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Maître de soi

Publié le 24/10/2012

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Être maître de soi Être maître de soi se pose comme le but à atteindre quelle que soit la philosophie abordée. Cependant cette expression ne signifie pas la même chose pour tous et sous les mêmes mots, on peut y voir différents sens et donc différents moyens d'y parvenir. Être maître de soi signifie en premier lieu, dans son sens le plus courant et évident, se maîtriser, contrôler ses émotions, ses réactions spontanées face à un événement, que ce soit de la colère, de la joie, de la tristesse, ou encore de la crainte, plus généralement tous les mouvements naturels de l'âme. Cependant nous pouvons aussi prendre le mot « maître « dans son sens scolaire, c'est-à-dire le maitre d'école, du latin magister. La question qui se poserait alors serait comment être son propre professeur. De plus, de quel « soi « parle-t-on ? S'agit-il d'être maître de son corps, de sa pensée, d'un moi profond ou d'un moi de surface ? Avant de chercher à y parvenir, quel(s) est ou sont le(s) but(s) à atteindre que propose le précepte « être maître de soi « ? Le verbe « être « montre que c'est un résultat, qui suppose donc un effort, une idée de combat intérieur entre deux principes directeurs, deux volontés de nous gouverner : la raison contre la passion. Se laisser gouverner par les passions, est-ce forcément perdre le contrôle de soi ou est-ce une manière de parvenir à une différente maîtrise ? Et enfin, dans un autre sens de « maître «, doit-on et peut-on devenir son propre maître à penser, s'enseigner à soi-même ? Tout d'abord, dans son sens le plus commun, « être maître de soi « signifie se maîtriser, savoir réprimer les premières réactions spontanées venant du c?ur, pas totalement inconscientes mais du moins de l'ordre du réflexe, de l'instinct, qui ne sont donc pas le fruit d'une réflexion. C'est la conception stoïcienne que Marc Aurèle expose dans ses Pensées. Le sage stoïcien doit parvenir à une impassibilité face aux événements de sa vie et dans sa réflexion philosophique, qui ne serait pas l'expression de son indifférence mais au contraire de son accord avec l'existence telle qu'elle est. Pour cela, il doit faire usage de la raison et uniquement d'elle dans toutes les circonstances : aussi bien dans sa conception philosophique de l'origine du monde, que dans son comportement face aux événements qui lui arrive, que dans son rapport aux autres hommes. La conception stoïcienne quant à l'origine de l'univers est qu'il a été fondé par la Providence, le Destin, les dieux. Marc Aurèle n'émet pas d'avis catégorique mais montre que quelle que soit la place des dieux, nous n'avons pas à être craintifs. Si les dieux existent, soit ils s'intéressent aux hommes et les protègent, ils n'ont aucun intérêt à s'acharner sur les hommes, à les faire souffrir gratuitement, s'ils nous punissent c'est donc que nous avons mal agi, et nous sommes libres et capables de bien agir ; soit ils vivent dans une autre sphère et se désintéressent totalement des hommes, s'il n'y a pas de dieux bienveillants il n'y a pas de dieux maléfiques non plus. Dans les deux cas il n'y a donc rien...

« ils s’intéressent aux hommes et les protègent, ils n’ont aucun intérêt à s’acharner sur les hommes, à les faire souffrir gratuitement, s’ils nous punissent c’est donc que nous avons mal agi, et nous sommes libres et capables de bien agir ; soit ils vivent dans une autre sphère et se désintéressent totalement des hommes, s’il n’y a pas de dieux bienveillants il n’y a pas de dieux maléfiques non plus.

Dans les deux cas il n’y a donc rien à craindre puisque soit c’est à nous de décider d’attirer la clémence des dieux, soit il n’y a même pas de courroux possible.

De plus, même si les dieux n’existaient pas –bien que Marc Aurèle ne le croie pas-, il y aurait encore moins de crainte à avoir : il n’y aurait rien après la mort, les actions de notre vie n’auraient donc pas d’importance qu’elles soient bonnes ou mauvaises.

Dans ce sens Marc Aurèle critique la conception épicurienne tout en s’en servant pour appuyer sa pensé : si l’univers vient seulement de la rencontre d’atomes, c'est-à-dire du hasard, du chaos, il n’y a pas d’intérêt à y vivre, nous ne devons pas nous inquiéter ou avoir peur d’un monde créé et régi par le désordre, le hasard, c'est-à-dire un monde où nous n’aurions pas vraiment de place, dont nous ne serons pas partie intégrante.

Dans la philosophie stoïcienne comme épicurienne, il ne faut pas craindre le monde ni les dieux, et surtout ne pas s’en plaindre. Il est important aussi de rester maître de soi face aux événements extérieurs, souvent vus comme des obstacles.

Ces événements ne dépendent pas de moi, je peux donc m’énerver contre eux ou contre moi-même mais cela ne changerait rien, ce serait complètement inutile car selon Marc Aurèle « il est ridicule de ne pas tenter d’agir sur soi, ce qui est possible, et de vouloir agir sur les événements, ce qui est impossible ».

De plus il est nécessaire de ne pas s’énerver car cela nuit au monde ; en nous énervant ou en étant affecté par un événement sur lequel nous n’avons aucune prise, nous agissons tel un pied coupé, une gangrène du monde, à cause d’un mauvais raisonnement.

En agissant ainsi nous raisonnons par rapport à nous- mêmes, alors qu’il faut raisonner par rapport à la nature en général, ainsi je ne pourrai plus voir aucun événement comme un obstacle, pour le cosmos.

Mais être maître de soi ne signifie pas non plus rester bienveillant envers moi-même quand les événements dépendent de moi et que j’ai mal agi ; « injurie-toi mon âme, injurie-toi ! ».

Mais dans ce cas, la maîtrise de soi consiste à réussir à garder un degré de colère contre soi qui en fasse une colère productive, motivante, mais qui ne tourne pas vers la plainte et l’apitoiement. Enfin, la maîtrise de soi à laquelle il est peut-être le plus difficile de parvenir est celle par rapport aux autres hommes.

Le sage stoïcien doit toujours garder à l’esprit que si les autres hommes font des erreurs, ils ne le font pas volontairement, dans l’objectif de faire du mal, mais parce qu’on ne leur a pas appris comment il fallait bien faire ou on le leur a mal expliqué.

Il faut donc réprimer sa colère, qui est la première réaction spontanée de tout être. »

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