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L'État doit-il inspirer la crainte ?

Publié le 02/05/2012

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A l’état de nature, c’est-à-dire en l’absence de lois, les hommes vivraient sans reconnaître une quelconque institution juridique. Cette situation où l’humanité n’aurait pas encore connue l’instauration de règles relève de l’anarchie, compris dans son sens étymologique : en effet, les hommes ne seraient alors soumis à aucune forme de pouvoir structuré. Ainsi, l’homme obéirait à la loi du plus fort. Le Contrat social marque la rupture avec une telle organisation : les hommes consentent alors à une autorité souveraine une limitation de leur liberté individuelle, et obtiennent, en contrepartie, l’assurance que leurs droits civils et politiques seront respectés. Pour garantir cette exigence du peuple, l’État doit donc assurer la paix et la sécurité sur son territoire ; cela exige d’obtenir de l’ordre.

« Ainsi, si l’État présente une bonne organisation, sa légitimité est renforcée.

Il n’apparaît plus comme une autorité aliénante ou une puissance siétendue qu’elle en vient à s’ingérer et à contrôler la vie de ses sujets, mais bel et bien comme une institution en faveur de l’homme, qu’il protègecontre ses semblables.

C’est en présence d’un tel État, qui a pour dessein le bon déroulement du vivre ensemble, que la crainte est acceptée etreconnue.

Néanmoins, est-il nécessaire, pour obtenir l’ordre, d’user en premier lieu de la violence et de l’intimidation ? N’est-ce pas là dénigrerl’homme que de le croire incapable d’obéir volontairement au pouvoir mis en place dans son intérêt ? Faut-il faire de lui un être fondamentalementmauvais, irraisonnable, pour qu’il reconnaisse l’autorité de ses chefs ? Spinoza analyse ce qui, chez le sujet, peut le pousser à se soumettre volontairement au pouvoir.

Il affirme que, quelque soit l’étendue de lapuissance de l’État, l’individu conserve l’exercice de sa puissance individuelle.

Ainsi, il peut, en fonction de la représentation qu’il se fait de sonintérêt, choisir de la déployer au service de la communauté, ou au contraire, l’opposer à celle d’autrui.

Ce qui le détermine est, en somme,l’avantage qu’il peut tirer d’une des deux alternatives, ou au contraire, l’inconvénient qu’elle représente.

Spinoza met ainsi en avant les deuxgrands motifs qui poussent l’homme à agir : l’espérance et la crainte.

En d’autres termes, pour Spinoza, l’État n’a pas définitivement acquis lespuissantes forces qu’on lui prête, mais au contraire, il se doit d’en vérifier le concours à chaque instant.

Ainsi, l’État a tout intérêt à inciter lessujets à exercer leurs forces individuelles à son profit.

Il faut donc pour obtenir l’ordre, promulguer de bonnes lois, c’est-à-dire des lois résolumentdans l’intérêt de chaque citoyen.

Et pour ce faire, les lois ne doivent pas avant tout inspirer la crainte, mais être raisonnables.

Spinoza se démarquedonc d’autres philosophes, tels que Hobbes, qui compte obtenir l’ordre par l’effroi que cause le Léviathan.

Spinoza est l’un des premiers penseursqui considère que la puissance d’un État se mesure plutôt à la confiance qu’il suscite et non à la terreur qu’il inspire.

Un État où les citoyensagissent par désir est plus puissant que celui où ils agissent par peur.

C’est dans ce sens qu’il faut comprendre le propos de Spinoza : « « Nul n’aconservé longtemps un pouvoir de violence ».

L’idée, très moderne, est reprise par Foucault qui considère lui-aussi que c’est en faisant croître lesforces de la vie, et non en sanctionnant à outrance, que les États obtiennent l’ordre. Mais l’on pourrait objecter à ceci qu’il faille que les citoyens soient suffisamment autonomes pour bien agir et se soumettre, sans être menacéconstamment.

Dans son Traité théologico-politique , Spinoza affirme que la fin véritable de l’État est en réalité la liberté : « [L’État] est institué pour [que les sujets] usent d\'une Raison libre ».

Pour Spinoza, l\'État doit permettre aux hommes d\'être libres de penser et de s\'exprimer.

C’est safin, c’est-à-dire ce pourquoi il est institué.

S’il perd de vue cet objectif, alors assurément il manquera à son devoir et ne pourra obtenir durablementl’ordre souhaité.

Ainsi, l’État doit instruire ses sujets de sorte qu’ils deviennent des véritables citoyens, c’est-à-dire qu’il ne doit pas rester un êtresoumis, mais doit lui-même être acteur, producteur de l’ordre.

Toutefois, Spinoza reconnaît qu’il faut la présence d’une autorité supérieure : del’État, c’est-à-dire des institutions, et du gouvernement, c’est-à-dire des décisions, mais en aucun cas cette autorité ne doit poser l’intimidationcomme fondement de l’ordre. Ainsi, l’État, par sa position de surplomb, permet aux hommes de vivre de manière plus stable.

Pour améliorer le vivre ensemble, les hommes ontdélégué une partie de leur liberté à cette institution.

L’État doit donc être à la hauteur, et empêcher le retour de toute forme d’arbitraire quiperturberait la vie sociale.

Il se dote donc d’une pluralité de moyens pour se faire obéir.

Néanmoins, s’il est le plus puissant des pouvoirs, il doitlui-même être encadré pour ne pas tomber dans l’abus.

S’il doit effectivement avoir recours à des sanctions, l’ordre doit être établi en éduquant lessujets par la Raison, chose du monde la mieux partagée, de sorte à les responsabiliser et faire d’eux de vrais citoyens, impliqués et conscients.

Lebon État est alors celui qui fait progresser ceux qui lui sont soumis de plein gré, et qui s’est se montrer ferme lorsque les circonstances l’exigent.. »

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