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Le soleil se lèvera-t-il demain ?

Publié le 17/01/2004

Extrait du document

Ces deux circonstances forment le tout de la nécessité que nous attribuons à la matière. En dehors de la constante conjonction d'objets semblables et de l'inférence, qui en résulte, d'un objet à l'autre, nous n'avons aucune notion d'aucune nécessité ou connexion. »       Mais comment établir la vérité d'une proposition comme « le cours de la nature est uniforme », qui est, elle-même, une proposition générale, sinon par induction ? Il y a là un cercle vicieux ou une pétition de principe : le seul moyen de valider l'induction est de présupposer la valeur du raisonnement inductif. L'empirisme conduit au relativisme et au scepticisme car si les impressions sensibles varient d'un individu à l'autre, alors il n'y a pas plus d'erreur qu'il n'y a de vérité. On peut dire avec Protagoras que « l'homme est la mesure de toutes choses ». Les choses sont, pour chacun, telles qu'elles lui paraissent : ce dont il résulte qu'aucune connaissance ne peut prétendre à l'universalité, aucune qui serait vraie ne pourrait le demeurer. L'idéalisme transcendantal kantienne ou la réponse de Kant à HUME L'idéalisme transcendantal de Kant s'oppose aussi bien à l'empirisme qui affirme que toute connaissance vient de l'expérience qu'au rationalisme qui pose qu'on peut connaître en dehors de toute expérience. Si l'expérience est le point de départ de toute connaissance, elle ne nous donne jamais rien qui soit universel et nécessaire. Or connaître c'est utiliser des mots comme « nécessairement », « tous », « toujours » ou même « demain » qui ne dérivent pas de l'expérience même s'ils s'appliquent à elle.

« «Nous tenterions donc en vain d'en démontrer la fausseté.»Comment alors savons-nous que cette phrase est fausse, et que le soleil se lèvera bien demain? On ne peut secontenter ici de répondre : «parce qu'on le voit», étant donné qu'il s'agit d'un événement qui ne s'est pas encoreproduit et qui est donc «au-delà du témoignage actuel des sens».

Hume remarque alors que dans la science un seultype de connaissance dépasse précisément l'évidence de nos sens : c'est celle qui porte sur la relation de la causeà l'effet, et qui permet au chimiste d'établir ses lois.

La proposition «le soleil ne se lèvera pas demain» a donc lemême caractère que les lois de la science et ce sont bien elles qui sont visées par ce texte.Abandonnant cet exemple, Hume expose alors clairement la nature du problème en jeu: «il faut que nousrecherchions comment nous arrivons à la connaissance de la cause et de l'effet», c'est-à-dire comment nousétablissons cette liaison nécessaire qui transforme un phénomène en «cause» d'un autre phénomène qu'on appelle«effet».Pour Hume, la réponse tient en ces termes : la connaissance de cette relation naît de l'expérience uniquement etnon pas d'un raisonnement.

Or seuls les raisonnements peuvent nous livrer des résultats absolument nécessaires,comme en mathématiques, résultats qui n'ont pas besoin d'être confrontés à l'expérience et ne risquent pas de subirson démenti.

C'est pourquoi on doit dire que les raisonnements nous livrent des vérités a priori.

Si ce n'est pas leraisonnement qui établit la relation de la cause et de l'effet mais l'expérience sensible, qu'est-ce qui fonde alors lacertitude de l'invariabilité des lois physiques ?Pour Hume, cette certitude est en réalité fondée sur l'habitude.

Nous avons eu l'habitude d'observer un certainnombre de fois la conjonction de deux phénomènes quelconques et nous généralisons, sous l'effet de cettefréquence, cette conjonction que nous proclamons loi universelle et relation invariable de cause à effet. Ce à quoi s'oppose cet extrait: Cette conception très audacieuse cherche à démystifier les certitudes de la science dans ce qui constitue sonprincipe le plus essentiel : le principe de causalité.Celui-ci ne cacherait, en réalité, qu'une simple opinion, liée à l'habitude que nous avons de voir se produire laconjonction de deux phénomènes, sans que rien ne puisse garantir que cette conjonction se produira toujours.

C'estcontre ce texte et l'image qu'il donne de la science comme fragile édifice que Kant réagira dans sa philosophie.

Ilécrira que ce texte l'a fait sortir de son «sommeil dogmatique» et l'a poussé à chercher à «sauver la science» enmontrant que la nécessité des lois de la physique n'est pas réductible à une simple habitude.

Ce sera l'objectifpoursuivi par la Critique de la raison pure, texte dans lequel Kant tentera de poser le caractère universel etnécessaire des lois de la nature que la science nous décrit. A) L'empirisme et le scepticisme de David HUME L'empirisme affirme qu'il n'y a rien dans l'entendement qui n'ait été auparavant dans les sens, cad quel'expérience est la source de toutes nos connaissances.

Toutes nos idées ne sont jamais, comme dit Hume , que des « copies de nos impressions sensibles ».

Non seulement l'expérience est la source de nos idées mais encore elle explique l'association de ces idées entre elles, cad le fonctionnement de notre esprit.

Qu'il s'agissed'association par ressemblance (deux idées s'appellent l'une l'autre quand leurs objets ont été donnés denombreuses fois soit l'un à côté de l'autre, soit l'un après l'autre).

C'est toujours dans des expériencesantérieures et répétées que se trouve la raison de ces associations.

Une autre solution consiste à affirmer que toutes les connaissances de l'homme, y compris les principes de la raison dérivent de l'expérience. C'est ainsi que pour Locke , il n'existe ni connaissance ni principe inné.

Dans « Essai sur l'entendement humain », critiquant l'innéisme de Descartes , Locke avance la thèse de la « table rase » : l'esprit de l'être humain, avant toute expérience et éducation (celui du nouveau-né par exemple), est comme une tablette de cire, vierge de toute écriture.

Nosidées simples viennent de la sensation et de la réflexion.

Les idées complexes et enparticulier les catégories de substance, de mode et de relation sont le produit de lacombinaison des idées simples.

Pour Hume aussi les principes de la raison ne sont pas innésmais acquis par l'expérience. Comme philosophie générale, l'empirisme affirme avec Locke que nos idées ne sont pas, comme le pensait Descartes , innées, mais qu'elles proviennent de l'expérience.

On peut décomposer la philosophie empiriste de la connaissance en trois moments. 1.

L'origine des idées .

L'esprit, dit Locke , est d'abord une page blanche, une « table rase » (tabula rasa).

« Comment vient-il à recevoir des idées ? Par quels moyens en acquiert-il cette prodigieuse quantité que l'imagination de l'homme,toujours agissante et sans borne, lui présente avec une variété presque infinie ?D'où puise-t-il tous ces matériaux qui sont comme le fond de tous ses raisonnementset de toutes ses connaissances ? A cela je réponds d'un mot : de l'expérience.

C'estle fondement de toutes nos connaissances, c'est de là qu'elles tirent leur premièreorigine .

» (« Essais sur l'entendement humain »).

L'expérience est donc d'abord. »

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