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LE SUJET

Publié le 15/01/2012

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LE SUJET

 

Le sujet désigne un individu, un être réel par opposition à l’objet.  Dans la philosophie cartésienne il devient le « je «  (je pense, donc je suis) propre à la raison humaine qui en fait le fondement de l’ensemble de la connaissance, de la morale et du droit. Etre sujet, c’est se considérer comme libre et responsable, capable de rendre compte notamment par la connaissance, du monde et de soi-même.

 

Mais peut-on être sur que la raison est toujours en position de maîtrise ? La souveraineté classique du sujet est-elle certaine ?

 

Cette maîtrise supposée est mise en cause par un certain nombre de réflexions, qui tendent à montrer que le sujet est en fait soumis à des forces ou déterminations sur lesquelles il ne peut guère exercer de contrôle.

Au lieu d’être posé comme principe ou origine (de la connaissance et du sens), le sujet devient le produit de plusieurs facteurs :

-          Selon Marx, il est le produit des conditions sociales dans lesquelles il vit. De ce point de vue, le sujet n’a donc que l’illusion de son autonomie : ce qu’il pense, ce qu’il sait, ce qu’il aime, sont en fait dépendants de sa situation sociale (déterminisme social).

-          Selon Nietzsche, le sujet conscient tel que l’affirme Descartes, n’est rien de plus que le résultat d’une habitude grammaticale. Que le verbe penser ait besoin d’un sujet grammatical - je pense - ne prouve pas son existence.

-          Selon Freud, il existe des processus qui sont bien internes au sujet (l’inconscient) , mais qui ne parviennent pas à sa conscience. Il devient difficile de continuer à souligner la connaissance lucide qu’il peut avoir de lui-même.

Le sujet conscient serait donc le résultat d’une histoire à la fois sociale (Marx / déterminisme sociale), naturelle (Darwin / déterminisme naturaliste) et psychologique (Freud / déterminisme psychique).

 

LA CONSCIENCE

 

La conscience peut se définir comme la connaissance que l’homme a des ses pensées, des ses sentiments et de ses actes. On distingue :

-          La conscience immédiate ou spontanée par laquelle nous nous apercevons simplement de ce qui se passe en nous et en dehors de nous. C’est la conscience psychologique.  

-          La conscience réfléchie qui désigne le retour de notre esprit sur lui-même (la réflexion). Elle permet d’évaluer ou juger les faits. C’est la conscience morale.

Dans tous les cas, la conscience fait de l’homme un sujet capable de penser le monde qui l’entoure. La conscience est donc le propre de l’homme, si elle fait sa misère elle constitue aussi sa grandeur.

La conscience selon Descartes

Il entreprend de soumettre tout savoir, y compris le plus assuré, à l’épreuve du doute. L’unique certitude qui résiste au doute est « cogito ergo sum « (je pense, donc je suis). A partir de là, la conscience peut apparaître comme le fondement de toute connaissance. C’est elle, selon Descartes, qui nous fait connaître non seulement que nous existons mais encore qui nous sommes : c'est-à-dire une chose pensante. Pour Descartes, la conscience est au fondement de la connaissance et permet d’affirmer l’existence du sujet pensant.

 

L’INCONSCIENT

 

Le terme inconscient renvoie à deux  significations ou définitions :

-          Il désigne tout ce qui n’est pas conscient. Il est employé comme adjectif et qualifie un état ou une personne (blessé évanoui ; fou dangereux).

-          Il désigne une réalité psychique ayant un fonctionnement et des caractéristiques propres. Il est utilisé comme substantif pour désigner un sentiment, une pensée ou un esprit.

L’inconscient n’acquiert le statut de concept qu’avec Freud. C’est avec Freud que l’assimilation de la pensée et de la conscience est radicalement mise en question. La transparence du sujet à lui-même et l’idée de sa souveraineté sont contestées.

 

L’inconscient selon Freud 

C’est en soignant des malades hystériques que Freud forgera l’hypothèse de l’inconscient.

Il en décrira les mécanismes dans une première élaboration (1ère  topique) :

L’appareil psychique est constitué de 3 étages : l’inconscient, le préconscient et le conscient. Le préconscient est statique et se définit comme ce qui n’est pas conscient mais peut le devenir. Il forme avec le conscient le système « préconscient-conscient «. L’inconscient est définit comme obéissant à des lois de fonctionnement qui lui sont propres. Il est séparé du système « préconscient-conscient « par une force ou une résistance qui s’oppose à ce que son contenu devienne conscient. L’inconscient n’est pas du conscient latent comme le préconscient. Il est séparé de la conscience par la censure et correspond au refoulement.

Dans une deuxième topique, Freud décompose le psychisme en trois pôles ou instances : le ça, le moi et le surmoi.

Le ça : c’est le pôle pulsionnel inconscient gouverné par le principe de plaisir.

Le surmoi : lieu de l’intériorisation inconsciente des interdits sociaux et parentaux.

Le moi : partiellement conscient, cherche à satisfaire à la fois les exigences du ça et du surmoi tout en tenant compte du principe de réalité. Le moi apparaît ainsi comme le médiateur des intérêts opposés du ça et du surmoi.

Le moi est protégé par le refoulement (mécanisme rejetant) dans l’inconscient les représentations trop gênantes et par la résistance ou la censure empêchant le refoulé de revenir à la conscience

 

Les critiques de la théorie de l’inconscient.  

La découverte de l’inconscient remet en cause la souveraineté du sujet sur ses pensées, ses sentiments ou ses actes. C’est pourquoi des philosophes comme Alain ou Sartre ont cherché à en atténuer la portée (l’importance).

Alain va réduire l’inconscient à la partie animale et instinctive de l’homme. Pour lui, considérer l’inconscient comme une sorte d’animal qui habiterait chacun de nous constitue une faute. En effet, personne ne serait ainsi réellement responsable de ses actes et tous les crimes pourraient être mis sur le compte de l’inconscient de leurs auteurs.

Sartre s’inscrit aussi dans la ligne cartésienne. Comment le psychisme humain peut-il censurer ce qu’il ne connaît pas ? Pour Sartre, l’inconscient n’existe pas. Ce qui existe c’est la mauvaise foi, cette comédie par laquelle je fais semblant d’être ce que je ne suis pas. Mais la mauvaise foi est une attitude consciente. L’idée freudienne d’un psychisme inconscient pose problème car elle signifie que nous serions manipulés par des forces obscures qui nous échappent et que nous ne sommes pas responsables de nos choix, de nos actes ou de nous-mêmes.

Pour Sartre, l’inconscient freudien est un mensonge à soi. Il considère que refuser la conscience, c’est refuser la liberté. Il n’y a pas de déterminisme, l’homme est libre, l’homme est liberté.     

 

AUTRUI

 

Autrui c’est d’abord l’autre, le différend (l’altérité). Mais s’il est autre que moi, il est aussi et en même temps mon semblable. Il est alter ego, c'est-à-dire un autre moi et un autre que moi. Autrui est donc à la fois le même et l’autre.

 

 Le solipsisme et l’existence d’autrui (Descartes) : La question portant sur autrui et son existence trouve sa source dans la philosophie cartésienne du cogito posé comme fondement de la philosophie. À partir du moment où le « je « deviens la seule certitude, l’idée d’autrui devient problématique.

Pour Malebranche (disciple de Descartes), c’est par l’exercice de l’intelligence, du raisonnement, que l’existence d’autrui peut être démontrée (approche intellectualiste) : si je ne peux accéder à la conscience d’autrui et connaître leurs pensées, je peux à partir de mes propres états de conscience émettre des hypothèses sur ce qui se passe dans la conscience des autres (par analogie).

 

 

 L’intersubjectivité (Husserl): L’ego est d’emblée ouvert à autrui. Il n’a pas les mêmes relations avec celui-ci qu’avec les objets du monde d’une part parce qu’il y a association passive de son corps à celui de l’autre, d’autre part parce que, par l’imagination, il peut faire « comme si « il était à la place de l’autre. Le monde dans lequel nous vivons est intersubjectif

 L’être-avec (Heidegger) : Il est impossible de penser un sujet sans relation aucune avec d’autres sujets pour lui greffer après-coup cette relation à l’autre. L’existant humain (Dasein) est être-avec. C’est-à-dire que la solitude et le solipsisme ne sont que des modes déficients de cet être avec : je suis seul signifie exclusivement que l’autre manque. 

Le regard (Sartre) : Autrui me dévoile que je ne suis pas le centre de mon monde. Il me « vole mon monde «. Son regard me dépossède de moi-même car il me constitue en objet parmi les objets du monde. Autrui devient par là même une pleine subjectivité dans la mesure où il n’y a d’objet que pour un sujet. Mais pour me ressaisir en tant que sujet, je dois à mon tour constituer l’autre en objet. Cette lutte des consciences ne peut s’apaiser. 

La reconnaissance (Hegel) : La conscience de soi n’est qu’en tant qu’elle se différencie de l’autre. Le moi se pose en s’opposant, en fixant les limites qui le séparent d’autrui. De plus, pour parvenir à la conscience de soi, la reconnaissance d’autrui est nécessaire : je désire que le désir de l’autre porte sur moi. S’engage alors une lutte pour la reconnaissance qui, dans sa forme originelle, aboutit à la formation des figures du maître et de l’esclave.

 La sympathie : La sympathie (ex : la pitié) est un sentiment moral (inné) qui nous lie aux autres hommes et nous pousse à « entrer « dans leur sentiments, à les comprendre sans pour autant les ressentir à un même degré. La sympathie ne s’exerce pas à l’égard de tous les vivants mais seulement à l’égard des autres hommes en leur dignité et qualité humaine.

Le visage de l’autre (Levinas) : L’éthique est la philosophie première. Autrui doit donc avant tout être considéré dans sa dimension morale. Son visage m’ouvre sur un au-delà de moi-même. C’est un appel qui témoigne de la fragilité de l’autre et qui convoque ma responsabilité à l’égard de lui. 

 L’altérité irréductible : L’altérité des autres cultures ne peut être évaluée à l’aune de nos propres critères de rationalité scientifique et technique. Il est impossible de hiérarchiser les cultures car l’établissement d’une échelle de valeurs sera toujours nécessairement un présupposé ethnocentrique et plus encore une violence à l’égard de l’autre. D’une manière similaire, lorsqu’on définit la folie comme le négatif de quelque chose de plus élevé (la raison, l’essence de l’homme), on rate ce qui constitue son altérité fondamentale (elle n’est plus l’autre mais « l’autre du même «).

LE DESIR

Le désir et le corps : Pour Platon, la seule chose qui doit être désirée est la vérité. Mais ce désir s’oppose aux désirs sensibles, trouvant leur source dans l’union de l’âme et du corps. C’est pourquoi la contemplation des Idées exige de se séparer du corps, des impressions sensibles. 

  Les morales du désir : Selon Épicure, il est nécessaire de distinguer les désirs naturels des désirs vains. Plus généralement, c’est par la connaissance des différentes catégories du désir que l’homme sera en mesure de maximiser ses plaisirs et minimiser ses souffrances.  Pour les stoïciens, il faut distinguer les choses qui dépendent de nous et celles qui ne dépendent pas de nous (comme la santé) et ne désirer que les premières. En ne désirant que ce qui est en notre pouvoir, nous ne risquons plus de voir nos aspirations contrariées.

La critique de la condamnation du désir : Selon Nietzsche, les morales qui exigent que les désirs soient maîtrisés, contenus, sont nihilistes en ce sens qu’elles déprécient la vie sensible, s’oppose à son expansion. Vouloir épargner à l’homme les souffrances, c’est le condamner à ne ressentir jamais aucun plaisir.

Principe de plaisir et principe de réalité : Pour Freud, la pulsion sexuelle, la libido est la source des désirs qui cherchent à s’affirmer sans détours. Mais la réalité impose sa nécessité et ce sont les pulsions du moi, visant à la conservation de ce dernier qui conduise à refuser ou différer certains plaisirs dangereux et à accepter certaines souffrances.

Désir et altérité : Selon Lacan, le désir est un manque originel s’opposant au besoin sur lequel l’homme possède une maîtrise. C’est alors à l’autre qu’il est fait appel pour combler ce « vide d’être «, mais cette demande ne peut être satisfaite car l’autre est nécessairement affecté du même manque. Hegel quant à lui affirme la dépendance du désir et de la reconnaissance en posant que le désir est désir d’être l’objet du désir de l’autre. Sartre enfin montre que le désir sexuel est la tentative toujours échouée pour réduire l’autre qui est conscience, subjectivité, à l’état d’objet.

 Le désir comme essence de l’homme : Pour Spinoza, le désir (ou plus généralement le conatus comme effort pour persévérer dans son être) est la nature de l’homme. La valeur des choses n’existe pas « en soi « : c’est parce qu’elles sont désirées que les choses sont jugées bonnes, non l’inverse. De plus, une raison qui ne s’appuierait pas sur le désir serait profondément impuissante. C’est au cœur même du désir que peut prendre place une morale ou une éthique. Aux passions, il faut substituer des affects actifs : le désir devient ainsi affirmation de soi.

Désir, manque et besoin : Deleuze et Guattari critiquent la conception du désir comme manque absolu, comme fantasme du réel, conception que promeut la psychanalyse qui fait de l’inconscient un théâtre. L’inconscient est bien plutôt une usine productrice de désirs, façonnant et agençant le réel. Bataille quant à lui montre que le désir ne répond pas seulement à une logique du besoin, de la conservation de la vie mais également à une logique de la dépense, de la perte. Dans ces deux exemples, c’est le besoin qui dérive du désir et non l’inverse.

 

« l'État, qu'ils reconnaissent comme légitime et qui déploie son autorité par l'intermédiaire des lois, sans avoir besoin pour cela d'opprimer ses sujets : un tel État correspond à ce qu'on désigne comme un « État de droit » - entendre par là un État où le droit intervient à la fois comme ce qui délimite le pouvoir de l'État et comme ce par quoi ce pouvoir s'exerce.

Mais l'assujettissement politique, qui constitue les personnes comme des sujets, peut aussi prendre la forme d'une soumission à un pouvoir tyrannique ou despotique : un tel pouvoir bafoue les droits de ses sujets, il les soumet à son joug, les réduit en servitude et entretient avec eux une relation où règne l'arbitraire.

Dans l'un et l'autre cas (la soumission au pouvoir de l'État de droit, la soumission à un pouvoir despotique), la figure politique du sujet renvoie à une relation de pouvoir, à une domination, légale ou arbitraire, qui s'exerce sur des individus ou des groupes d'individus. 000200000D5200001021 formes de l'assujettissement ».

Ce serait s'interroger sur « les diverses formes de soumission » des individus au pouvoir considéré lui-même dans ses différents visages.

C'est là, par exemple, ce qu'avait entrepris de faire Michel Foucault en reliant étroitement la « question du sujet » et la « question du pouvoir » : « Montrer comment ce sont les relations d'assujettissement effectives qui fabriquent des sujets, […] faire ressortir les rapports de domination et les laisser valoir dans leur multiplicité, dans leur différence, dans leur spécificité ou dans leur réversibilité […] ; montrer comment les différents opérateurs de pouvoir s'appuient les uns sur les autres, renvoient les uns aux autres, dans un certain nombre de cas se renforcent et convergent ; dans d'autres cas se nient ou tendent à s'annuler » (« Il faut défendre la société », Cours au Collège de France, 1976, Paris, Gallimard-Seuil, 1997, p.

39). La question directrice d'une telle réflexion est alors celle de savoir comment fonctionne le pouvoir, quels en sont les mécanismes et quels en sont aussi les effets sur les sujets auxquels il s'applique.

Question spécifique de ce qu'on appelle la « philosophie politique », qui prend pour objet la politique.

comme telle, c'est-à-dire l'ensemble des activités à travers lesquelles les sociétés humaines se trouvent gouvernées. 2 - Le sujet grammatical : la chose et le moi Le deuxième usage le plus courant du terme de « sujet » est celui que nous enseigne la pratique même de la langue et que thématise la grammaire : le sujet est alors le sujet d'un verbe.

Dans cet usage, qui correspond du moins à la structure des langues que nous connaissons le mieux, on entend par « sujet » aussi bien le sujet des verbes d'action (le marteau frappe l'enclume) que des énoncés attributifs, où le sujet est le sujet du verbe « être » (Socrate est philosophe, mortel, barbu, etc.).

La certitude que tout verbe a en principe un sujet (les phrases sans sujet sont des phrases où le sujet est implicite : « Pas de chance ! » signifie en fait que tel ou tel connaît un revers, ou que telle ou telle situation est une situation d'infortune) nous est si familière que nous ne percevons pas toujours quelle influence elle exerce sur notre 2. »

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