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Le sentiment esthétique

Publié le 05/01/2020

Extrait du document

on peut se trouver devant la difficulté du relativisme, qui, parce que le jugement esthétique est subjectif, l'assimile à l'arbitraire, aucune opinion dans ce domaine ne pouvant alors se prétendre plus légitime qu'une autre. La juxtaposition d'appréciations diverses et indifférentes en découle. Nous verrons comment Kant ou Platon nous invitent à penser qu'il y a dans l'expérience du beau autre chose que l'expression d'une aussi vaine liberté.

 

Cette difficulté n'est qu'apparente si, comme Hegel nous invite à le penser, nous considérons qu'il y a, au fondement du sentiment esthétique, une réalité objective. Le beau artistique opposé au beau naturel est porteur d'un contenu spirituel que la nature ne saurait recéler. C'est pourquoi, critiquant l'attention exclusive portée aux conditions subjectives de la reconnaissance du beau, Hegel envisage la question de la formation du goût. L'art s'adresse au sensible, et des raisons objectives de ressentir et de juger peuvent apparaître à la faveur d'une culture qui peut du moins éclairer certaines conditions du jugement de goût. Mais l'esthétique philosophique demande davantage : l'art n'est décidément pas qu'une affaire de goût et, au-delà du sensible, il faut comprendre le sens des œuvres d'art.

Le sentiment esthétique est le fait d'éprouver un plaisir particulier : en ce qu'il ne se rattache à aucun avantage présent ou futur pour le sujet qui l'éprouve, il est désintéressé. Difficile à cerner, matière à controverse, il est un défi à l'explication rationnelle. C'est d'ailleurs sous le signe de l'irrationalité qu'il est mis en avant par Platon, sous la forme de l'enthousiasme, c'est-à-dire, au sens premier, d'une révélation qui ne passe pas par la raison mais qui est l'œuvre d'un dieu. L'enthousiasme suscité par l'œuvre d'art étant véritablement conçu comme une inspiration divine, le sujet s'y efface devant un ordre de réalité supérieur. Cependant, s'il y a vraiment ravissement par un dieu, ce n'est pas en tant que théologien que Platon recourt à cette explication. La notion d'enthousiasme souligne en même temps qu'elle essaie de la surmonter la difficulté de penser l'action propre de l'œuvre d'art, alors que l'on ne peut éviter de la constater.

 

C'est au contraire à l'intérieur du sujet pensant lui-même que Kant trouvera de quoi rendre compte de cette expérience : c'est lui, si l'on excepte son prédécesseur, Baumgarten, qui fondera l'esthétique proprement dite. Toutefois, le sens généralement accordé à ce terme aujourd'hui est quelque peu différent de celui dans lequel l'entend Kant. Par esthétique on désigne une réflexion sur l'art, ou, dans un emploi encore plus courant mais peu précis, l'esthétique désigne la beauté d'un objet quelconque. L'esthétique, qui vient du grec aisthésis, qui signifie sensation, désigne pour Kant l'étude du sentiment du beau et du jugement d'appréciation relatif au beau. Cette étude est donc tout entière centrée sur le sujet qui l'éprouve et le jeu de ses facultés. D'un autre côté, le sentiment du beau peut très bien exister devant le spectacle de la nature. Il faut alors se demander si le sentiment de la beauté inspiré par la nature est identique à celui que suscitent les œuvres d'art.

 

D'autre part, si l'on s'en tient à l'idée que la subjectivité est la seule voie vers la beauté et qu'en tout état de cause elle est le seul guide dans l'appréciation d'une œuvre d'art,

« on peut se trouver devant la difficulté du relativisme, qui, parce que le jugement esthétique est subjectif, l'assimile à l'arbitraire, aucune opinion dans ce domaine ne pouvant alors se prétendre plus légitime qu'une autre.

La juxtaposition d'appréciations diverses et indifférentes en découle.

Nous verrons comment Kant ou Platon nous invitent à penser qu'il y a dans l'expérience du beau autre chose que l'expression d'une aussi vaine liberté.

Cette difficulté n'est qu'apparente si, comme Hegel nous invite à le penser, nous considérons qu'il y a, au fondement du sentiment esthétique, une réalité objective.

Le beau artis­ tique opposé au beau naturel est porteur d'un contenu spi­ rituel que la nature ne saurait recéler.

C'est pourquoi, critiquant l'attention exclusive portée aux conditions subjectives de la reconnaissance du beau, Hegel envisage la question de la formation du goût.

L'art s'adresse au sensible, et des rai­ sons objectives de ressentir et de juger peuvent apparaître · à la faveur d'une culture qui peut du moins éclairer certaines conditions du jugement de goût.

Mais l'esthétique philo­ sophique demande davantage: l'art n'est décidément pas qu'une affaire de goût et, au-delà du sensible, il faut com­ prendre le sens des œuvres d'art.

- L"' enthousiasme PLATON (v.

427-v.

347 av.

J.-C.) Platon met en scène dans l'un de ses premiers dialogues, le per- .

sonnage d'ion, qui est un rhapsode 1, et celui de Socrate, le sage, qui essaie de faire comprendre à ce dernier quelle est la véritable signification de son art.

Il approfondit ici la comparaison entre la fas­ cination exercée par les poètes et les artistes et l'action de la pierre Magnétis, c'est-à-dire de l'aimant, avec son pouvoir d'attacher par une force mystérieuse.

Le rhapsode ne récite pas à proprement parler les œuvres des poètes, il se livre à des improvisations où la musique joue un grand rôle, il est à la fois acteur, chanteur, compositeur.

1.

« La fonction du rhapsode contemporain de Platon, récitant officiel d'Homère, était de rendre la poésie d'Homère accessible et émouvante plusieurs siècles après le moment probable de sa composition.» Monique Canto, Introduction à Ion, Garnier-Flammarion, p.

13.. »

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