Le vrai est-il certain ?
Publié le 05/04/2012
Extrait du document
A quoi se reconnaît une pensée vraie ? Quels en sont les signes manifestes et distinctifs ?
«
-Il existe en effet des erreurs de perception, ou de fausses perceptions (mirages,
illusions des amputés) qui sont bien accompagnées
de certitude.
Dans de tels cas,
la seule vérité que garantisse cette dernière concerne
ce que je peux dire à propos
de l'état de ma subjectivité, mais non mon rapport au monde extérieur.
- De la même façon,je peux être certain d'avoir raison, parce que
j'y suis poussé
par de multiples déterminations Ge fais confiance aux informations que j'ai recueillies, ou au théoricien dont je répète les analyses ou la position en raison
même de son
"autorité "• ou à ce qui me paraît constituer un ensemble
incontestable
d',, évidences •• ...
).
Mais il est toujours possible que j'ai tort (parce
que je suis mal ou insuffisamment informé, parce que l'autorité à laquelle je me
réfère est elle-même dans l'erreur, etc.).
- Dans de telles situations, la certitude est un sentiment trop
"grossier» ou
simple pour correspondre aux conditions dans lesquelles une vérité peut être
élaborée.
Et il en est ainsi dès qu'il s'agit
du" réel "• de l'univers empirique: la vérité
qui
le concerne demande à être élaborée scientifiquement, c'est-à-dire avec des
méthodes et des concepts trop complexes et éloignés de l'intuition pour que la
certitude s'y trouve en jeu.
III.
LA CERTITUDE LOGIQUE
- Dans les disciplines formelles (sans contenu empirique), les conditions du
raisonnement et de la vérité qui s'y rattache sont définies rigoureusement.
- La vérité y dépend du respect:
• d'un vocabulaire symbolique univoque (vide, sans référent intuitif); • des règles d'opération ou de combinaison des éléments de ce vocabulaire.
- Dès lors, la certitude qui peut accompagner un raisonnement formel (un
calcul) signifie
le sentiment d'avoir obéi aux contraintes initiales du système, et
garantit en conséquence la vérité des jugements ainsi élaborés.
Elle renvoie cette
fois, non au monde extérieur, mais à la raison elle-même dans sa capacité à définir
ses propres règles de fonctionnement, et rend compte de l'existence d'une nécessité
purement rationnelle.
- Au sens strict, une telle certitude peut toujours être inquiétée
par le risque
d'avoir commis une erreur.
Il apparaît donc que la certitude ne garantit la vérité
formelle qu'après que
le raisonnement aura été soumis à vérification.
/
CONCLUSION
La notion de certitude est trop générale ou floue pour garantir dans tous les cas
la présence
de la vérité.
Lorsque la raison définit seule ses principes et ses
contraintes, elle définit du même coup
les conditions d'une certitude rigoureuse,
seule susceptible de signaler l'accès à la vérité.
Dès que l'univers subjectif ou, plus
généralement, empirique, est pris en charge (par la pensée, et non plus
par le calcul,
au sens du sujet no 16), la certitude ne permet aucunement à elle seule de décider
de la vérité des énoncés.
DOCUMENT
Les apparences des sens ne nous promettent pas absolument la vérité des choses,
non plus que
les songes.
C'est nous qui nous trompons par l'usage que nous en.
»
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