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L'intimité doit-elle être partagée en toutes circonstances ?

Publié le 27/09/2010

Extrait du document

 

I. La protection de l'intimité est indispensable

- L'intimité est un besoin naturel et nécessaire - Les conséquences des atteintes à l'intimité - La loi la protège des abus

II. Les limites du respect dû à l'intimité

- L'intimité n'est pas une valeur universelle - Le respect de l'intimité peut conduire à des excès - La loi permet donc certaines intrusions

 

« respecter le contenu des correspondances.

La loi « Informatique et Libertés » de 1978 contrôle le contenu etl'utilisation des fichiers informatisés.

La loi de 1979 sur les archives interdit leur publication ou leur consultation, parexemple pendant 60 ans en ce qui concerne le patrimoine ou la vie privée des personnes physiques, 150 ans pourles documents à caractère médical comportant des renseignements individuels.

En outre, les médias ou les individuspeuvent être accusés en justice pour diffamation ou divulgation d'informations privées.Il existe donc un « droit à l'intimité », largement reconnu et protégé dans notre société. Le caractère universel de la valeur accordée à l'intimité peut cependant être discuté.Selon les civilisations, la pudeur et l'intimité connaissent des variations quantitatives ou qualitatives.

Ainsil'expression du deuil est publique chez les Anciens et encore maintenant chez certains peuples, avec des cortègesde pleureuses bruyantes, tandis que notre société, au contraire, l'entoure de discrétion.

Au XIXe siècle, la mentalitévictorienne cache soigneusement toutes les actions du corps, tandis qu'au xxe siècle la nudité ou les relationsamoureuses s'exhibent sur les affiches ou sur les plages.

Un homme politique américain peut voir sa carrière détruitepar la révélation de sa liaison extraconjugale, alors que les Français se montrent moins curieux et moins exigeantssur les amours de leurs ministres.Bruno Bettelheim, en affirmant que notre époque ressent moins le besoin d'intimité, oublie sans doute que l'individua-lisme se développe.

On notera également le succès des baladeurs, qui tient au fait qu'ils permettent d'écouter enpublic la musique de son choix sans importuner les autres.Il est en outre des cas où le respect de l'intimité peut aller à l'encontre de la protection des individus ou de lasûreté des États.L'héroïne de Bernardin de Saint-Pierre, dans le roman du XVIIIe siècle Paul et Virginie, préfère mourir durant unnaufrage plutôt que de montrer sa nudité en sautant à l'eau sans ses lourds vêtements.

Cette pudeur pouvait déjàsembler excessive à l'époque ; elle paraît incongrue au xxe siècle, où les progrès de la médecine nous ont habitués,pour notre bien, à nous dévêtir devant des inconnus lors des nombreux dépistages de maladie.

Nous acceptonsaussi la fouille des sacs à l'entrée des magasins ou des avions afin de participer à la lutte contre les attentats.Ainsi se pose le problème de la nécessité des enquêtes, des écoutes téléphoniques permettant de pourchasser lesterroristes ou les malfaiteurs.

Les valeurs d'égalité de la démocratie rendent utiles les inspections des contrôleursdes impôts sur nos revenus.

Pensons aussi aux scrupules des voisins, des assistants sociaux et des médecins qui,ayant connaissance des sévices subis par un enfant, sont partagés entre le devoir de discrétion et l'obligationd'aider les personnes en danger.La loi permet donc, dans certains cas, les intrusions dans la vie privée.

Une loi de 1971 a ainsi étendu à tous lesagents publics l'obligation de transmettre à leur hiérarchie les informations concernant les sévices et les privationsinfligés aux mineurs de moins de 15 ans.

La levée du secret bancaire devient une nécessité de plus en plus grandeet mieux acceptée en Europe face au développement des trafics de drogue.Dans une démocratie moderne les exigences parfois opposées des différents droits font que les frontières entre laprotection de l'intimité et sa nécessaire violation sont plus complexes que ne le laisse supposer Bruno Bettelheim, etdépendent de l'état des techniques modernes et de l'évolution d'un débat de société sans cesse repris.

La pratiquedes écoutes téléphoniques administratives a de nouveau fait en France l'objet d'une loi en 1991 : il s'agit, encore ettoujours, de les permettre moyennant un contrôle efficace contre les abus possibles.

De même la C.N.I.L.(Commission nationale de l'informatique et des libertés) surveille de près la création de certains fichiers informatiqueset permet à la fois aux individus et aux pouvoirs publics de consulter leur contenu, mais par son intermédiaire etsous son contrôle.Ainsi se construit un délicat équilibre entre des droits parfois contraires, mais qui se complètent afin d'assurerl'harmonie d'une société, et le respect des valeurs qu'elle reconnaît à un moment donné, et parmi lesquelles figurel'intimité. Huis clos de Jean-Paul Sartre imagine que l'Enfer consiste à enfermer éternellement trois personnes dans la mêmepièce, en les privant de toute vie privée.

Bruno Bettelheim a donc raison de défendre le droit à l'intimité sous toutesses formes : elle est indispensable à notre survie et à notre dignité d'êtres humains.Cette valeur connaît cependant des variations selon les cultures, et se heurte à d'autres droits dont l'importanceest égale.

L'un des traits distinctifs des démocraties réside donc dans les voies choisies pour résoudre au mieux lesconflits nés de l'opposition entre la raison d'État et l'intimité individuelle, le respect de la vie et le respect de la vieprivée.. »

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