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Les faits historiques sont-ils donnés ou construits ?

Publié le 26/01/2004

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Marx interprète les lois Le chapelier, qui ont interdit les corporations à l'époque de la révolution française comme des lois qui servaient en réalité les intérêts des bourgeois. En effet les corporations représentaient un contre pouvoir à la puissance financière de ceux qui avaient les moyens de production (les bourgeois). Mais ce fait même n'est remarqué par Marx que parce qu'il sert sa théorie du matérialisme historique, selon lequel ce sont les modes de production qui déterminent les événements historiques. C'est donc à partir des questions que Marx pose à l'histoire qu'il relève ce fait comme un fait historique important. Dans ce sens, puisque tout fait historique n'apparaît qu'à partir d'une question qu'on pose à l'histoire, on doit considérer que les faits historiques sont toujours construits.   III. Ce n'est pas parce que les faits historiques sont construits qu'il ne peuvent avoir une certaine objectivité               Dire que les faits historiques sont construits, cela signifie-t-il qu'ils n'ont aucune objectivité, et que chaque historien invente les faits historiques comme bon lui semble ? Tel ne semble pas être le cas, car l'historien essaye toujours d'insérer les faits qu'il considère dans un ensemble de séries qui donnent sens à ce fait. Mais comme l'explique Michel Foucault dans L'ordre du discours, ces séries ne sont pas construites en insérant les événements dans une succession de cause et d'effets, dont on pourrait toujours soupçonner la raison qui a poussé l'historien à les extraire du cours des événements. L'historien procède plutôt en croisant plusieurs séries, et essaye de les entrecroiser pour approcher l'événement en le circonscrivant de multiples manières (par exemple en l'étudiant à la fois sous un aspect biologique, économique, langagier).

L’histoire désigne à la fois la suite des événements qui ont marqué la succession des groupes humains, et la discipline qui étudie cette succession. Il semble donc que l’histoire comme discipline collecte des renseignements sur l’ensemble des faits d’une époque donnée, et tente dans un deuxième temps d’interpréter ces faits à partir d’une théorie. Mais le problème est que pour savoir quels faits ont de l’importance, on a en fait déjà besoin d’une théorie qui fasse le tri entre les faits importants et ceux qui ne le sont pas. Dans cette mesure, les faits historiques semblent construits pas la théorie, plutôt qu’ils ne précèdent la théorie. Le problème est alors que ces faits, parce qu’ils sont construits par les historiens d’une époque donnée, semble perdrent leur caractère objectif. Ainsi l’on peut imaginer que chaque nouvelle époque d’historiens construira des nouveaux faits historiques qui invalideront les anciens, de sorte qu’au bout du compte il n’y aurait plus de faits historiques du tout, mais de simples points de vue relatifs sur diverses périodes de l’histoire. Mais on peut néanmoins imaginer que la construction des faits historiques à partir de la théorie puisse conserver un certain degré d’objectivité, à partir du moment où l’historien lui-même a conscience de construire les faits qu’il étudie.

 

« historien invente les faits historiques comme bon lui semble ? Tel ne semble pas être le cas, car l'historien essayetoujours d'insérer les faits qu'il considère dans un ensemble de séries qui donnent sens à ce fait.

Mais commel'explique Michel Foucault dans L'ordre du discours, ces séries ne sont pas construites en insérant les événements dans une succession de cause et d'effets, dont on pourrait toujours soupçonner la raison qui a poussé l'historien àles extraire du cours des événements.

L'historien procède plutôt en croisant plusieurs séries, et essaye de lesentrecroiser pour approcher l'événement en le circonscrivant de multiples manières (par exemple en l'étudiant à lafois sous un aspect biologique, économique, langagier).

Dès lors en multipliant les approches, en croisant desréseaux d'approches complémentaires de l'événement, l'historien peut prétendre à une forme d'objectivité dans sareconstruction des faits historiques, objectivité qui tient précisément au fait qu'il ne prétend plus reconstruire lesfaits de manière univoque, mais en compensant ce que peut avoir de partielle une approche, par une autre approche(par exemple en étudient à la fois les continuités et les discontinuités entre deux époques).

Conclusion Les faits historiques peuvent sembler donnés à l'historien, surtout si l'on considère qu'il y a des facteursdéterminants dans l'évolution des événements, qui expliquent pourquoi cette évolution a suivi tel cours plutôt quetel autre.

Mais on peut douter qu'une tel niveau déterminant soit véritablement donné en dehors d'une questionadressée par l'historien à l'histoire.

Or questionner l'histoire à partir d'un intérêt donné, c'est la mettre enperspective, et donc la reconstruire.

Mais ce n'est pas parce que les faits historiques sont construits qu'ils nepeuvent pas jouir d'une relative objectivité.

En effet, en multipliant les approches du fait historique, l'historiencompense ce qu'une approche peut avoir de partiel et d'arbitraire.

Le fait historique doit être construit. Le fait historique n'est donc pas une donnée brute mais une construction hypothétique élaborée à partir d'unensemble de traces et de vestiges, considérés comme autant d'indices de l'événement qu'il faut reconstituer.

Selonque l'historien s'intéresse aux structures, saisies à un instant donné ou dans leur devenir, ou selon qu'il s'intéresseau drame vécu par les hommes à travers ces structures, le fait historique sera un acte ou une institution.

Mais lesactes eux-mêmes doivent être situés à l'intérieur des institutions, c'est à-dire des données que les individus ou lesgroupes restreints rencontrent dans l'existence sociale et qui constituent une seconde nature.

La rencontre d'unserf et d'un seigneur ne saurait être reconstituée — si nombreux que soient les indices recueillis — dans le cadred'une relation égalitaire, voire dans la perspective d'une relation patron-ouvrier.

Une telle rencontre nous renvoie àl'institution féodale considérée dans sa totalité.

C'est un spécialiste de la psychologie historique, Ignace MEYERSON,qui l'indique avec le plus de force : « Les actes de l'homme sont conventionnels; par rapport à la nature ils sont une création seconde, et cettecréation ne se fait pas n'importe comment..., les actes de l'homme sont liés, toujours, à ceux des autres hommes,selon une multitude de systèmes.

Cela leur crée déjà une consistance, une extériorité par rapport aux impulsions del'individu, des caractères médiats, une existence dans un monde autre, une place dans une hiérarchie.

Laconvention, au sens précis, est un accord explicite de volonté convergente...

Mais en un sens plus large, celuid'accords implicites, elle définit le niveau humain de tous nos actes : au jeu des déterminismes naturels, et au jeudes préférences individuelles, elle ajoute et surtout elle substitue des déterminations et des préférences collectives,non seulement une régulation, mais des motifs.

Et le fait que ces orientations conventionnelles préexistent àl'individu, que ces actes, par conséquent, participent à quelque chose qui le dépasse, leur confère aussi uneextériorité et une existence.

»Dans le geste d'un homme qui ramasse du foin, MEYERSON distingue une faible part de nécessité naturelle, unefraction négligeable de fantaisie naturelle, mais essentiellement le fruit d'un apprentissage, d'un dressage destechniques du corps qui est le fruit d'une convention ou, selon l'expression peut-être plus juste du sociologueMAUSS (18781950), d'une institution.. »

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