Les nouveaux usages d'Internet ?
Publié le 29/01/2013
Extrait du document
« On pourrait imaginer une société disciplinaire parfaite, dans laquelle le pouvoir serait devenu si omniprésent, si finement habituel, si pénétrant, intériorisé, et subjectivisé, [ ... ] qu'il n'y aurait plus du tout besoin de confesseurs, de psychanalystes, de gardiens, et ainsi de suite. Dans cette société totalement "panopticisée", la domination hiérarchique, asymétrique de quelques personnes sur d'autres serait alors devenue superflue; tous se surveilleraient et se contrôleraient les uns les autres. «
«
LES DOSSIERS PHILO
Les dessous du lien virtuel
Il faut distinguer l'utilité de l'outil numérique,
son efficacité, de son interface
et des discours
qui conditionnent son utilisation.
Prenons le cas
de Facebook.
Après
s'être inscrit et avoir créé
un profil, quiconque veut exister sur ce réseau
social doit s'y faire
des« amis »,en un mot ins
taurer de manière volontaire des contacts avec
d'autres usagers.
Est-ce bien l'amitié qui est
visée entre les utilisateurs de Facebook? « Ceux
qui s'engagent rapidement dans les liens d'une
amitié réciproque
ont assurément la volonté
d'être amis, mais ils ne
le sont pas en réalité, à
moins qu'ils ne soient aussi dignes d'être aimés
l'un
et l'autre, et qu'ils aient connaissance de
leurs sentiments : car si
la volonté de contracter
une amitié est prompte, l'amitié ne l'est pas.
»
(Aristote, Éthique à Nicomaque) À lire Aristote,
l'amitié suppose
une connaissance approfon
die de soi
et des autres, le partage de mêmes
valeurs concernant le bien
et le bon, une réci
procité fondée
sur la durée.
En aucun cas, elle
ne se décrète en
un clic ! L'utilisation de ce mot
« amis >> par les créateurs de ce réseau social
est trompeuse.
De l'amitié, elle ne remplit pas
l'une des conditions préalables : une connais
sance mutuelle et durable.
La fiction de l' e-identité
Au-delà des aspects sémantiques, les réseaux
sociaux
questionnent la conception même de
l'identité personnelle.
Cette dernière s'articule
autour du changement -celui de notre appa
rence physique
et de la permanence -la
possibilité de rester fidèle à soi dans le
temps, c'est-à-dire soi-même.
La création
d'un profil
sur les réseaux sociaux joue
sur cette double articulation en affir
mant le caractère profondément nar
ratif de l'identité.
En mettant en récit
sa propre personne, on entre de plain
pied dans le champ de la fiction.
Sur
Face book et plus encore sur Second Life
qui pousse la logique à sa limite, nous
sommes face
à des autobiographies ima
ginaires.
Le récit de soi selon Paul Ricœur
«emprunte à l'histoire autant qu'à la fic
tion, faisant
de l'histoire d'une vie une his
toire
fictive» (Soi-même comme un autre).
La
question de la fidélité à soi-même, dans le choix
de
ce que l'on dit de soi, se pose et avec elle la
confiance que les autres peuvent accorder
à ce
récit.
Elle est d'autant plus cruciale que le Web
n'oublie
rien: la mise en récit virtuelle de l'iden
tité dépasse les limites de la vie humaine.
On peut
aisément voir
sur un moteur de recherche l'an
nonce du décès d'une personne
et des liens vers
ses profils virtuels toujours actifs.
Les conséquences
de
la visibilité
La volonté de se rendre visibles sur les réseaux
sociaux suppose que l'on y est
vu sans le savoir
par un grand nombre de personnes, connues ou
pas, bonnes ou malveillantes.
Ce dispositif où
chacun peut en quelque sorte surveiller l'autre
à
son insu rappelle dans son fonctionnement l'uni
vers carcéral appelé
« panopticon » et imaginé par
le philosophe utilitariste Jeremy Bentham dont
Michel Foucault fait une remarquable analyse.
Il s'agit
d'un bâtiment en anneau, sur le pour
tour duquel sont disposées des cellules obser
vées
par des gardiens depuis une tour centrale.
« Celui qui est soumis à un champ de visibilité,
31.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Adopte les usages du pays
- L'information à l'heure d'Internet
- ÉLÉMENTS DE PHYSIOLOGIE ou Traité de la structure et des usages des différentes parties du corps humain
- Internet et réseaux sociaux
- Danger d'internet