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L'induction et les problèmes qu'elle pose. ?

Publié le 17/11/2009

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INTRODUCTION. - Suivant l'objet de son étude, le savant a recours à des méthodes différentes. Le géomètre qui, en posant ses définitions, s'est donné un objet parfaitement déterminé, procède par déductions rigoureuses, tirant des principes qu'il a posés les conclusions qu'ils impliquent. Le physicien et le chimiste, au contraire, se trouvent devant un monde qui leur est donné dans sa complexité confuse : dans leurs recherches, la déduction n'intervient qu'à titre auxiliaire; leur méthode est essentiellement inductive. Nous allons préciser ce qu'il faut entendre par induction et les problèmes que pose cette opération mentale. I. - L'INDUCTION. C'est l'induction scientifique qui pose des problèmes délicats. Aussi est-ce à elle que nous nous arrêterons. Mais nous ne pouvons pas ignorer que le mot induction est pris dans d'autres sens. C'est pourquoi nous commencerons par signaler ces acceptions diverses du mot ainsi le champ de notre recherche se précisera. A. Significations diverses. — a) Dans le langage courant, le verbe induire conserve encore le sens étymologique de « conduire vers « : on est induit en erreur; dans le Pater, le chrétien demande à Dieu de ne pas l'induire en tentation. Mais le substantif « induction « n'est plus employé dans ce sens.

« Ce raisonnement, nous le faisons souvent, mais pour vérifier une induction déjà faite; ce n'est pas lui qui constituel'induction.

De plus, nous devons répéter l'observation faite à propos de la théorie associationniste : la répétitionn'est pas nécessaire à la formation de l'hypothèse, et l'observation d'un seul fait suffit à suggérer l'idée d'une loi. c) C'est pourquoi il semble plus conforme aux faits de voir dans l'induction une intuition intellectuelle : nouspercevons dans l'individu la forme universelle qu'il réalise, dans le fait particulier la loi générale qui le régit.

Parexemple : je laisse tomber mon crayon (fait particulier et contingent); il se produit un bruit (fait particulier etcontingent); mais la succession de ces deux faits particuliers et contingents suffit à me donner l'idée d'un rapportgénéral et nécessaire : la chute du crayon produit toujours et nécessairement un bruit. B.

Problème logique : l'induction est-elle un raisonnement valable ? —Tandis que le psychologue observe nos différentes manières de penser, le logicien ne retient que celles qui sont conformes aux lois essentielles de la penséerationnelle.

Or, une loi essentielle de la pensée rationnelle est de ne pas affirmer dans la conclusion plus qu'il n'estdonné dans les prémisses.

On voit, dès lors, la grande difficulté que pose l'induction, caractérisée courammentcomme le raisonnement qui conclut du particulier au général.

Pour sauver la validité du raisonnement inductif, on aproposé diverses explications, dont nous discuterons les deux principales. a) On a d'abord prétendu que l'induction, ainsi que nous l'avons déjà signalé, se fondait sur le principe de raisonsuffisante : la répétition ou la constance d'une coïncidence ne peut avoir comme raison suffisante que l'existenced'un rapport de causalité entre les faits qui coïncident.Nous pourrions tout d'abord demander aux partisans de cette théorie d'où ils tiennent que tout a sa raisonsuffisante; s'ils attribuent l'origine de ce principe à l'expérience, leur explication constituerait un cercle vicieux, leprincipe destiné à justifier l'induction étant lui-même le produit d'une induction.

Mais ils pourraient répondre aussique ce principe est évident et qu'il se déduit du principe d'identité : dans ce cas, leur explication serait logiquementinattaquable du point de vue de la majeure.Il resterait la difficulté de la mineure, qui affirme la constance d'une coïncidence.

On peut constater une coïncidencerépétée : on ne peut pas constater une coïncidence constante, c'est-à-dire s'étendant à tous les cas, car on n'apas pu constater tous les cas, passés, présents et futurs.

Par suite, si la mineure affirme une coïncidenceconstante, elle constitue une induction du particulier au général que ne fonde aucun principe; si elle affirme unecoïncidence répétée, il n'est pas rigoureusement vrai que cette coïncidence ne puisse être expliquée que par unrapport de causalité : le hasard peut suffire à en rendre compte.Même en l'appuyant sur le principe de raison suffisante, on ne fait donc pas de l'induction un raisonnementlogiquement valable. b) D'autres, à la suite de Claude BERNARD, ont fondé la valeur de l'induction sur le raisonnement déductif decontrôle.Sans doute, la valeur de la méthode inductive repose sur le raisonnement déductif que Claude BERNARD appelle -raisonnement expérimental.

Mais c'est reconnaître par là que le raisonnement inductif lui-même n'a .

pas de valeurlogique.

De plus, les différents contrôles déductifs qui confirment l'induction n'ont pas une valeur absolue.

Chacun luidonne seulement une plus grande probabilité.

Le contrôle ne serait rigoureusement valable que si on l'avait fait danstous les cas possibles; or, on doit se contenter de quelques cas.

Par conséquent, ici encore on reste au stade del'induction : on conclut de quelques cas à tous les cas.L'induction n'est donc pas un raisonnement logique.

Il est, nous l'avons dit, l'intuition d'une loi générale dans un casparticulier. C.

Problème métaphysique : quelle est la valeur des données de l'induction? — Le logicien s'en tient à la recherche de la valeur tonnelle des opérations de l'esprit : est valable pour lui ce qui n'implique pas contradiction.

Lemétaphysicien cherche à déterminer la valeur réelle de la pensée : valent pour lui les représentations quicorrespondent aux choses.

Ce problème était appelé autrefois « problème des universaux » ; c'est le problèmemoderne de la valeur de la science. a) Les concepts scientifiques (les notions de genres et d'espèces) sont-ils de pures constructions de l'esprit ? Leslois générales énoncent-elles ce qui se passerait dans le monde que nous nous représentons, mais qui estradicalement différent du monde réel ? Les nominalistes répondent par l'affirmative et n'admettent pas la valeur desidées générales. b) Au contraire, pour les réalistes, les concepts scientifiques obtenus par abstraction retiennent du réel lescaractères essentiels, la forme universelle : ils nous font donc connaître la réalité.Nous ne pouvons nous attarder à la discussion de ces théories.

Nous nous contenterons d'une brève remarque.

Onne saurait nier la part de l'esprit dans notre représentation du monde extérieur : nos connaissances sont dans unecertaine mesure relatives à notre mode de connaître.

Mais il est un cas privilégié : dans l'intuition du moi, c'est unêtre que nous atteignons, et non sa représentation; par suite, les lois que nous fournit la connaissance de nous-même sont les lois des choses, et non pas seulement les lois de notre représentation.

Ainsi nous avons uneinduction certaine et, grâce à elle, nous pourrons déterminer la valeur des autres.

C'est donc à une théorie réalisteque nous nous rallions. CONCLUSION.

- L'induction n'est donc pas l'opération mentale toute simple que l'on suppose parfois : il n'est pas facile de déterminer en quoi elle consiste et elle pose des problèmes multiples.. »

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