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Le moi est-il ce qui se cache ou ce qui se manifeste ?

Publié le 02/11/2005

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Transition : Malgré ces observations, nous disons « je » au quotidien, nous sommes certains d'être un moi déterminé. Notre moi est donc ce qui se manifeste, bien qu'il se manifeste sous un aspect énigmatique II ] Le moi est ce qui se manifeste : je suis, j'existe, j'en ai la certitude La théorie de l'inconscient freudienne n'est pas suffisante car chacun de nous dit « moi », il ne faut donc pas se réfugier derrière l'inconscient comme derrière une excuse à tous nos actes. Cf : « Il faut éviter [...] de croire que l'inconscient est un autre Moi ; un Moi qui a ses préjugés, ses passions et ses ruses; une sorte de mauvais ange, diabolique conseiller. Contre quoi il faut comprendre qu'il n'y a point de pensées en nous sinon par l'unique sujet, Je; cette remarque est d'ordre moral. » Alain, Éléments de philosophie, 1941 le soi, comme présence à soi, se manifeste à lui même, s'éprouve soi même. J'ia quotidiennement conscience d'être moi et pas un autre, je me ressens comme unique car ici, à cet endroit et à ce moment là, personne d'autre n'est à ma place que moi. Le moi se manifeste en moi de manière énigmatique et dans le monde de manière évidente. Cf : «L'autre n'est pas une simple duplication du moi parce qu'il ne coïncide jamais avec moi, parce qu'il est là-bas alors que je suis ici» Husserl Transition : Si vivre consiste à se manifester soi-même à soi, nous serions dans une tautologie au sein de laquelle le monde n'aurait pas sa place. Il faut considérer le moi, aussi énigmatique qu'il soit, comme le moyen par lequel nous percevons le monde.

Le soi n'est-il pas certain d'une seule chose, de son existence: le "je  suis, j'existe" de Descartes n'est-il pas le fondement? Mais si la vie correspond au soi s'éprouvant lui-même, comment concevoir le  verbe vivre, qui ne serait alors qu'une expérience de soi fermée sur soi ? Il nous faut distinguer l'existence et l'essence, et par là, voir que la  conscience de soi n'est pas connaissance de soi (ainsi que l'affirme Kant). D'ailleurs, c'est bien là le sens de la philosophie : se connaître soi-même.  Rappelons-nous ici l'injonction Socratique qui invite l'homme à se connaître  lui-même avant de chercher présomptueusement à connaître l'univers. Ne  sous-entend-il pas ici que l'homme est une énigme pour lui-même ? A la lumière de ces interrogations, nous pouvons explorer le sujet : le moi  est-il se qui se cache ou ce qui se manifeste ?

« Le soi, comme présence à soi, est l'essence de la manifestation, non pas qu'il se manifeste comme un objet maisparce que c'est ce trou de lumière qui permet l'apparition des objets. CF : « Quand je pénètre au plus intime de ce que j'appelle moi-même, c'est toujours pour tomber sur une perceptionparticulière ou sur une autre (...].

Je ne puis jamais arriver à me saisir moi-même sans une perception, et jamais jene puis observer autre chose que la perception.

» Hume, Traité de la nature humaine, 1740. J'ai conscience de moi à travers la perception que j'ai du monde, ces perceptions sont moi-même.

On peut allerjusqu'à supposer qu'il n'existe rien hors du moi puisque la seule chose que je puisse expérimenter, ce n'est pas lemonde en tant que monde mais le monde en tant que JE LE RESSENS comme monde. Merleau-Ponty dira: « Il ne faut donc pas se demander si nous percevonsvraiment le monde […] il faut dire au contraire : le monde est cela que nouspercevons » Merleau-Ponty reprend ici une interrogation centrale au problème de laperception, celle du rapport entre la perception du monde et sa réalité.

End'autres termes, le monde est-il tel que nous le percevons ou notreperception est-elle une reconstruction, voire une déformation du monde ? Eneffet, nous pouvons nous demander ce qui nous assure que le monde est bientel que nous le percevons.

Si percevoir implique une activité de l'esprit, il sepourrait bien que notre perception comme construction modifie le monde.Face à cette question qui parcourt l'histoire de la philosophie, Merleau-Pontyva opérer un renversement : se demander si nous percevons vraiment lemonde, c'est poser l'existence d'un monde en soi, indépendant de nous etface à ce dernier un sujet qui perçoit.

Or, c'est ce postulat que Merleau-Ponty va renverser : le monde est en fait « cela que nous percevons ».

C'estdonc à partir d'une redéfinition du monde que Merleau-Ponty va penser laperception.

En faisant de la perception un jugement, on oublie une dimensionessentielle de nous-mêmes à savoir notre corps.

Notre exploration du mondese fait d'abord par notre corps qui n'est pas dans le monde comme les chosesmais qui est « au monde », qui l'habite ; l'homme n'est pas un sujet face à unobjet qu'il juge, mais il est d'emblée plongé dans le monde.

Exister, pour nous ne consiste pas à être un simple sujet pensant mais à pouvoir sortir de nous-mêmes.

Tel est le sens premier de lanotion d'existence : « être hors de soi ».

En tant que tel, nous habitons un monde dans lequel nous nous savonsfinis (nous sommes mortels).

Percevoir, c'est d'abord faire l'épreuve de notre finitude, de notre « être-au-monde ».Mais le monde ne prend sens, n'existe que parce que nous l'habitons avec notre corps.

C'est par lui que l'espaceexiste, puisqu'il est ce que mon corps me donne comme toujours déjà-là dans l'expérience du monde.

Notreperception nous donne ainsi la dimension de notre « être-au-monde ».

La dimension sensible et les sensations secoordonnent entre elles pour nous donner le monde.

C'est pourquoi c'est une erreur de se demander si nouspercevons vraiment le monde puisqu'il n'y a de monde que par la perception qui est le jaillissement d'un sensimmanent aux choses et dans lequel s'oriente le vécu.

La perception est notre savoir primordial du réel. « Je suis une chose qui pense, [...] qui imagine aussi, et qui sent; [...] quoique les choses que je sens et quej'imagine ne soient peut-être rien du tout hors de moi "et en elles-mêmes".

» Descartes, Méditations métaphysiques,1641. Cf Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation. En supposant qu'un monde existe hors de nous, ce qui semble une thèse plus raisonnable, nous constatonsnéanmoins que le monde ne peut exister pour chaque individu qu'à travers son moi, et chaque individu perçoit lemonde différemment puisqu'il a un moi unique.

Le moi est donc ce qui permet au monde de se manifester en nous, etpar là, nous permet également d'être au monde et dans le monde. CF : « La conscience simple, mais empiriquement déterminée, de ma propre existence, prouve l'existence des objetsdans l'espace et hors de moi.

» Kant, Critique de la raison pure, 1781. Conclusion : Le moi est indéniablement une énigme pour lui-même.

Il est impossible de prendre du recul pour pouvoir s'auto-analyser, et nous constatons que se définir soi-même est une tâche impossible, ne serait-ce que parce que nouschangeons à chaque instant.

Néanmoins, il y a bien quelque chose qui se manifeste lorsque nous disons « je ».

Cen'est pas parce que nous ne connaissons pas notre moi que nous ne pouvons pas en avoir conscience.

Cetteconscience du moi permet d'ailleurs d'avoir conscience du monde dans lequel le moi existe.

Le moi se manifeste àl'individu qu'il désigne de façon énigmatique, mais ce n'est pas parce qu'il n'est pas connaissable qu'il n'existe pas.

Lemoi, pour l'individu, se manifeste en se cachant, comme mystère.

En revanche, le moi est également ce qui permetau monde de se manifester.. »

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