LE NÉO-KANTISME
Publié le 25/03/2015
Extrait du document
Je m'engage dans une action, dans une aventure, dans une direction : s'engager c'est s'avancer.
Mais il y a souvent plus que cela :s'engager, c'est aussi «prendre un engagement«, «engager son honneur«.
C'est alors que la parole n'est pas seulement prononcée mais aussi «donnée«.
Lorsqu'un homme politique fait des promesses électorales, beaucoup de sceptiques répliquent qu'ils attendent de voir les actes : les paroles ne coûtent pas cher et n'engagent que ceux qui les entendent.
Si les paroles sont souvent accueillies avec réticence et sont considérées comme des engagements moins fermes que les actes, c'est qu'effectivement nous annonçons bien souvent des intentions que nous ne concrétisons pas.
De plus, le discours se situe toujours partiellement dans l'abstraction : nous faisons abstraction de bien des conditions concrètes, et nous parlons en un temps qui n'est pas encore celui du passage à l'acte ; l'heure de vérité n'a pas encore sonné.
L'interprétation qu'autrui fait de mes paroles peut m'entraîner dans des logiques tout à fait imprévues.
Il n'est pas nécessaire de faire des promesses pour être engagé : pour Sartre, l'engagement est le propre de l'existence en général ; nos paroles nous engagent au sens où elles participent au processus général par lequel nous construisons notre existence.
La quantité des paroles que nous échangeons quotidiennement ne permet pas d'y voir en permanence des engagements ; certaines se veulent légères, d'autres annoncent des intentions qui ne sont pas encore mûres.
«
B.
Néo-kantisme réaliste
Une tendance «réaliste» se dessine avec Alais Riehl (1844-1924),
dont la position
n'est pas moins paradoxale: adversaire affirmé de
toute métaphysique, il soutient cependant dans Le Criticisme phi
losophique ( 1876) que la chose en soi peut être appréhendée.
Son
ambition de constituer la philosophie en science le pousse à confé
rer une importance exclusive aux formes a priori de la connais
sance : les principes de l'entendement pur se retrouveront, selon
lui, directement dans certains principes des sciences de la nature.
Ce réalisme tend donc à estomper la différence kantienne entre la
pensée et le réel, et la science parvient, dans sa doctrine, à dépas
ser
le seul ordre des phénomènes où l'avait bornée Kant.
Il.
LE NÉO-KANTISME DE L'ÉCOLE
DE MARBOURG
A.
Hermann Cohen
En 1871, Hermann Cohen, le fondateur de !'École de Marbourg,
publie
La Théorie kantienne de l'expérience.
Sa lecture de Kant,
qui fera date, s'oppose vivement aux interprétations qui tendent à
réduire
l'a priori kantien à des cadres innés, bref, le logique au psy
chologique.
Dans la Préface de cet ouvrage, Cohen annonce son
ambition : fonder
à nouveau la doctrine kantienne de l'a priori.
Pour ce faire,
il relit la Critique de la raison pure en accordant un
primat exclusif à
la« Logique transcendantale».
Plus tard, en 1902.
dans
La Logique de la connaissance pure, il décidera d'amputer
définitivement
le système de la première Critique de son « Esthé
tique transcendantale».
Quel est le sens de cette réforme
? Cohen
entend démontrer que la Critique de
la raison pure est d'abord une
théorie de la connaissance scientifique de la
nature: c'est avant tout
la portée épistémologique de
!' œuvre de Kant qui retient son atten
tion.
Or, ce qui rend possible chez Kant la scientificité (notamment
la doctrine de l'entendement pur) est
à son tour rendu possible, chez
Cohen, par la science elle-même.
C'est dans la méthode des
sciences que l'a priori apparaît: celui-ci est une hypothèse néces
saire pour rendre compte de l'existence et de la réussite des
sciences.
L'a priori de Cohen est donc la condition de possibilité
de l'expérience (celle qui est réalisée dans la connaissance scienti-
Les héritiers de Kant • 77.
»
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