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LOCKE et la table rase

Publié le 25/09/2009

Extrait du document

locke
Supposons donc qu'au commencement l'âme est ce qu'on appelle une table rase, vide de tous caractères, sans aucune idée, quelle qu'elle soit. Comment vient-elle à recevoir des idées ? Par quel moyen en acquiert-elle cette prodigieuse quantité que l'imagination de l'homme, toujours agissante et sans bornes, lui présente avec une variété presque infinie ? D'où puise-t-elle tous ces matériaux qui sont comme le fond de tous ses raisonnements et de toutes ses connaissances ? À cela, je réponds en un mot, de l'expérience : c'est là le fondement de toutes nos connaissances, et c'est de là qu'elles tirent leur première origine. Les objets extérieurs et sensibles, ou sur les opérations intérieures de notre âme, que nous apercevons et sur lesquelles nous réfléchissons nous-mêmes, fournissent à notre esprit les matériaux de toutes ses pensées. Ce sont là les deux sources d'où découlent toutes les idées que nous avons, ou que nous pouvons avoir naturellement. C..] L'autre source d'où l'entendement vient à recevoir des idées, c'est la perception des opérations de notre âme sur les idées qu'elle a reçues par les sens opérations qui, devenant l'objet des réflexions de l'âme, produisent dans l'entendement une autre espèce d'idées, que les objets extérieurs n'auraient pu lui fournir : telles que sont les idées de ce qu'on appelle apercevoir, penser, douter, croire, raisonner, connaître, vouloir, et toutes les différentes actions de notre âme, de l'existence desquelles étant pleinement convaincus, parce que nous les trouvons en nous-mêmes, nous recevons par leur moyen des idées aussi distinctes que celles que les corps produisent en nous, lorsqu'ils viennent à frapper nos sens. [...] Mais comme j'appelle l'autre source de nos idées sensation, je nommerai celle-ci réflexion, parce que l'âme ne reçoit par son moyen que les idées qu'elle acquiert en réfléchissant sur ses propres opérations. LOCKE

Problématique Toutes nos idées proviennent de l'expérience. Il y a d'abord la perception qui nous livre des matériaux. Puis vient la réflexion, par quoi nous percevons les contenus de notre esprit. Locke insiste ici sur le caractère acquis de toutes ces représentations, pour la perception comme pour la réflexion. Enjeux Nous n'avons pas d'idées innées, selon Locke. Ainsi, même la pensée logique est d'abord déterminée par le contact entre l'esprit et le monde. La réflexion ne peut en effet pas tourner à vide, et sans expérience, il n'y aurait pas de pensée du tout. À cet empirisme radical, Leibniz répondra en insistant sur le caractère a priori de l'entendement lui-même. Plus tard, Kant défendra l'existence de structures a priori de la connaissance.
 

L’extrait qui nous est proposé se situe au début du livre II de l’Essai sur l’entendement humain de Locke. Plus exactement il s’agit des paragraphes 2 et 4. L’ellipse du milieu du texte correspond au paragraphe 3. Le livre I était consacré aux « notions innées « et consistait en une réfutation de l’idée selon laquelle il y aurait dans l’esprit humain des principes qui y seraient introduits avant tout contact sensoriel avec le monde extérieur. La tendance du livre I est donc toute négative. C’est pourquoi, le livre II cherche à caractériser positivement l’origine et le contenu de nos idées ou des contenus de nos pensées. Les termes centraux de notre extrait seront donc la sensation et la réflexion qui sont distinguées comme les seules sources de nos idées, supposant qu’il n’y a rien dans l’entendement qui n’ait été d’abord dans les sens. Ainsi afin de développer sa thèse, Locke utilise la célèbre fiction de la « table rase « qui serait comparable à l’âme ou l’esprit d’un nouveau-né. Ce texte, considéré comme l’un des fondements de l’empirisme, peut se comprendre logiquement en deux moments : la définition des deux sources de nos idées (du début de l’extrait à « Ce sont là les deux sources d'où découlent toutes les idées que nous avons, ou que nous pouvons avoir naturellement «) et l’approfondissement de la seconde source à savoir les opérations de notre esprit (de « L'autre source d'où l'entendement « à « l'âme ne reçoit par son moyen que les idées qu'elle acquiert en réfléchissant sur ses propres opérations «). C’est suivant ces deux moments que nous entendons expliquer ce texte. 


locke

« Il nous place dans la situation fictive et nous place dans la situation d'un observateur d'une âme dès soncommencement.

L'essentiel est alors de voir ce qu'il s'en suit et si sans faire appel à la théorie des idées innées, onpeut rendre compte de la connaissance humaine.

Dans ce cas, sa thèse s'oppose directement à thèse rationalistedes idées innées.

Il s'agit plus particulièrement d'une discussion avec Leibniz .

C'est pourquoi Locke énonce la fameuse thèse de la « tabula rasa » ou de la table rase.

L'âme serait alors à la manière d'une planche de cire oud'une feuille vierge de toute chose, donc aucune idées innées n'est prérequises.

Le problème de la thèse empiristeest alors de comprendre comment se forme les idées puisque l'âme n'en dispose d'aucune par elle-même.

Et c'estbien ce dont rend compte l'ensemble des questions de cette première partie.

Le problème est alors celui de laréception des idées, c'est-à-dire comment opéré le remplissage de cette table rase.

En bref, il s'agit de comprendrecomment on passe de la virginité de l'âme à son remplissage et ses capacités de combinaison infinie que nous donnenotamment la faculté de l'imagination comme combinaison des images.

Le problème est donc celui du « matériau » etde fondement des raisonnements. b) Ne pouvant faire appel aux idées innées pour la construction de nos raisonnements et de nos idées, Locke fait del'expérience, c'est-à-dire de la réception du donné extérieur la source essentielle de nos connaissances.

Elle est lasource première, le commencement et le fondement de toutes les connaissances que nous pouvons alors.

End'autres termes, il s'agit de la sensation.

Cependant, il faut bien voir que la sensation ou l'expérience ne relève pasexclusivement de la réception de l'extériorité.

L'expérience se saisit aussi dans l'intériorité.

C'est en ce sens quenous pouvons avoir une connaissance de nos états intérieurs.

L'expérience n'est pas purement extérieure au sujet.L'extériorité de l'expérience nous donne une connaissance sur les objets au-delà de notre sphère intime, maisl'expérience et la connaissance qu'elle peut nous fournir ne se limite à la frontière endodermique.

C'est pourquoiLocke parle de connaissances sur les « opérations intérieures de notre âme ».

L'essentiel est bien ici de saisir l'importance des termes de l'aperception et de la réflexion.

Il s'agit d'opération consciente que nous faisons.

Le pointfondamental est bien de considérer que Locke ne sépare pas la réflexion et l'aperception de l'expériencecontrairement à ce que pourrait laisser supposer l'empirisme.

Dès lors, il y a une distinction essentiel à produire entreles idées de sensation et les idées de réflexion.

Toutes dérivent de l'expérience, mais il faut bien voir quel'aperception et la réflexion sont des dérivations des premières expériences, ce que vous développer plus amplementla seconde partie du texte. c) En effet, il s'agit des deux sources de notre connaissance.

Si Locke parle d'idée, il faut bien reconnaître quel'usage de ce vocable est particulier et ne renvoie à l'acception classique de ce terme.

Une idée chez Locke est lareprésentation d'une sensation que nous avons, ou bien d'une réflexion qui est une représentation de second ordre,en tant qu'elle dérive des idées de sensations.

Elle est à un niveau d'abstraction supérieure que la sensation.

Lepoint essentiel ici est bien le terme « naturellement » que Locke emploie.

L'essentiel de sa thèse est alors decritiquer toute métaphysique ou toute abstraction que peuvent produire les connaissances sans référence àl'expérience.

Celle-ci devient alors un critérium de vérité et de scientificité.

L'empirisme s'oppose alors directementau dogmatisme. Transition : Ainsi, selon Locke, toutes nos idées viennent de la Sensation ou de la Réflexion qui toutes deux dépendent del'expérience.

L'idée est ainsi l'objet de la pensée ou de la sensation.

La suite du texte de Locke développe plusparticulièrement les opérations de notre esprit en tant qu'autres sources de nos idées. II – Qu'est-ce que la réflexion ? a) D'emblée, il ne faut pas commettre l'erreur de considérer que lorsque Locke parle d'une autre source, il s'agisse véritablement d'une source distincte des deux autres qu'il vient de fournir juste une ligne plus haut dans l'extraitproposé.

En effet, le sauté omis dans l'extrait proposé est une explication de la provenance des idées, se focalisantsur les objets de la sensation.

Il s'agit donc d'une explication supplémentaire.

En ce sens, ce nouveau passage nefait que détailler davantage la seconde opération sur les opérations de notre esprit, tandis que le premier passagetraité de la sensation, donc de la première source de nos connaissances.

Cette seconde source de connaissancepour l'entendement, qui ne possède pas d'idées innées, est donc la perception des opérations se déroulant dansnotre âme relativement aux expériences que nous formons.

Ainsi, les idées de sensation sont les premières sourcesde nos idées tandis que les idées de réflexion ne sont que des dérivés des sensations.

Il s'agit en outre d'un jeu deregard ; de la prise de conscience des expériences qu'elle prend sur elle-même.

Ces idées de sensation ne peuventen aucun cas lui fournir les connaissances que lui apportent les idées de réflexion puisque cela suppose une certaineprise de vue sur soi.

Ainsi, alors que la sensation nous fournit une connaissance directe et immédiate, la réflexion. »

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