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Le rôle de l'historien est-il de juger ?

Publié le 05/11/2005

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L'historien est là pour reconstituer les faits passés et de nous donner les éléments pour condamner ce qui s'est passé. Le rôle de juge qu'endosse l'historien est une des garanties qui fait qu'on peut apprendre quelque chose du passé : il est alors le garant d'une certaine moralité du passé, ou au contraire d'une immoralité du passé qui tend à le faire condamner (et donc, a fortiori, à le prévenir dans le futur)               II-                L'impératif d'objectivité et de distanciation   ·         Cependant, dans cette perspective, si c'est l'historien qui est proprement le juge du passé alors il n'y a certainement aucune objectivité possible. Et qui dit manque d'objectivité, dit manque d'impartialité. Or le propre même du juge est de rester impartial, de pas trancher avant d'avoir tous les éléments, ne pas constituer un dossier à charge. Le rôle de l'historien est bien plutôt celui de l'enquêteur, bien moins que celui du juge (celui qui reçoit le rapport de l'historien exerce, en droit, la véritable fonction de juge). On retrouve ici l'étymologie : synonyme d'information, d'enquête. ·         On peut ainsi prendre l'exemple de Thucydide, avec L'histoire de la guerre du Péloponnèse, qui réalise un véritable effort pour dégager un principe d'intelligibilité de part son souci d'exactitude et de documentation approfondie. Il vise une « histoire authentique », observe une approche critique envers les apparences en vue d'être le plus objectif qu'on puisse l'être dans le domaine des sciences humaines. ·         Le rôle de l'historien est donc bien moins de se faire juge que de présenter un dossier détailler afin que l'on puisse, à partir de là, juger de la valeur de tel ou tel fait historique par nous-même. ·         Le rôle de l'historien se précise par rapport au statut de la discipline elle-même.

Angles d’analyse Le problème de l’histoire constitue un problème philosophique car il concerne le statut même du passé, et il engage la destination de l’humanité. La question centrale pour l’historien réfléchissant sur son activité et faisant œuvre ainsi d’épistémologue est en effet celle de l’objectivité de la connaissance qu’il donne du passé : il faut entendre par là non seulement l’impartialité du récit historique, mais sa conformité aux événements eux-mêmes. Mais l’histoire a affaire à des hommes et donc à des comportements porteurs de sens, d’intentions souvent obscures et cachées qu’il convient de déchiffrer. La subjectivité de l’historien semble ainsi inclut comme méthode d’approche de son objet. Il ne peut pour autant pas s’agir de n’importe quelle subjectivité. C’est donc à partir de la question de la subjectivité de l’historien que se pose la question de son rôle par rapport à sa discipline (qui engage a fortiori notre propre rapport par rapport à cette même discipline) La fonction de l’historien est-elle de classer les événements en fonction de leur valeur morale ? C’est donc, en creux, la question de la réalité de ce qu’on appelle « sens de l’histoire « qui est aussi en question. On met ici en question la nature de la discipline historique et ses prétentions à travers la question de la fonction de l’historien. Problématique L’historien doit-il, alors qu’il travaille sur les événements du passé,  juger de la valeur de certains faits, les comparer à d’autres ? Est-ce là la véritable fonction de l’écrivain ? Et en ce cas, qu’est-on en droit d’attendre de sa discipline ? la question de la subjectivité et de l’objectivité de l’historien est donc au cœur de la question. Peut-on faire de l’histoire, et doit-on, sans apporter le moindre jugement ? Dans cette perspective, que pouvons-nous espérer apprendre de l’histoire ?

« l'historien est donc bien de juger de la valeur de tel ou tel événement et de les fairecorrespondre entre eux selon une échelle de plus ou moins grande importance. · De la même manière, le rôle de l'historien est aussi d'être juge mais dans un tout autre sens : prenons l'exemple de l'holocauste.

L'historien est là pour reconstituer les faits passéset de nous donner les éléments pour condamner ce qui s'est passé.

Le rôle de jugequ'endosse l'historien est une des garanties qui fait qu'on peut apprendre quelque chose dupassé : il est alors le garant d'une certaine moralité du passé, ou au contraire d'uneimmoralité du passé qui tend à le faire condamner (et donc, a fortiori, à le prévenir dans lefutur) II- L'impératif d'objectivité et de distanciation · Cependant, dans cette perspective, si c'est l'historien qui est proprement le juge du passé alors il n'y a certainement aucune objectivité possible.

Et qui dit manque d'objectivité,dit manque d'impartialité.

Or le propre même du juge est de rester impartial, de pas trancheravant d'avoir tous les éléments, ne pas constituer un dossier à charge.

Le rôle de l'historienest bien plutôt celui de l'enquêteur, bien moins que celui du juge (celui qui reçoit le rapportde l'historien exerce, en droit, la véritable fonction de juge).

On retrouve ici l'étymologie :synonyme d'information, d'enquête. · On peut ainsi prendre l'exemple de Thucydide, avec L'histoire de la guerre du Péloponnèse, qui réalise un véritable effort pour dégager un principe d'intelligibilité de part son souci d'exactitude et de documentation approfondie.

Il vise une « histoire authentique »,observe une approche critique envers les apparences en vue d'être le plus objectif qu'onpuisse l'être dans le domaine des sciences humaines. · Le rôle de l'historien est donc bien moins de se faire juge que de présenter un dossier détailler afin que l'on puisse, à partir de là, juger de la valeur de tel ou tel fait historique parnous-même. · Le rôle de l'historien se précise par rapport au statut de la discipline elle-même. L'historien ne connaît le passé que par des traces ; il lit les textes écrits à l'époque qu'ilétudie, il répertorie et analyse ce qu'il reste du passé, monuments, oeuvres d'art ou objetsd'usage courant.

L'historien reconstruit le passé pour le rendre intelligible, mais il ne le faitpas à sa fantaisie : il réalise une adéquation entre ses documents et ses hypothèses.

Lavérité historique résidera donc surtout dans la cohérence et dans la force explicative del'interprétation.

Il est l'interprète du passé, il nous offre les clés nécessaires à ce qu'onpuisse, a posteriori, juger le passé. III- Penser l'histoire · L'historien n'est donc un juge que dans la mesure où il doit faire le tri dans les informations qu'il a du passé.

Mais le jugement de la valeur des événements doit rester uneactivité en amont de la recherche historique.

Et c'est comme ça que l'histoire peut nous« apprendre » quelque chose à proprement parler. · Lorsqu'il lit les Mémoires de Saint-Simon, l'historien apprécie les descriptions précises que fournit cet ouvrage sur la cour de Louis XIV.

Mais il ne doit pas oublier que ce livreexprime aussi les préjugés et les opinions d'un courtisan quelque peu aigri.

Pour être objectif,l'historien ne doit donc pas être naïf face à ses sources (et c'est dans cette perspectiveseulement qu'il peut être juge, ce qui correspond à ce que nous appelions précédemment la« sympathie ») Il ne doit pas non plus être de mauvaise foi et omettre sciemment lestémoignages qui ne confortent pas ses analyses. · Si l'historien sympathise avec une époque, il adoptera le regard que cette époque porte sur elle-même (on ne peut être à la fois juge et parties).

Mais il doit tout autant se placer àune distance raisonnable de l'époque étudiée, réunir patiemment les faits pour ensuitedécouvrir leur enchaînement.

L'historien détermine les raisons d'un événement, il isole, ausein de la succession, des relations de consécutions.

Le sens de l'histoire émerge d'unelongue enquête qui met en évidence le réseau des causes et des conséquences. Conclusion ® Le rôle de l'historien ne peut pas être à proprement parler celui du juge, il nous donne bien plutôt, par sonenquête, les éléments nécessaires pour nous permettre de juger, le plus impartialement possible, les faits passés.® Il n'est juge que dans la mesure où il se fait interprète des traces que nous ont laissées nos ancêtres.

Il doit fairela part de chose entre les préjugés et la réalité des faits.

L'historien est donc une subjectivité qui se veut la plusobjective possible.® L'histoire nous apprend quelque chose précisément parce que le rôle de l'historien n'est pas d'être juge, ceci estnotre rôle.

L'historien constitue le dossier, il est le détective, l'enquêteur.® Pourtant, on ne peut que rester lucide sur notre capacité à découvrir un sens au passé : il faudrait se contenterde ce que Ricoeur appelle la « bonne subjectivité ».

( Histoire et Vérité ). »

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