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Les instincts dans l'espèce humaine

Publié le 12/05/2012

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a) Plasticité des tendances. Par le fait même que la tendance se détache de l'acte, elle acquiert une liberté ou une souplesse qu'elle ne peut avoir chez les animaùx, où ses manifestations sont strictement définies par des mécanismes héréditaires sensiblement invariables. L'instinct y est enclos dans l'acte, qui à son tour limite l'instinct. Chez l'homme, en raison de l'intelligence, faculté de l'universel, la tendance devient plastique et multiforme en ses manifestations. L'instinct parental, chez les animaux, ne dispose que de quelques gestes, qu'il ne varie pas : combien il apparaît pauvre (même au prix de sa sûreté et de son infaillibùité) au regard des inventions merveilleuses et innombrables de l'amour paternel de l'homme, en vue de l'éducation physique et morale des enfants ! De même, l'instinct grégaire de l'animal, fut-ce dans ses expressions les plus admirables, comme chez les abeilles, reste infiniment loin des effets prodigieusement variés de la sociabilité humaine.

« ~~' i 334 LJI:S INCLINATIONS en plus u·ee le progrès de la raison et de la réflexion.

- Toutefois, cette étude comporte des limites, qui sont de deux sortes : d'abord, il convient de ne pas oublier que les instincts obéissent à une loi de genèse et d'évolution et que si les instincts de l'enfant sont bien les instincts de l'homme, ils ne sont pas nécessairement ni les instincts de l'adulte, ni tous les instincts de l'adulte; en d'autres termes, le plus que l'on constate chez l'adulte n'est pas nécessairement le résultat d'une activité de synthèse, mais peut représenter aussi une activité instinctive originale pleinement développée, -ensuite, il faut éviter d'interpréter les comportements de l'enfant en termes d'adulte, c'est­ à-dire de faire de l'enfant un adulte en miniature.

Au lieu d'étudier l'enfant, c'est l'adulte encore qu'on observerait, et l'on fausserait à la fois la psychologie de l'enfant et celle de l'adulte.

Nous verrons plus loin que FREUD n'a pas évité cet écueil.

Enfin, dans certaines circonstances exceptionnelles (douleur très violente, incendies, cataclysmes naturels), l'instinct, rejetant net toutes les formes acquises, les .habitudes et les conventions qu'il a incorporées, se manifeste en quelque sorte à l'état pur.

Dans les cata­ clysmes, parfois aussi à la guerre, la réaction de fuite (si contenue à l'état normal) se manifeste avec une violence inouïe.

Même obser­ vation touchant l' «instinct parental » (amour maternel) : après le terrible tremblement de terre de Messine (f908), on retrouva des­ centaines de mères, mortes leurs enfants dans les bras ; beaucoup avaient fait bouclier de leur corps à l'enfant qu'on retrouva intact sous la mère écrasée par les pierres 1 • 298 2.

Instinct et volonté.- Un autre caractère remarquable du jeu des instincts et des inclinations chez l'homme, est le pouvoir que celui-ci possède de suspendre l'effet de l'impulsion instinctive par un acte inhibiteur de sa volonté réfléchie.

Sans doute, l'inhi­ bition se rencontre aussi chez les animaux, par le fait des inter­ férences et des conflits qui peuvent se produire entre différents instincts (la peur, par exemple, a un effet inhibant sur les autres instincts).

Mais ces inhibitions résultent de freinages automatiques, ne comportant ni réflexion, ni délibération, faute d'une intelligence libérée des servitudes de l'espace et du temps.

Chez l'homme, les tendances, mises en éveil par une perception ou une image, peuvent être inhibées par le fait d'une décision volontaire, ou du moins l'acte, soumis à un jugement de valeur, n'a plus, normalement, ce caractère explosif qui marque l'exer­ cice de l'instinct livré à son jeu.

De là vient que, chez l'homme, (1) Cf.

IH u VAIIIBIÈRE, ~léments de PsiJehologie ezpérimt~nlak, p.

215- 222.

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