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Les différences entre les hommes sont-elles toutes des inégalités, voire des injustices ?

Publié le 27/02/2008

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• Dire que toute différence entre les hommes est inégalité, ne serait-ce pas faire reposer l'égalité sur l'identité ? Cette conception de l'égalité ne serait-elle pas celle des ni a thématiques ? Ne serait-elle pas une conception (voire un idéal) du quantitatif? Une telle conception, idéelle et abstraite comme l'être mathématique, peut-elle penser et rejoindre la réalité humaine ? • Dire que toute différence est injustice, ne serait-ce pas de la même façon, penser le juste sous la forme de l'identique, ou même, de l'uniformisation ? Nietzsche disait qu'interdire au lion de manger la gazelle c'est de l'injustice. Traiter identiquement des êtres différents ne serait-ce pas créer des injustices ? Nous sommes ainsi renvoyés à la question originelle : peut-on penser la justice et l'égalité sur le modèle de l'identique ? • Si nous répugnons à l'uniformisation, si nous tenons à la manifestation de différences, cela veut-il dire que nous tenons à l'inégalité, voire à l'injustice ? • Si nous croyons que non, quelle(s) conception(s) pouvons-nous avoir de l'égalité et de la justice ? Comment les fonder ? Comment .fonder, comment établir clairement que telle différence n'est pas inégalité, n'est pas injustice ? En d'autres termes, la réponse au sujet ne dépend-elle pas de la conception que l'on se fait de l'inégalité, de l'injustice ou mieux de l'égalité, de la justice ? Où situer leur domaine ? Selon quels principes ? • Admettre sans examen et sans principe les différences comme n'impliquant pas nécessairement inégalité voire injustice, ne serait-ce pas adopter une conception foncièrement inégalitaire et injuste des règles de conduite ?

« Rousseau attribue ce passage à un vice propre à la société : sous le regardd'autrui, chacun se compare aux autres.

L'homme sauvage est bon, l'hommeen société veut paraître meilleur.

Le phénomène de la propriété et del'accumulation de biens vient renforcer ce passage de l'amour de soi àl'amour-propre.

Les différences ne sont pas des inégalités mais en constituentle prétexte. Ce qui, en l'homme, se perfectionne, c'est sa raison, c'est-à-dire sonpouvoir de penser.

Sous l'effet de la raison, les principes primitifs s'altèrent :la pitié fait place à l'indifférence, et l'amour de soi à l'amour-propre.

Lephilosophe « n'a qu'à s'argumenter un peu pour empêcher la nature qui serévolte en lui de l'identifier avec celui qu'on assassine » (id.) ; c'est dire quela raison étouffe la pitié naturelle, et avec elle le fondement de la moralité.

Avec la disparition de la pitié qui le modérait, l'amour de soi devient l'amour-propre, « qui porte chaque individu à faire plus de cas de soi que de toutautre ».

L'amour de soi se contentait du plaisir d'exister ; par l'amour-propre,l'individu cherche à exister aux yeux des autres.

Alors que l'amour de soi estnaturel, l'amour-propre est factice et ne naît que de la société des hommes.Il est la source du sentiment de l'honneur, du désir de vengeance et de lahaine. II.

Faut-il choisir entre différences et égalité ? Pour contrebalancer ce travers qui mine les rapports sociaux en faisant régner la jalousie, l'humiliation et le mépris,la Révolution française a proclamé la célèbre devise « Liberté, Égalité, Fraternité ».

Qu'implique l'égalité ? L'égalité nie les différences. Dire que les différences ne doivent pas être des inégalités, c'est revendiquer l'égalité entre les hommes.

Mais cettedernière n'implique-t-elle pas du même coup le nivellement ou la négation des différences? « Un homme, un vote » ladevise américaine définit bien cet aspect élémentaire de la justice.

Le fait d'être plus riche ne donne pas plus depoids dans la décision publique.

On ne peut parler de droits universels qu'en faisant abstraction des différencesindividuelles.

Au niveau individuel, je ne peux reconnaître et promouvoir la différence de l'autre qu'en mettant(provisoirement) la mienne entre parenthèses. Les limites de l'égalitarisme. Jusqu'où faut-il aller dans ce processus ? Bien des régimes politiques, notamment ceux qui s'inspiraient du marxisme-léninisme, ont voulu imposer d'un seul coup l'égalité parfaite, en abolissant tous les signes extérieurs de différence ;mais le résultat d'une telle « révolution culturelle » n'est plus l'égalité mais l'uniformité.

L'égalitarisme risque donc denuire à la liberté sans renforcer la fraternité. Les difficultés de la justice proportionnelle. Comment peut-on alors établir l'égalité sans abolir les différences ? Il faudrait passer de la justice « arithmétique »(à chacun la même chose, de façon égale) à la justice « géométrique » ou proportionnelle (à chacun selon sonmérite et selon ce qu'il est, selon sa différence propre).

La première établit l'égalité, la seconde vise l'équité.

Laseconde est plus satisfaisante pour l'esprit, mais aussi bien plus difficile à mettre en oeuvre sans aboutir à de gravesinjustices: Platon disait que seuls les dieux sont capables d'une évaluation assez fine pour pratiquer une tellejustice.. »

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