Les hommes naissent-ils LIBRES?

« de devenir autre qu'il n'est.

On peut penser à Rousseau qui, dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, voyait dans la perfectibilité ou capacité de se perfectionner Ill la différence entre l'homme et l'animal.

.J et 0: 0 :E e 11 est vrai aussi que ces capacités se développeront en rapport avec l'environnement: parlant de l'action que la société exerce sur l'indi­ vidu et particulièrement par la voie de l'éducation, Durkheim disait qu'elle n'a «nullement pour objet et pour effet de le comprimer, de et le diminuer, de le dénaturer, mais, au contraire, de le grandir et d'en .J faire un être vraiment humain.

Sans doute, il ne peut se grandir ainsi qu'en faisant effort.

Mais c'est que précisément le pouvoir de faire volontairement effort est une des caractéristiques essentielles de l'homme» (L'Éducation morale).

Ill.

Naitre du monde, naitre au monde • L'être humain naît ainsi deux fois : une première fois au monde et une deuxième à lui-même.

L'enfance montre qu'il n'est pas immédia­ tement ce qu'il doit devenir.

Sartre définissait l'être humain comme l'être qui est ce qu'il n'est pas et n'est pas ce qu'il est.

Est-ce à dire qu'il n'est rien à la naissance et que l'abstraction des droits ne fait qu'enregistrer cette indétermination? •Ce serait méconnaître le fait que le développement humain ne se fait pas non plus dans le vide.

Merleau-Ponty rappelait, dans sa Phénoménologie de la perception, en prenant l'exemple des résis­ tants qui purent· soutenir l'épreuve de la torture, que si aucune contrainte n'avait de pouvoir sur eux (réalisant par là l'idéal de la liberté des stoïciens), ce n'était pas par une absence de lien au monde mais, au contraire, par un ensemble d'attachements : les camarades, le fait de se sentir partie prenante d'une aventure collective, etc.

• Reconnaître que les êtres humains naissent libres, c'est reconnaître qu'ils sont tous destinés à la liberté : étrange destin qui dit que rien n'est écrit à l'avance! Cependant, penser une liberté effective revient à inscrire les conditions de la liberté dans l'exercice même de celle-ci, qui n'est pas une capacité abstraite ou un effort que chacun serait amené à effectuer dans le vide.

On ne peut donc faire abstrac­ tion de l'environnement social qui conditionne, non la liberté elle-même, mais son exercice.

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