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L'intention fait-elle seule la valeur morale de l'acte ?

Publié le 15/09/2014

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morale

Mais, on le voit, l'intention ainsi comprise implique une véritable action qui, pour être parfois plus intérieure qu'extérieure, n'en est pas moins réelle, Aussi bien n'est-ce pas sur la valeur morale de l'intention pure que nous avons à nous prononcer. Nous ne considérons que l'in­tention qui s'est réalisée en acte, et nous nous demandons si c'est d'elle 

morale

« LES SYSTE~ES DE ~URALE :Hï La question ainsi posée comporte une rt'.·ponse différente, du moins plus mnrncPe.

Dans ce contexte.

en effet, le mot cc intention" désigne une déci­ ,;ion rérncable ou même un projet plus ou moins vague quand ce n'est pas un simple rêve; velléités et non volitions véritables.

'.\:ous avons ainsi des milliers d'intentions qui n ·auront jumais un commencement d 'exé­ cution.

De bonnes intentions de ce genre on dit que l'enfer est pavé.

Inutile de le dire, ce ne sont pas des intentions de cet ordre qui suffi­ :-ent à faire la valeur morale de l'acte : ne vaut que 1 'intention comportant une décision véritable, et le seul moyen de s'assurer qu'une décision a été prise c'est de \·érifier s'il y a eu un commencement d'exécution.

Mais, rlans ce cas, l'intention suffit à assurer la valeur morale de l'acte qui n'a pas abouti.

Ainsi, la majeure partie des dons américains apportés par le "train de l'amitié'' n'ont pas été distribués à leurs destinataires par suite de l'incendie des entrepôts de Charenton; le service projeté n'a pas été rendu; et cependant le mérite des donateurs est le même que si leur généreux envoi était parvenu aux enfants en détresse qu'ils voulaient secourir; la réussite de leur projet n'aurait rien ajouté à sa valeur morale, qui était tout entière dans l'intention.

:\lais, on le voit, l'intention ainsi comprise implique une véritable action qui, pour être parfois plus intérieure qu'extérieure, n'en est pas moins réelle.

Aussi bien n'est-te pas sur la valeur morale de l'intention pure que nous avons ù nous prononcer.

Nous ne considérons que l'in­ tention qui s'est réalisée en acte, et nous nous demandons si c'est d'elle seule que cet acte tire sa valeur morale, ou bien si cette valeur est affectée par les accidents qui peuvent, indépendamment de l'intention, survenir dans la réalisation de l'acte.

En d'autres termes, la valeur morale de nos actes dépend-elle uniquement de ce que nous voulions faire ou faut-il tenir compte de ce que nous avons fait sans le vouloir? Ayant ainsi précisé la question, nous ne pouvons pas hésiter à faire une réponse différente : c'est l'intention qui fait toute la valeur morale de nos actes.

Peu importe que, m'étant proposé comme garde-malade béné­ vole d'un malade sans famille, je lui aie par erreur administré un nar­ cotique mortel, mon action n'en est pas moins charitable.

Peu importe que mon arme n'ait pas fonctionné : si j'ai tiré sur mon ennemi avec l "intention de le tuer, je suis moralement coupable d'homicide.

Toute la Yaleur morale des actes humains effectivement r1\alis1\s esl rlans ! 'inten­ tion-projet.

* * * Plus complexe sera la réponse it la seconde questioi;i concernant 1 "in­ tention-but, et que nous pouvons formuler ainsi : la moralité d'un acte est-elle déterminée uniquement par le but dans lequel on agit? Le but n'est pas indifférent à la moralité dont il peut renverser le sem, transformant le bien en mal.

Ainsi.

venir à l'aide d ·un miséreux est moralement bon; mais si mon intervention n'a d'autre but que d'obtenir de lui qu'il devienne mon collaborateur dans une entreprise coupable, par exemple qu ïl porte un faux témoignage, le don perd toute sa valeur morale et participe à la perversité de l'intention qui l'inspire.

Mais la moralité dépend-elle uniquement de l'intention, en sorte que peu importerait ce qu'on fait.

Par exemple, étant admis que les parents doivent pourvoir à l'avenir de leurs enfants, un père peut-il voler, soudoyer. »

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