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L'optimisme et le pessimisme. L'une de ces attitudes est-elle susceptible de justification rationnelle ?

Publié le 22/02/2012

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Ce sujet a un double intérêt pédagogique. Comme pour toute dissertation, il faut mettre en ordre les idées que l'on peut avoir à ce propos et, puisque le texte même y invite expressément, en trouver une justification rationnelle, c'est-à-dire une démonstration régulière à partir de données reconnues comme certaines jusqu'à une conclusion rendue aussi évidente que possible. Mais, pour peu qu'on réfléchisse à ce problème, on a vite fait de se rendre compte que les tendances personnelles, qu'elles viennent du tempérament naturel ou qu'elles soient acquises par suite de l'éducation, sont la principale cause qui fait adopter l'une ou l'autre de ces positions. Il faudra donc établir une analyse approfondie de ces tendances pour voir quelle place elles peuvent laisser à la justification rationnelle. Sans doute l'on ne peut pas et l'on ne doit pas a priori déclarer que la rationalité est inutile sur ce point; l'optimisme et le pessimisme, en même temps que manifestations de tendances de caractère, sont des positions philosophiques. Il faut donc à la fois étudier aussi bien la part d'affectivité pour définir jusqu'à quel point elle influe sur l'opinion adoptée, et la part de rationalité pour juger à quelles conditions elle peut se constituer.

« Or il est facile de découvrir dans l'ensemble des événements deux aspects : l'un extérieur, ce que ces événementssont en eux-mêmes, et un aspect intérieur : leur signification profonde par rapport à l'homme.

La philosophieconsiste à passer de l'un à l'autre. a) Du point de vue extérieur cet ensemble d'événements dans leur rapport avec la vie de chacun constitue ce qu'onappelle la « destinée ».

Laissons de côté la vieille et vulgaire opinion que la destinée est réglée à l'avance pourchacun d'entre nous, à peu près comme il en est dans un scénario; il reste certain que pour une bonne partie lesconditions de vie qui nous sont faites sont en contradiction avec nos désirs.

Mais est-il rationnel de s'en plaindre?Nul d'entre nous n'a l'outrecuidance de dire que le monde n'a pas d'autre raison d'être que de se plier à nosconvoitises : mais se plaindre de ce que notre vie n'est pas ce que nous voudrions qu'elle soit, c'est un peusupposer une prétention de ce genre.

Conclure au pessimisme, c'est donc, au moins en partie, s'inspirer d'unpostulat ni démontré, ni démontrable.

Ainsi il apparaît que la justification rationnelle semble faire gravement défaut. b) Allons plus au fond des choses.

Si l'on regarde la signification des événements, c'est-à-dire les répercussionsqu'ils peuvent avoir sur nous-mêmes, c'est moins le problème de la destinée que celui de la « chance » qui se pose :comment se fait-il que ces événements contribuent plus ou moins à la réalisation de nos désirs? Or qu'est-ce que la chance? Une circonstance, ou une suite de circonstances telles que, sans l'avoir prévu, sansmême qu'il soit possible de le prévoir, nos désirs se trouvent réalisés, comme s'il y avait une puissance mystérieuse— les astrologues disaient une étoile — qui donne aux faits une impulsion favorable ou défavorable.

Mais cettechance est-elle complètement fortuite? Quand on y regarde de près, on se rend compte que les succès et leséchecs dépendent de toutes sortes d'impondérables et que ces impondérables viennent pour la plupart de notrecaractère : suivant que l'on est plus ou moins sympathique, que l'on a plus ou moins d'activité et d'ouverture, qu'onagit avec plus ou moins d'adresse ou de tact, toutes sortes de conséquences en résultent, que l'on ne voit pas, quel'on ne connaît pas, auxquelles on ne pense pas et qui pourtant ont une influence considérable sur les événements.On dira ensuite que l'on a ou que l'on n'a pas de chance : en réalité, c'est qu'on a été soi-même l'artisan de seséchecs comme de ses succès. Ainsi, plus on retourne la question, plus on s'aperçoit que c'est au fond de la conscience, dans l'étude de lamentalité intérieure, qu'il faut la porter.

se croyait capable d'acquérir, ou de succès prestigieux dans telle ou telle forme d'activité, ou de bonheurexceptionnel.

Dans tous ces rêves on a surestimé ses propres facultés ou les ressources de toute nature qu'onavait à sa disposition.

Bref on a demandé à la vie ce qu'elle ne pouvait nous donner; et parce qu'elle ne l'a pasdonné, on en conclut que c'est elle qui est mauvaise.

Il n'est alors que trop évident qu'à la base d'un tel jugementse trouve une erreur initiale. b) Plus importante et plus funeste encore est l'étroitesse d'esprit, c'est-à-dire l'incapacité de voir les choses commeelles sont.

Le défaut est d'autant plus difficile à guérir qu'il est moins conscient et que les jugements étroits et fauxainsi portés apparaissent à l'esprit de celui qui les porte avec une évidence complète.

Que de fois la vie est gâchéeparce qu'elle est orientée en vertu d'une conception fausse sur soi-même ou sur les* autres hommes; il ne peut pasne pas en résulter toutes sortes de fausses manœuvres et donc d'échecs.

Là encore on en cherche la cause un peupartout sans la voir là où elle est vraiment. c) Enfin et surtout la principale cause du pessimisme est d'ordre affectif, et c'est la méfiance par principe contretout et contre tous.

La peur d'être trompé a pour résultat d'enfermer le sujet en lui-même, d'arrêter en lui tout élan,de ne voir en autrui que le mal et donc de fausser son jugement, de manifester une hostilité de principe qui le rendantipathique, en un mot de créer chez autrui le désir de le tromper, ce dont il profitera naturellement pour êtreencore plus méfiant.

Ainsi il fait tout ce qu'il faut faire pour se rendre la vie mauvaise; toutes ses expériences luiseront autant de preuves que son attitude est juste : il n'ignore qu'une chose, c'est qu'il est lui-même l'auteur dupessimisme qu'il professe.

Toute sa conduite est, logiquement parlant, une pétition de principe continuelle : c'estparce qu'il postule le pessimisme qu'il le croit justifié.

Nous sommes à l'extrême opposé de la justification rationnelle. Ainsi apparaît la conclusion de cette première partie : rien n'est moins démontré rationnellement que le pessimisme,puisqu'il n'est que l'expression de tout autre chose que d'une activité de la raison.

En est-il de même pour ladoctrine contraire? II Si l'on veut faire une dissertation vraiment intéressante, il ne sera pas inutile de prendre garde que la seconde partiene soit pas une simple réplique de la première, présentant les mêmes arguments en sens contraire.

Sans doute il y alieu de chercher les causes de l'optimisme dans la mentalité intérieure, comme pour le pessimisme.

Mais au lieu decommencer par parler de l'influence des événements, maintenant qu'il est clairement établi que les jugements devaleur dépendent de la mentalité intérieure, c'est par elle qu'il faut débuter pour voir comment on parvient à cetoptimisme, ce dont il sera facile de conclure ensuite quelle place reste à la rationalité.

pour les mettre d'accord avec elle.

Encore faut-il mesurer les difficultés d'une telle attitude.. »

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