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Le moi est haissable

Publié le 10/03/2015

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Colle de philosophie n°2: « Le moi est haïssable ». Introduction : Si il existe une attitude assez fréquente qui a bien tendance à nous laisser perplexe, c'est de voir quelqu'un être l'objet de la haine, non pas des autres, mais bien de soi. C'est ce que Pascal justifie dans ses Pensées. Il écrivait nous citons : « Le moi est haïssable (...) - Point, car en agissant, comme nous faisons, obligeamment pour tout le monde, on n'a plus sujet de nous haïr. - Cela est vrai, si on ne haïssait dans le moi que le déplaisir qui nous en revient. Mais si je le hais parce qu'il est injuste, qu'il se fait le centre de tout, je le haïrai toujours » Dans son dialogue, il expose une objection à sa thèse, c'est à dire que le moi n'est pas haïssable car nous agissons avec respect vis-à-vis des autres. De ce fait, il n'y aurait pas matière à haïr. À quoi Pascal répond que ce n'est pas là la question, c'est-à-dire que le moi n'est pas haïssable en tant que l'autre ne nous respecterai pas. En fait, il est haïssable parce qu'il fait preuve d'injustice et qu'il est égocentrique. Le respect n'existe donc qu'en apparence. Ainsi, je dois le haïr même s'il paraît respectueux. Et c'est moi qui dois être pour moi-même l'objet de ma propre haine. En d'êtres mots, le moi a deux facultés: il est injuste en soi, car il se fait centre de tout; et il est difficile pour les autres, en ce qu'il les veut soumit: car nous pouvons dire que chaque « moi » est l'ennemi de tous les autres. Le moi serait alors une complète illusion de l'imaginaire, une sorte de passion qui abuserait l'autre et nous-mêmes. C'est de cette manière que l'amour-propre entraine les hommes à paraître plutôt qu'à être, et par exemple à rêver leur vie plutôt qu'à la vivre. Cette sorte de « ? maladie de l'âme ? », se définie par la préférence à soi-même plutôt qu'à toute autre chose, et c'est un fléau qui n'épargne personne, même ceux qui prétendent user de la plus grande générosité. Or, s'il est vrai que le moi est haïssable, comment serait-il possible de le haïr, voire qu'il puisse même en avoir la simple idée puisque le moi est injuste et ne peut que s'aimer ? Dès lors, on peut se demander quel sens on peut donner à la thèse pascalienne selon laquelle « Le moi est haïssable ». On se demandera d'abord s'il suffit que le moi se dédouble pour qu'il puisse se haïr, puis si la haine du moi provient de la culpabilité qui appartient à l'homme ou à l'individu, et enfin si elle n'est pas plutôt dans le modèle du moi que le moi veut être qui l'amène à vouloir faire disparaître le moi qu'il est. I- Suffit-il que le moi se dédouble pour qu'il puisse se haïr? La haine est cette passion qui nous conduit à vouloir la destruction partielle ou totale de l'autre. Ainsi, par exemple dans la scène 2 de l'acte I de la pièce Lorenzaccio de Musset, on voit des commerçants manifester de la haine pour les soldats allemands et pour le tyran, le duc Alexandre. La haine représente alors un fait établi, une émotion forte répandue chez les hommes. De même, Michel Leiris dans son autobiographie L'âge d'homme explique sa détestation du christianisme qu'il qualifie de « l'emprise imbécile de la morale chrétienne ». Or, il ...