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L'illusion est-elle nécessaire à la vie ?

Publié le 14/06/2009

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illusion

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L’illusion désigne un jugement de l’esprit qui prend pour vrai ce qui ne l’est pas : par une illusion d’optique commune consiste à croire que le bâton est réellement courbé sous l’eau parce que c’est l’expérience perceptive que nous en faisons : l’illusion s’oppose d’emblée à la vérité qui est jugement de ce qui est comme cela est.

  La vie désigne soit en son sens le plus général, la conservation biologique de l’existence, soit dans un sens qui ne s’applique qu’à l’homme la vie de l’esprit dans sa dimension consciente, théorique et morale, et par extension tous les êtres vivants. Est nécessaire  ce qui ne peut pas ne pas être ou ne pas être autrement qu’il n’est; il s’oppose au contingent qui pourrait ne pas être ou être autrement qu’il n’est, et se distingue du possible qui n’est pas encore, mais pourrait être.  Il nous est demandé si la vie dans sa double dimension biologique et spirituelle  ne serait plus ce qu’elle est sans l’illusion; ce jugement de l’esprit qui fait que nous prenons pour vrai ce qui ne l’est pas.

L’illusion semble nécessaire à la vie dans la mesure  où la vie a besoin d’illusionner certains êtres vivants afin de parvenir à sa conservation à travers le temps. Toutefois la vie ne se réduit pas à une entité impersonnelle puisque les hommes grâce à leur conscience sont les seuls êtres vivants qui ne se contentent pas de vivre la vie universelle, mais leur vie propre. Il s’agit alors de se demander s’il est nécessaire aux êtres humains pour vivre leur vie de s’illusionner eux-mêmes. Nous soutiendrons alors que l’illusion leur est nécessaire pour vivre une vie heureuse. Néanmoins puisque la vie et le bonheur se distinguent, n’est-il pas possible de vivre malgré tout une vie dénuée d’illusion ? Nous sommes alors confrontés à ce problème : l’illusion est-elle essentielle à la vie dans son double sens biologique et spirituelle ou bien peut-on penser une vie susceptible d’être vécue en étant dénuée d’illusion ?

illusion

« II L'illusion est nécessaire aux hommes pour vivre une vie heureuse _ La connaissance de la vérité s'oppose à la quête du bonheur.

L'existence des hommes consiste alors en la recherche d'un état de satisfaction durable appelé bonheur.

C'Est-ce que l'on peut soutenir avec pascal aufragment de ses Pensées en édition Lafuma : « tous les hommes recherchent d'être heureux.

Cela est sans exception, quelques différents moyens qu'ils y emploient.

Ils tendent tous à ce but(…) c'est le motif de toutes lesactions de tous les hommes jusqu'à ceux qui vont se pendre ».

Ainsi le bonheur comme but de recherche constitueun principe à validité universelle qui ne tolère aucune exception.

Corollairement, les hommes sont épris de larecherche de la vérité.

Or grâce à leur conscience, les hommes connaissent l'existence dans sa vérité et cetteconnaissance de l'existence contredit leur exigence de bonheur.

Ainsi les hommes recherchent un état desatisfaction durable et leur conscience leur apprend leur nature d'être déchue, tombée dans le monde terrestre,promis à la mort et au néant.

La connaissance de la précarité de leur condition vient contrevenir à leur exigence debonheur : la perspective de la mort pouvant advenir à tout moment est le principe d'une rupture radicale entrel'exigence de vérité et l'exigence de bonheur._ Dans l'impossibilité de faire coïncider la connaissance de la vérité et l'exigence du bonheur, les hommes préfèrentse masquer la vérité pour rechercher le bonheur .

Or comme par leur conscience, ils connaissent la vérité qu'est la misère de la condition humaine, ils cherchent à la masquer afin de poursuivre leur recherche.

L'illusion va consisteralors à faire comme si personne et surtout pas soi ne devait un jour mourir : cette illusion est volontaire etconstitue une ruse que les hommes emploient pour se tromper eux-mêmes.

C'est-ce que l'on peut soutenir avecPascal, au fragment 133 de ses Pensées : « les hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, ils se sont avisés pour se rendre heureux de n'y point penser ».

Le désir du bonheur nous fait alors nous masquer la facecomme d'un linge qu'on se mettrait devant les yeux tout en courant au précipice.

La recherche et la connaissancede la vérité a été sacrifiée au bonheur qui exige l‘illusion volontaire._ . Le divertissement est le moyen par lequel les hommes se trompent eux-mêmes afin de conserver leur vie heureuse.

Comment ne pas penser à la mort, à la maladie, à la misère et à l'ignorance ? En se divertissant, c'est-à- dire étymologiquement « en se détournant de son chemin » : pour ne pas regarder le bout de la route qu'est lamort, il faut s'arrêter et regarder à droite et à gauche.

Les divertissements sont alors des moyens hérités del'institution sociale qui nous détournent de penser à notre condition misérable incompatible avec le bonheur : lachasse, le jeu, la conversation des femmes, la guerre.

Toutes les activités humaines peuvent être considéréescomme des divertissements destinées à nous faire oublier une vérité contradictoire avec notre exigence de bonheur.La condition paradoxale de son efficacité est de croire sincèrement que le divertissement nous apporte le bonheurquand il ne nous fait que nous masquer la connaissance de notre malheur.

C'Est-ce que l'on peut soutenir toujoursavec Pascal au fragment 136 : si l'on donnait à un homme l'argent qu'il gagne tous les jours en jouant, on le rendraitmalheureux car il a besoin lui-même de croire que le divertissement lui apporte le bonheur : « il faut qu'il s'yéchauffe et qu'il se pipe lui-même en s'imaginant qu'il serait heureux de gagner ce qu'il ne voudrait pas qu'on luidonnât à condition de ne pas jouer (…)« Ainsi le divertissement est la ruse par laquelle les hommes s'illusionnenteux-mêmes.T l'illusion est nécessaire aux hommes pour vivre une vie heureuse.

Néanmoins puisque la vie et le bonheur sedistinguent, n'est-il pas possible de vivre malgré tout une vie dénuée d'illusion ? III La vie peut être vécue par les hommes sans illusions _ La vie des hommes n'est pas nécessairement heureuse.

En effet rien ne garantit que le bonheur constituel'essence ou l'un des prédicats de la vie humaine .

Dans la mesure où le bonheur est un état de satisfaction durable et que la vie est précaire et peut à tout moment cesser, la vie humaine ne peut conserver le bonheur qu‘au titred‘une illusion agréable en se trompant sur sa propre nature .

Si la condition humaine est traversée par l 'inconsistance et la précarité de notre existence.

Aussi il ne peut y avoir pour nous de satisfaction durable : toute satisfaction estprovisoire et soumise au changement comme le reste du monde.

Et c 'est la raison pour laquelle le bonheur est souvent considérée au à titre de béatitude comme une propriété de la vie éternelle après la mort dans les doctrinesreligieuses des monothéismes.

Mais si le bonheur est inaccessible sur terre, ce n 'est pas le cas de la joie qui est le sentiment de notre existence éprouvé dans toute son intensité et sa précarité.

La joie contrairement au bonheurest adaptée à la précarité de la condition humaine car elle est une disposition intérieure que la perspective de lamort ne fait pas disparaître, mais avive au contraire.

Ainsi Montaigne dans ses Essais III, 13 affirme : « pour moi donc j 'aime la vie et la cultive telle qu 'il a plût à Dieu de nous l 'octroyer ».

La sagesse véritable consiste alors à ne pas rechercher un bonheur inaccessible sur terre, mais la joie qui résulte simplement d 'une vie vécue selon la vie elle-même._ La philosophie est la recherche d'une vie dénuée d'illusions confortables.

Aussi peut-on dire d'elle qu'elle a lecourage de la vérité. Si une vie dénuée d'illusion ne permet pas le bonheur, elle a tout de même une validité en elle- même, indépendamment de son intérêt éthique.

La philosophie n'ignore pas que la vérité ne coïncide pas toujoursavec le bonheur ; mais elle choisit d'assumer le risque du malheur pour se confronter à la vérité.

Face à ce dilemmela vérité ou le bonheur, la philosophie refuse de se réconforter avec des illusions et préfère la recherche de la véritéquoique il lui en coûte.

On pourrait appeler cette décision le courage de la vérité.

Et ce courage qui caractérisespécifiquement la philosophie comme la recherche de la vérité est illustré par l'attitude de Socrate à son procèsrelatée par Platon dans son Apologie de Socrate.

Face aux jurés qui veulent le condamner à mort, Socrate sait qu'il peut sauver sa vie en jurant de ne plus rechercher la vérité, en cessant son activité maïeutique dans les ruesd'Athènes auprès de ses habitants qu'il vient piquer comme un taon.

Mais Socrate préfère la mort à une viedépourvue de cette recherche qui vient détruire les illusions : « la vie sans examen ne vaut pas la peine d'êtrevécue » ( 38a-b).

Par conséquent , si la recherche de la vérité ne permet pas nécessairement le bonheur et même. »

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