L'Utopie
Publié le 03/02/2021
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I utopie ordre parfait 1 L’Atlantide de Platon est la première expression de la cité idéale. Platon y fait plusieurs fois allusion, dans la République et le Timée notamment, mais surtout dans Critias où il est dit des atlantes qu’« ils avaient tout le nécessaire pour la nourriture et l’éducation, mais aucun d’eux ne possédait rien en propre ; ils pensaient que tout était commun entre eux tous, mais ils n’exigeaient des autres citoyens rien au-delà de ce qui leur suffisait pour vivre. » Apparaît d’emblée le point commun entre le muthos et l’utopie : le désir de rationalité. Reprenant la démarche de Platon, More présente sous le terme utopie « la meilleure constitution d’une République ». Ainsi, l’utopie assume les fonctions de la critique exercée par la raison sous la forme d’affabulation. La cité idéale se caractérise par la perfection, qui réside d’abord dans la sécurité dont jouit l’utopie protégée contre les dangers extérieurs par son insularité (reproduite à nouveau autour des villes qui la composent par d’imprenables fortifications). Le lien entre l’utopie et la modernité est donc double : D’un côté l’utopie exprime l’inquiétude de la modernité ; et de l’autre, la modernité se manifeste comme l’affirmation de la puissance de la pensée humaine sur la société et l’histoire, la soustraction de l’histoire à la maîtrise du hasard, de la tradition ou de la providence, et comme la conviction de pouvoir résoudre à la base le problème du mal et du malheur, en en supprimant les sources et en annonçant le règne du bonheur sur cette terre dans un futur proche. L’utopie a une double fonction dans le discours politique : celle de proposer une rupture radicale avec un système existant et de proposer un modèle de société idéale. Ce n’est pas un simple progrès de la société qui est visé, mais la préservation de l’altérité du phénomène utopique : de la société « réelle » ; l’utopie présente le miroir inversé, sans tomber dans la radicalité, puisque théoriquement, l’utopie est à elle-même son propre empêchement, son propre garde-fou : en s’empêchant d’être, l’utopie reste donc dans le vide… qui est son sens premier. En ce sens, l’utopie n’est pas, ni ne doit être, un programme politique : Si la réalisation d’une telle société est souhaitable, More affirme ne pas même l’espérer. Par le recours au genre littéraire, l’utopie se présente en effet comme une œuvre de fiction sans lien avec la réalité : le nom de l’île (« nulle part ») mais aussi du fleuve qui la traverse (Anhydre, c’est-à-dire sans eau) ou du navigateur Hythlodée (qui signifie : raconteur de balivernes) sont là pour nous le rappeler. Cependant, l’utopiste se refuse à tout recours au merveilleux ou à la fantaisie et le bonheur qui est censé régner en Utopie se doit de reposer sur la cohérence du projet. Nul climat paradisiaque, nulle bénédiction divine, nul pouvoir magique n’a contribué à la réalisation de la société parfaite. Il s’agit donc d’une fiction dont la valeur repose sur la cohérence du discours.
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fiction sans lien avec la réalité : le nom de l’île (« nulle part ») mais aussi du fleuve
qui la traverse ( Anhydre , c’est-à-dire sans eau) ou du navigateur Hythlodée (qui
signifie : raconteur de balivernes) sont là pour nous le rappeler.
Cependant, l’utopiste
se refuse à tout recours au merveilleux ou à la fantaisie et le bonheur qui est censé
régner en Utopie se doit de reposer sur la cohérence du projet.
Nul climat
paradisiaque, nulle bénédiction divine, nul pouvoir magique n’a contribué à la
réalisation de la société parfaite.
Il s’agit donc d’une fiction dont la valeur repose sur
la cohérence du discours.
2
Cette exploration du possible fait que l’utopie entretient un rapport particulier à
l’espace et au temps.
A l’espace d’abord, qui donne son support et sa forme à l’affabulation.
Où situer ce
« nulle part » ?
l’architecture ou l’art comme utopie, c’est-à-dire l’art engagé dans la transformation
sociale et au service de la création industrielle : c’est l’idée qu’au monde spirituel et
métaphysique succèdera un nouveau monde technique.
La problématique qui se
pose, est ici d’imaginer les métropoles du futur : face au développement des villes
tentaculaires et de la misère urbaine, Ebenezer Howard, lecteur de Ruskin et de
William Morris, invente la cité-jardin.
À l’inverse, la plupart des utopies architecturales
et urbanistiques de la première moitié du XXe siècle partagent la conviction que c’est
dans le cadre du développement industriel que doit être réinventée la ville moderne.
Dans les rêveries soviétiques des années 1920, la ville s’arrache au sol, cependant
qu’aux États-Unis, avec la prolifération des gratte-ciels, elle part à la conquête de
l’espace.
Le fonctionnalisme devient alors l’idéologie dominante de l’architecture.
De
Hilberseimer à Le Corbusier, les architectes proposent de vastes projets de cités
industrielles contemporaines : rationnelles, géométriques, standardisées, à l’image
de cette civilisation industrielle de masse dont elles représentent la forme privilégiée
d’organisation.
Parce qu’elle est le « nulle part », l’utopie est partout.
3
Quand l’idée de progrès devient un principe de compréhension de l’histoire humaine,
la notion d’utopie apparaît, non plus comme le résultat volontariste de la décision de
réformateurs soucieux du bien humain, mais comme ce vers quoi tend le processus
historique .
Dans ce cadre, l’utopie apparaît (au XIXè) comme l’horizon de l’Histoire, et il
convient d’accélérer le processus pour se rapprocher du règne de la liberté..
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