue est un système de signes, « entités psychiques à double face » (signifiant et signifié), qui ne valent que par leur différence avec d'autres.L'un des aspects du signe sur lesquelles Saussure insiste le plus est le caractère intrinsèquement arbitraire (non naturel - à la différence du symbole - et non délibéré) du lien entre le signifiant et le signifié. Une fois fixé par la langue, toutefois, ce lien ne peut être modifié au gré des sujets parlants : comme beaucoup d'institutions sociales, la langue est avant tout tradition. Elle se modifie continuellement, mais conformément à ses lois propres, indépendamment de nos désirs. Aussi les linguistes sont-ils réservés quant à toute tentative de modification artificielle et autoritaire de la langue.La langue est-elle suffisamment logique ?Si la science de la langue insiste sur la mutabilité de cette dernière, le logicien ou l'homme de science, épris de précision et adoptant pour idéal l'univocité* du « langage » mathématique, peut avoir à l'opposé la tentation de normaliser la langue en fonction des exigences de la rigueur scientifique. Pour peu qu'on imagine que les pensées humaines peuvent être envisagées séparément de leur formulation discursive, et réduites à des combinaisons d'idées primitives indécomposables, on souscrira alors au projet de Leibniz, qui durant des décennies s'est efforcé de constituer un « alphabet des pensées humaines », dans l'espoir de désigner ensuite chacune de ces idées primitives par un symbole univoque (arithmétique, par exemple). Dès lors, il n'y aurait plus, pour penser et communiquer sans risque d'erreur, qu'à substituer aux discours proférés dans les langues historiquement transmises le calcul sur ces signes univoques.Artificielle, indépendante des diverses langues existantes, la langue logique parfaite aurait été aussi une langue universelle, mettant fin à tous les malentendus : « il dépend de nous de fixer les significations, au moins dans quelque langue savante, et d'en convenir pour détruire cette tour de Babel », écrit Leibniz dans ses Nouveaux Essais sur l'entendement humain (publiés en 1765).
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« l'homme ; il y faut un intermédiaire, cet appareil symbolique, qui a rendu possible la pensée.

Hors de la sphèrebiologique, la capacité symbolique est la capacité la plus spécifique de l'être humain.

» On comprend que le langagene nous rendra jamais maître des choses car nous en seront toujours éloigné , le langage est certes notre propriété,peut être la seule chose que nous possédons entièrement, mais le monde nous sera à jamais éloigné de notrepossession. 3) On n'est maître du langage et non des choses. Loin de constituer le sens, le sujet est lui-même institué par le langage.

Comme la société, l'homme est le produit dulangage plutôt qu'il n'en est l'inventeur.

On peut alors se demander si le primat du sujet, l'apologie de l'homme entant que conscience et moi, et tout l'« humanisme » moral et politique qui s'est greffé sur cette emphase de lasubjectivité, ne dessinent pas simplement une idéologie relativement récente et déjà décadente.

Les intentions deslocuteurs sont seulement des effets de surface par rapport au jeu profond du signifiant et du signifié dont lesdéplacements se situent dans la région anonyme de la langue.

Bien plus, pour une philosophie qui procède de laréduction de la parole et du sujet, le souci de la référence et du référent est plutôt ce qui masque une possibilitéfondamentale inhérente au langage, à savoir que le langage fonctionne pour lui-même comme jeu du signifiant et dusignifié.

Par là, le structuralisme se soustrait à la fascination positiviste des faits et au prestige du langage ordinairequi partage le même préjugé, pour se laisser instruire par les emplois les plus déréalisés du langage ; ce que lelangage ordinaire masque, la « littérature », depuis Rimbaud et Joyce, le révèle : à savoir que le langage est ununivers propre ; si le référent ne lui est pas essentiel, le signifiant l'est certainement.

Ainsi, l'accent se déplace dusouci de la référence identifiante, imposée par les sciences de la nature et par le langage ordinaire, vers le problèmede l'immanence du langage à lui-même sous l'empire du signifiant, suggéré par la littérature.

Mais ce n'est pasn'importe quelle littérature qui répond à la théorie : le roman qui concevrait la « fiction » comme une quasi-réalité,avec un quasi-référent, soumis à de quasi-descriptions, n'est pas son répondant ; ni non plus la poésie conçuecomme une révélation de dimensions cachées de la réalité ; ni en général un discours qui prétendrait délivrer un« message » et dire ce qui est.

Non, la littérature dont le structuralisme fait la théorie est un exercice du langagesur le langage, sans référence ni référent.

On reconnaît là l'influence de Nietzsche et de sa critique féroce de lagrammaire et de la syntaxe, où il discerne une forme déguisée du culte de la « morale » et, lointainement, unesubtile résurgence de la « théologie ».

La mort de Dieu, c'est la mort du discours « vrai » et des règles du « biendire ».

Alors, adieu à la référence ! Conclusion. Il est difficile de croire que nous puissions être maîtres du monde alors que ne nous sommes maître que du langage.Nommer les choses, permet en partie de les contrôler, de les classer, une parole peut être une action en elle-mêmemais à notre époque c'est bien plutôt le science qui nous rend comme « maître et possesseur de la nature » selon lemot de Descartes que le langage.

Le langage permet de nous reconnaître dans le monde et de ne pas s'y sentirétranger.. »

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