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Les lois peuvent-elles contredire la morale ?

Publié le 27/02/2004

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morale
  • I) Les lois peuvent contredire la morale.
a) La loi n'est pas la morale. b) Les lois s'opposent à la morale naturelle. c) L'Etat défend ses intérêts.
  • II) Les lois ne peuvent pas contredire la morale.
a) Les lois émanent de la morale. b) Les lois visent à supprimer le mal. c) Les lois reflètent une loi idéale.
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morale

« faut recourir à la seconde »).

On aurait pu s'attendre au contraire que la manière de combattre propre àl'homme (« les lois »), puisqu'elle lui est propre, soit recommandée (au niveau moral) comme exclusive, qu'ellesoit (par principe moral) la seule prônée (et que corollairement la seconde manière de combattre, si elledemeure possible, soit cependant écartée, interdite, condamnée). 2) Ce n'est pas le cas.

Parce qu'il ne s'agit pas ici de morale (le respect d'un principe, doublé d'un interdit)mais d'action.

Et celle-ci tout entière située dans le domaine du pratique, et non pas du théorique, ou bientriomphe, ou bien échoue, selon une loi qui est celle du tout ou du rien.

D'où l'idée implicite d'un maximum qu'ilfaut mettre en œuvre et de là l'expression : « ne suffit pas ».

Comme ce qui est propre à l'homme (dans lamanière de combattre) est le recours aux lois, il faudra ajouter, dès que le besoin, un surplus, que l'hommepuisera dans son propre fonds, qui est celui de l'animal qu'il continue (secrètement) de porter en lui.

Car lerecours (lorsque l'usage du propre « ne suffit pas ») à la force n'est pas un recours à quelque chosed'étranger ou d'extérieur à l'homme.

Le secret que nous révèle Machiavel, c'est que dans l'homme civilisé(celui qui habite les cités, qui institue les lois), il y a une énergie terrible, en réserve, qui est celle de la bêteque nous portons en nous – et qui ajoute à la force insuffisante des lois (« la première bien souvent ne suffitpas »), la force décisive de la nature.Mais cela ne peut se dire à tous, car l'homme, en toute occasion, cherche à paraître homme (en prônant lerespect des lois), et donc cache au plus haut point l'animalité qui est en lui.

Machiavel expose donc une vérité(ou plus exactement la vérité, qui n'est pas bonne à dire).

Face à un type de discours truqué, qui est lediscours dominant, moralisateur, qui affirme (au mépris du réel) qu'il faut réprimer l'animalité en nous (sans sesoucier d'efficacité).

Face à un type de discours amputé qui n'ose pas aller jusqu'au bout et dire l'intolérablede l'extrême.

Face à un type de discours voilé qui se refuse à révéler le secret de notre double dimension.Ici au contraire Machiavel parle en toute clarté, parce qu'il écrit à un seul au Prince (on sait que le livreintitulé « Le Prince » ne sera pas publié comme tel qu'après la mort de l'auteur…) et que son discours est untexte d ‘éducation.

D'où la formule du maître qui transmet son savoir et qui dicte au Prince (son élèvepotentiel), en une tournure impersonnelle, la conduite à tenir : « [Il] est nécessaire au Prince de bien savoir…»Mais ce savoir de Machiavel n'est pas seulement puisé dans l'expérience méditée sur l'histoire de son temps.

Ilest nourri de la lecture continuelle des auteurs de l'Antiquité (« les anciens auteurs ») dont la leçon est àdéchiffrer, car leur secret, qui n'a pas à être connu du commun des mortels est « voilé ».D'où l'interprétation, que fournit Machiavel, qui révèle le sens caché de cette fable mythologique racontée pardifférents auteurs selon laquelle Achille (dans l' « Illiade ») reçut son éducation d'un centaure (« mi-homme,mi-bête »).

Savoir doublement confirmé – par le moderne et l'antique – qui nécessite toujours d'aller au-delà :au-delà de la diversité des expériences, pour dégager des principes ; au-delà des fables et des mythes, pourdégager le sens implicite.

Ainsi, Machiavel ne prétend rien dire de neuf.

Il suffit d'observer le présent (pourcomprendre), de lire les anciens (pour entendre).

Le secret est ancien (« cette règle fut enseignée auxPrinces »), et permet de comprendre l'actuel, il est efficace (on connaît la gloire d'Achille et ses combatsvictorieux), et peut être repris.

Laurent II de Médicis sera un nouvel Achille, Machiavel se veut un nouveauChiron.Encore que Machiavel ne prétende pas être un précepteur (qui a besoin de temps pour transmettre sonsavoir).

La situation historique ne le permettrait pas : Laurent II a déjà plus de vingt ans.

Le secret peut sedire d'un coup comme une règle impérative, au Prince adulte : il faut.

« Il faut savoir » dit l'attaque du texte,auquel répond « il faut qu'un Prince sache user ».

Ajuster sa pratique (« il faut qu'un Prince sache user » ausavoir (« il faut savoir »), c'est être sûr de l'emporter.

Alliance nécessaire de la théorie et de la pratique, miseen place d'une pratique (« usage ») conforme à la théorie (« savoir »).Alors que jusqu'ici Machiavel parlait du recours à la force (« il faut recourir ») comme complément à l'usagedes lois (« la première bien souvent ne suffit pas »), il fait maintenant allusion à un usage (équilibré ?) de «l'une et l'autre » nature.

Peut-être que le Prince ne songerait à recourir qu'à la force, cela ne convient pas («user de l'une et l'autre nature ») – pas plus que de recourir seulement aux lois (cela, on le savait déjà…).

Maisc'est que le pouvoir n'est pouvoir qu'à exercer durablement, dans le temps.

Et qu'un coup de force ne fait lepouvoir que s'il triomphe, cad s'il se maintient.3) Cependant, le recours à la force (même doublé d'un recours aux lois) n'est pas suffisant.

Car il y a force etforce.

Chaque animal dans le nature est ce qu'il est.

Les espèces le font différent.

Mais l'animal en l'hommeest multiple.D'où cette extraordinaire galerie d'animaux : le loin, le loup, le renard.

Tant qu'à être, la vanité du Prince sesatisferait d'être lion, le roi des animaux.

Mais dans la tripartition des animaux que propose Machiavel, seulel'alliance, si disparate, du lion et du renard permet de triompher.

Car deux types d'obstacles sont présents.

Onconnaît toujours plus fort que soi.

C'est le cas du lion qui ne sait, par sa taille même, se dépêtrer des filets(des « rets ») des chasseurs.

C'est le cas du renard, trop faible devant le loup.

Mais la force (ou la ruse) del'un, sert l'autre : la force du lion élimine le loup qui prétendait attaquer le renard, la ruse du renard vient ausecours du lion dont les chasseurs allaient s'emparer.Etre l'un & l'autre, voilà qui permet de gagner et de conserver le pouvoir.

Etre homme et bête.

Et quant à labête, être lion (fort et faible) et renard (faible mais rusé).Quant à ceux qui sont hommes comme les chasseurs et qui ont la science des pièges, il leur manque la forceanimale.

Quant au loup, qui n'est là que pour les besoins de la démonstration (il y a toujours un fort qui peutl'emporter sur un rusé), mais qui représente si bien la sauvagerie animale, il est seul (le thème du loupsolitaire), et par là même condamné.

Toute l'histoire désormais, face aux temps révolus que dépasse laperspicacité prophétique de Machiavel, est celle des alliances.On a vu justement en Machiavel un des premiers représentants du réalisme politique fondé sur la prise en. »

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