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Les historiens peuvent-ils éviter d'interpréter ?

Publié le 10/12/2009

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Interpréter est une opération mentale requise en histoire, que l'historien ne peut éviter, mais qui n'est pas propre à cette discipline. Interpréter n'a donc pas de caractère péjoratif, comme s'il s'agissait de porter un jugement totalement subjectif, voire injustifié. De nombreux savants se sont trompés sur des phénomènes, Galilée sur les marées par exemple, ce qui montre que l'interprétation est présente partout. Par contre c'est aux citoyens d'être vigilant sur l'interprétation que des chefs d'État ou des hommes politiques peuvent faire de l'histoire. Car elle est elle-même en tant que discipline soumise  à des enjeux idéologiques. Comment éviter cela cependant?

« Le matériau initial est lacunaire, mais les documents et témoignages sont soumis à une doublecritique : une critique externe sur leur authenticité, leur nature, leur origine, et une critique internesur la véracité de leur contenu.

Cela suppose le recoupement entre plusieurs sources, quand ellessont disponibles.

Comme dans toute science, les progrès de la connaissance historique se font à lamesure de la découverte de nouvelles sources.

Comme dans tout autre science, l'observation n'estdonc ni passive ni immédiate, et il y a de la part de l'historien une mise en relation des documentsafin d'établir un schéma théorique de la période ou de l'événement considéré.

Ce schéma apparaîtdéjà dans le choix des événements privilégiés ou dans les appellations choisies.

Par exemple unconcept comme celui de « la guerre de Cent Ans » est évidemment réducteur par rapport à tous lesévénements qui se sont déroulés pendant cette période, mais il suppose en même temps unesynthèse rendant pertinente cette dénomination.

De la même façon, dans les autres sciences, il y ades concepts qui supposent un travail théorique de synthèse et de connaissances des lois.

Enphysique, le concept de masse ne relève pas d'une simple observation, il possède une définition trèsspécifique.

En biologie, le concept d'espèce également.

C'est l'historien qui fait, construit l'événement de façon médiate et réfléchie, autant que ce sont les événements qui font l'histoire. B.

Le principe de falsifiabilité La théorie finale est soumise au principe de falsifiabilité défini par Popper, auquel, selon lui, doitrépondre toute science.

Tout ce qu'énonce l'historien est en effet fondé sur des sources dont il peutfaire état, et auxquelles il est possible de se référer pour vérifier si toutes les données disponiblesont été prises en compte, si tout ce qui en est déduit est également conforme à ce qu'ellescontiennent.

Il donne à sa théorie les conditions de possibilité de sa réfutation, et l'on peutconsidérer chaque document en quelque sorte comme un test potentiellement négatif de réfutationde la théorie.

Ainsi tout ce qu'il énonce est considéré comme vrai tant que l'on n'a pas uneobservation ou un document, une objection qui invalident la théorie.Or ce n'est pas le cas pour ce qui relève de la métaphysique (comment réfuter que l'âme existe oun'existe pas?), ou, selon Popper toujours, de ce qui relève de la psychanalyse ou du marxisme parexemple.

Ce sont des schémas théoriques par lesquels on peut interpréter toute chose, mais qui ne selaissent pas infirmer expérimentalement.

À l'inverse, les sciences expérimentales répondent à ceprincipe.

Elles n'offrent certes pas de théorie objective, définitive et complète.

En revanche, elles seprêtent à une information possible et elles ont été édifiées grâce à leur résistance aux testsexpérimentaux. III- L'Interprétation à l'oeuvre dans l'histoire A- Un rôle important à cause de l'objet étudié Le rôle de l'interprétation en histoire est plus important qu'ailleurs pour deux raisons.D'une part, l'objet étudié, l'homme, agit lui aussi en fonction de l'interprétation qu'il fait de lasituation, donc cela oblige à opérer une interprétation d'interprétation.

Par exemple, il est déjàdifficile de commenter en direct les résultats d'une élection en essayant de comprendre pourquoi telparti d'extrême droite, ou autre, a eu tant de voix à ce moment-là et dans ce contexte-là.

Plus encorepour un historien qui doit le faire avec le décalage temporel : il ne peut pas questionner les gens del'époque, il n'a pas toutes les informations à sa disposition, et il ne peut pas se mettre à la place desprotagonistes.

Mais c'est une situation partagée par bon nombre de sciences humaines.

Enéconomie, la hausse du chômage peut avoir plusieurs causes, ou ce qui revient au même : plusieursinterprétations théoriques sont possibles et également valables pour expliquer ce phénomène.

Lapluralité des facteurs est si complexe qu'il est difficile de proposer un schéma totalement fiable.B- Un rôle important car l'Histoire est elle-même interprétéeD'autre part, il existe de nombreuses interprétations de l'histoire toute entière, ou de certains de cesépisodes, faites non pas par des historiens, mais par des philosophes ou des hommes politiques oumême des théologiens.

Ce que l'on peut appeler des philosophies ou visions de l'histoire.

Or celaintervient à deux niveaux : sur les acteurs mêmes de l'histoire qui agissent en fonction de l'idéequ'ils se font du progrès ou du passé qu'ils veulent dépasser.

Et sur la conscience de l'historien quien partage ou non les vues.

Il y a donc une sorte de mise en abyme des schémas d'interprétations del'histoire qu'il est parfois difficile de faire coïncider.

L'histoire est aussi une interprétation du faitqu'il y a des interprétations de l'histoire à restituer en elle. Conclusion Interpréter est une opération mentale requise en histoire, que l'historien ne peut éviter, mais qui n'estpas propre à cette discipline.

Interpréter n'a donc pas de caractère péjoratif, comme s'il s'agissait deporter un jugement totalement subjectif, voire injustifié.

De nombreux savants se sont trompés surdes phénomènes, Galilée sur les marées par exemple, ce qui montre que l'interprétation est présentepartout.

Par contre c'est aux citoyens d'être vigilant sur l'interprétation que des chefs d'État ou deshommes politiques peuvent faire de l'histoire.

Car elle est elle-même en tant que discipline soumiseà des enjeux idéologiques.

Comment éviter cela cependant?. »

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