Devoir de Philosophie

Les personnes sont-elles des marchandises ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

Cette mesure de ce que l?employeur doit assurer à l?ouvrier amène à considérer le travailleur comme une valeur marchande. La valeur économique de la force de travail est alors subdivisée en deux valeurs : la valeur d?échange, qui est, comme nous l?avons mentionné, ce que cette force coûte pour qu?elle soit reproduite, et la valeur d?usage, qui est ce qu?elle peut produire. L?employeur tire alors profit du décalage entre ces deux valeurs, le bénéfice étant égal à ce que la valeur d?usage représente de plus par rapport à la valeur d?échange. La personne en tant qu?elle tient une position de travailleur dans un système économique capitaliste apparaît donc comme une valeur marchande à double titre, au titre de ce qu?elle coûte pour que sa force de travail soit quotidiennement reproduite, et au titre de ce qu?elle produit, c?est-à-dire de ce qu?elle rapporte. Cette analyse amène donc à présenter le système capitaliste comme système où la dimension de marchandise de la personne est prise en compte, car ce n?est pas seulement ce qu?une personne produit, son travail, qui est mesuré, mais bien elle-même comme force de travail.               2° L?assimilation des personnes à des marchandises tient à une inversion des valeurs dans nos sociétés économiques modernes             L?analyse d?Hannah Arendt, dans Condition de l?homme moderne, s?éloigne de celle de Marx. Pour Arendt, le travail constitue le niveau le plus bas au sein d?une hiérarchie caractérisant les activités humaines, et comprenant, au-dessus du travail, l??uvre, puis l?action. Le travail est ce qui représente le moins les potentialités de la condition humaine, car il est ce qui témoigne de la soumission de l?homme au biologique : en effet, le travail vise à nous apporter ce qui est nécessaire à notre survie, mais ne nous permet pas, comme l??uvre de l?artiste et comme le fait d?agir dans une communauté politique, de sortir du règne de la naturalité. La soumission de l?homme au travail, qui devrait constituer l?activité la moins mise en valeur, est cependant de plus en plus importante dans nos sociétés. Cette sacralisation du travail va de pair avec l?assimilation de la personne à sa puissance de travail, c?est-à-dire de production, qui réduit la condition humaine à la valeur marchande régie par les lois de la production et de la consommation.

« moyens Dans la perspective kantienne, la personne est définie comme être raisonnable qui est une fin en soi et ne peut être simplement employée comme moyen : c'est-à-dire que,contrairement à une chose, la personne ne peut entrer dans un rapportmarchand purement instrumental.

La valeur de la personne, dans sadifférence radicale avec les choses, est que son existence est une fin en soiet ne peut être asservie.

Kant distingue dans cette perspective ce qui a unprix, c'est-à-dire ce qui peut être remplacé par une chose équivalente ayantle même prix, et ce qui a une dignité, c'est-à-dire une valeur absolue qui neconsiste pas dans une valeur d'échange matériellement estimable et n'admetpas d'équivalent.

Cette valeur de la personne repose sur sa nature d'êtremoral, qui fonde la valeur absolue des personnes comme dignité et liberté.

Lapersonne ne peut donc, de ce point de vue, être considérée comme unemarchandise, comme une valeur marchande et comme un moyen.

La personne est ce qui se distingue de la chose, comme la fin se distinguedes moyens.

Tout être dont l'existence ne dépend pas de la libre volonté,mais de la nature, n'a qu'une valeur relative, c'est-à-dire en rapport avecautre chose que lui-même.

Les êtres naturels sont des choses.

Les êtresraisonnables, c'est-à-dire capables d'agissements libres, sont des personnes,c'est-à-dire des fins en soi.

Ils ne peuvent servir simplement comme moyens,et par suite limitent notre libre activité, puisqu'ils sont l'objet d'uninconditionnel respect.

La personne est une fin objective, dont l'existencemême est une fin en soi, qui ne peut être remplacée par aucune autre.

Étant fin en soi, on lui doit un absolurespect.

La personne humaine est la seule valeur absolue existante, il n'y en a pas d'autres sur le plan pratique.L'impératif catégorique pour toute volonté humaine repose donc sur le principe que : "La nature raisonnable existecomme fin en soi." C'est ainsi que nous devons nous représenter notre propreexistence ainsi que celle d'autrui, et ce principe doit sous-tendre toutes nos actions.

La moralité, soit l'usage de laraison dans le domaine pratique, repose par conséquent sur la maxime suivante : "Agis de telle sorte que tu traitesl'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme unefin, et jamais simplement comme un moyen." Conclusion Les personnes peuvent apparaître comme étant partiellement des marchandises au niveau de leur valeuréconomique : prendre place dans un système d'échanges économiques revient à être assimilé à un prix, à savoir leprix nécessaire pour que la force de travail soit maintenue, et à un bénéfice permis par le travail effectué.Cependant, souligner cet aspect de la personne peut être perçu comme une inversion de la hiérarchie des activitésqui expriment la condition humaine : ce qu'est authentiquement la personne, ce n'est pas essentiellement une forcede production et de consommation qui possède un prix en termes de marché économique, mais une pensée et unecapacité d'agir qui possède une valeur grâce à ses œuvres et à ses actions.

On peut alors souligner cette idée endéveloppant la distinction entre deux types de valeur, la valeur marchande ou prix, et la dignité ou valeur absolue,comme fin, qui constitue la personne humaine.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles