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L'imagination nous impose-t-elle des désirs insensés ?

Publié le 17/03/2009

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La pensée chez l'homme a le pouvoir de créer des entités qui n'appartiennent pas à la réalité, et de poser des images qui la dirige vers ce qui est absent, vers le passé, le possible ou l'oeuvre en projet. Cette faculté fondamentale est l'imagination, et ses produits rentrent dans l'ordre de l'imaginaire. Ainsi la conscience produit des images qui dérivent directement ou indirectement d'objets sensibles, ou réels. Mais l'imagination n'a pas toujours été perçue comme étant une faculté noble chez l'homme, puisqu'en effet ses produits peuvent le diriger vers des conceptions erronées. Et ces conceptions nous somme de penser l'imagination libérée de la perception, une imagination à laquelle on confère un caractère radical de nouveauté, une prodigalité aberrante, un dynamisme inépuisable. Compte tenu  de cette faculté inhérente à chacun, elle laisse libre cours à tous les désirs, à toutes les formes, elle est la puissance de toute réalisation mentale, aussi étrange soit-elle, par l'individu. Mais l'imagination n'est-elle qu'un véhicule supplémentaire des volitions humaines, ou détient-elle plus essentiellement cette particularité de tout transformer, sans limitations ?

1 - Y a-t-il besoin d'imagination pour avoir des désirs ? 2 - Pourquoi l'imagination n'est-elle pas raisonnable ? 3 - Pourquoi l'imagination n'est-elle pas morale ? 4 - En quoi avons-nous besoin des fictions de l'art ? 5 - En quoi avons-nous besoin de rêver ?

« sont pas forcément des indices de vérité.

Pascal considère ainsi l'imagination comme la « partie décevante dans l'homme […] maîtresse d'erreur et de fausseté » ( Pensées , frag.

82). L'imagination trouble ainsi la raison puisqu'elle a un pouvoir sur tout, c'est-à-dire qu'elle peut détourner toutes choses, et envahir la conscience del'homme : « Le plus grand philosophe du monde sur une planche plus large qu'ilne faut, s'il y a au-dessous un précipice, quoique sa raison le convainque desa sûreté, son imagination prévaudra.

Plusieurs n'en sauraient soutenir lapensée sans pâlir et suer » (idem).

Force ainsi est de constater avec Pascal lasatisfaction qu'elle procure à l'homme : « Rien ne nous dépite davantage quede voir qu'elle remplit ses hôtes d'une satisfaction bien autrement pleine etentière que la raison ».

Quand la raison s'efforce de guider toute conscienceselon des modèles axiologiques destinés à ne pas troubler l'ordre(psychologique ou social), l'imagination paraît être un lieu de repos,d'entretien infini avec soi-même, de relâchement peut-être, de satisfactioninfinie des désirs individuelles, en pensée.

c. L'imagination, même si elle peut perturber la raison, a aussi cette capacité d'établir des schèmes de pensées qui dépassent ceux de la raison.Car l'imagination est invention, elle est la « reine des facultés » pour reprendrele mot de Baudelaire .

L'imagination donne à l'homme une sensibilité du monde autre que celle logique, instaurée par la raison.

L'imagination créée lanouveauté, donne de nouvelles conceptions du monde : « L'imagination est lareine du vrai, et le possible est une des provinces du vrai.

Elle est positivement apparentée avec l'infini » (Baudelaire, Curiosités esthétiques , Salon de 1859).

L'imagination incarne cette liberté sauvage (de désirs effrénés), « ce refus indéfini d'être quoi que ce soit » pour reprendre le mot deValéry.

III.

L'imagination : pathologique ou thérapeutique ? a.

L'imagination, on l'a vu, est la possibilité de s'extraire du donné, de la réalité, pour s'échapper dans les tréfonds d'un monde où tout est possible.

Elle est cette faculté de la fuite, de la jouissance, pour un moment, de neplus être véritablement soi, et de se glisser dans la peau d'un soi tout autre, d'un soi sublimé, d'un soi qu'on ne seratrès certainement jamais dans le monde matériel : « L'imagination s'exalte chez celui qui, dans le silence de la nuit,divague ou discute avec un adversaire imaginaire ou tourne autour de sa chambre, en bâtissant des châteaux enEspagne » (Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique).

Kant évoque ainsi les égarements de l'imagination,ses « inventions sans frein, ou bien absolument sans règle ».

On se rappelle Don Quichotte : La pathologie de DonQuichotte c'est qu'il interprète les éléments du réel (objets, événements) à l'aide d'une « grille romanesque », enajoutant par conséquent à la vie réelle des éléments inventés, fantasmés, que Don Quichotte aurait voulu voirréellement exister.

C'est comme si les œuvres fictionnelles ne lui suffisaient plus pour s'évader du monde réel qui necoïncide pas avec ses désirs.

C'est comme si elles ne lui suffisaient plus pour oublier le temps d'une œuvre que leprincipe de réalité contredit nécessairement le principe de plaisir.

C'est comme si sans arrêt il avait besoin d'œuvresd'art, de fictions, pour sans arrêt compenser, défouler ses désirs, satisfaire ses phantasmes.

La nouvelle deCervantès tourne ainsi en dérision le danger mis au jour par Platon, danger qui consiste à se complaire dans les contextes fictionnels dans lesquels on peut s'adonner à des émotions illicites, et même à fantasmer, à changer laréalité pour être en mesure de s'adonner de manière optimale à ces émotions.

b.

L'imagination permet ainsi de pallier à la non possibilité de satisfaire ses instincts.

L'imagination sera donc le moyen de transposer autrement dans la réalité l'énergie sexuelle d'un individu.

Ainsi, les créations de l'artiste « sontles satisfactions imaginaires de désirs inconscients » (Freud, Ma vie et la psychanalyse ).

Le royaume de l'imagination permet de rendre moins douloureux le passage du principe de plaisir (satisfaire les instincts) au principe de réalité(refoulement de la dynamique des instincts).

L'imagination est un substitut à la satisfaction instinctive.

Conclusion On a vu que l'homme est doté de cette faculté fondamentale qu'est l'imagination.

Elle lui permet de produireindéfiniment des images capables de reproduire la réalité, voire même de la déformer ou de la transformercomplètement.

En dépit de sa position équivoque, puisqu'elle se permet de défier la raison, l'imagination est pour lesujet la possibilité de se créer un monde alternatif, un monde imaginaire.

Aussi, toute la matière sensible, quelquesoit ce qu'elle exprime, offre au sujet le pouvoir de rêver, de s'abandonner dans la sphère infinie de l'imaginaire.. »

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