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Malaise dans la culture, 1930, Freud (ou Malaise dans la civilisation)

Publié le 21/02/2023

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« Malaise dans la culture, 1930, Freud (ou Malaise dans la civilisation) Chapitre 1 : sentiment océanique, principe de plaisir et principe de réalité Freud commence par reprendre sa reé flexion preé senteé e dans L’avenir d’une illusion (1927) ouù il traite de la religion.

Un de ses commentateurs lui fait remarquer que l’origine de toute religiositeé serait le « sentiment oceé anique », le fait de se sentir eé ternel, infini, illimiteé : se sentir en union totale avec le monde. Pour reé pondre aù cette question, il propose une analyse du sentiment du Moi.

Il remarque tout d’abord que rien ne nous paraîît plus suî r que le moi propre, qui se distingue d’un exteé rieur, le monde ou les autres.

Pourtant il n’en est pas toujours ainsi. En effet, il existe certaines situations ouù la frontieù re entre le Moi et l’exteé rieur n’est pas claire : les amoureux par exemple, tende aù se sentir comme un seul eî tre dans leur amour.

De la meî me façon, certains eé tats pathologiques peuvent mener aù prendre des choses personnelles (comme des actes, des penseé es, des perceptions) pour des choses exteé rieures, comme dans le cas de l’hallucination.

Les limites entre le Moi et les autres ne sont donc pas si stables que cela. Cette deé limitation du Moi, la geé neé alogie psychanalytique montre qu’elle est construite dans la premieù re enfance.

Au deé part, le nourrisson ne fait pas la diffeé rence entre ce qui lui est propre et le monde autour de lui.

Cette deé limitation ne s’effectue que par la diffeé rence qui est peu aù peu faite entre, d’une part, les stimulations continues de son corps et celles qui peuvent s’arrêter (comme l’allaitement maternel), et d’autre part ce qui est source de plaisir et ce qui est source au contraire de douleurs et de frustration.

Le Moi, aù l’origine total, se construit donc peu aù peu comme eé tant ce qui est constamment une source de sensation, organiseé e selon un principe de plaisir, et opposeé aù un exteé rieur instable et menaçant. → Ainsi la deé limitation du Moi se fonde sur le rapport conflictuel entre deux principes : le principe de plaisir (qui hallucine la reé aliteé aù partir d’un centre pulsionnel, le Moi) et le principe de réalité, qui preé sente le monde comme un impossible, un obstacle aux pulsions. Le sentiment oceé anique ne serait alors autre que la conservation (la reé miniscence) de cet eé tat infantile d’union totale.

Une telle conservation est-elle possible ? D’un point de vue psychologique, les recherches de Freud ont montreé que l’oubli n’est pas une destruction mais qu’au contraire tout peut se conserver dans l’esprit et peut aussi resurgir, aù l’image des parties d’une ville qui peuvent resurgir aù l’occasion d’une fouille archeé ologique ou des traces du corps de l’enfant chez l’adulte. Le sentiment oceé anique ne serait donc pas la source de la religion mais plutoî t une premieù re manifestation du besoin de consolation devant le souvenir de la deé tresse infantile raviveé par l’instabiliteé du sort (cours de la vie). Chapitre 2 : la recherche du bonheur Freud affirme dans ce chapitre que la vie est trop dure pour nous.

Pour la supporter, nous avons recours aù trois sortes de remeù des : • des puissantes diversions pour oublier notre miseù re ou y attacher peu d'importance (ex.

: activiteé scientifique) ; • des satisfactions substitutives qui diminuent la miseù re (ex.

: art) ; • des stupéfiants qui nous rendent insensibles aù notre miseù re (ex.

: drogue). Seule la religion sait reé pondre aù la question de la finaliteé de la vie : l'ideé e d'un but de l’existence est proposeé par toute religion mais disparaîît aussi avec elle.

Sans la religion, l’homme n’a pour but que son propre bonheur : il veut l’atteindre et le maintenir.

Freud définit le bonheur par une double recherche : éviter les peines et rechercher de fortes joies. Pourtant la souffrance menace de trois coî teé s : • du corps, qui est condamneé aù pourrir et qui ne peut se passer de la douleur comme signal d'alarme ; • du monde exteé rieur ; • d'autrui (peut-eî tre est-ce la menace la plus douloureusement ressentie car c’est la plus injuste). Ainsi, il y aurait plusieurs voies possibles vers le bonheur : Bonheur passif Bonheur actif Bonheur par renoncement Bonheur par illusion - domination des pulsions par la raison (instance psychique supeé rieure soumise au principe de reé aliteé ) - l’isolement (du monde, aù l’image de l’ermite) - refaire le monde selon l’imagination (paranoîïa ou religion) - intoxication chimique (usage de drogues) Bonheur par deé tournement Bonheur par poursuite des deé sirs - attaquer le monde environnant par la science et la technique - deé placement de l’eé nergie pulsionnelle (libido) vers le travail d’objets peu exposeé s aù l’exteé rieur (art par exemple) - heé donisme : satisfaction sans restriction des besoins - se concentrer sur l’amour - se concentrer sur la jouissance de la beauteé (naturelle, humaine, artistique, etc.) En ce qui concerne le bonheur, il n’y a donc pas de solution universelle : chacun doit chercher sa reé ponse (la recherche du bonheur est subjective).

L’homme « eé rotique » va privileé gieé les relations de sentiments, quitte aù s’exposer.

L’homme narcissique cherchera dans sa propre vie la satisfaction geé neé rale.

L’homme d’action restera en contact avec le monde exteé rieur pour eé prouver sa force.

Une voie reste neé anmoins en suspens, celle d’un « art de vivre » que les traditions philosophiques ont longtemps eé voqueé . Chapitre 3 : les traits caractéristiques de la culture La culture nous apparaîît comme décevante, elle ne reé ussit pas aù nous amener au bonheur, et contrairement aux deux premieù res sources de malheur, cela ne semble pas eî tre une neé cessiteé .

Si elle marque des progreù s, elle geé neù re par elle-même les obstacles aù la reé alisation des individus.

Par exemple, la culture a ameneé la maîîtrise scientifique et technique a des sommets et pourtant ce progreù s n’a pas ameneé avec lui une ameé lioration du sentiment de bonheur.

Ce deé veloppement est eé galement mis au service de la destruction (WW1) et de l’exploitation (socieé teé industrielle). Freud définit pourtant la culture ainsi : « Le mot culture désigne la somme totale des réalisations et dispositifs par lesquels notre vie s’éloigne de celle de nos ancêtres animaux et qui servent à deux fins : la protection de l’homme contre la nature et la réglementation des hommes entre eux.

» Le roî le de la culture serait de limiter les contraintes qui peù sent sur l’homme.

Lui assurer une seé curiteé pour permettre son bonheur.

Une seé curiteé aù deux eé gards : • La culture se traduit d’abord par l’ensemble formé par le travail et la technique.

Ces efforts reé aliseé s en commun pour domestiquer la nature et la mettre au service de l’eî tre humain. Pourtant, il faut noter que si ces efforts se concentrent sur ce qui est utile aù l’homme, toute culture a dans son programme une admiration d’une beauteé , d’une estheé tique qui varie selon l es cultures.

La culture fait donc eé galement la promotion d’un certain inutile. Parmi ces choses « inutiles », en tout cas directement, il faut noter la place qui est reé serveé e aux activiteé s psychiques supeé rieures, et notamment aù la science et aù l’art.

Cette tendance particulieù re est expliqueé e par Freud avec le concept de sublimation*. * La sublimation désigne le processus de détournement d’une énergie pulsionnelle, la faisant changer de but (d’objet) en fonction de la valorisation sociale. Exemple : Isaac Newton / Kant : se vantait de ne jamais se livrer aù de tels sentiments (pulsion sexuelle, l’amour en geé neé ral). • La culture se forme eé galement sous la pression du besoin de sécurité, qui rassemble les hommes pour se deé fendre de la tyrannie pulsionnelle des plus forts.

Le droit remplace alors ce qu’il deé signe comme violence et se maintient tant que la communauteé reste soudeé e. L’homme perd alors sa liberté originelle, qui eé tait cependant sans reé elle valeur puisqu’elle eé tait directement limiteé e par la puissance de l’individu. Chapitre 4 : origine de la culture Ce chapitre preé sente les deux sources qui unissent la culture : – Dans le travail, l’homme ne peut refuser l’aide de l’autre, compagnon avec qui il coopère pour exploiter l’utile. – L’amour est la deuxieù me puissance qui unit les hommes.

Celui-ci doit deé passer sa forme primaire d’amour geé nital pour se transformer en amour culturel.

Car l’amour menace en premier lieu la culture : dans l’amour, l’exigence d’exclusivité apparaîît et avec elle risque d’entraîîner des conflits. Mythologiquement, c’est selon Freud l’alliance des freù res qui mit fin aù la tyrannie du peù re et permis l’amour culturel en renonçant aù l’amour incestueux.

L’exclusiviteé devient alors extra-familial, ce qui renforça d’autant les cultures. L’amour est cependant une voie preé caire pour le bonheur, car rien ne proteù ge de la perte de l’objet aimeé .

Le narcissisme, amour de soi, est ainsi selon Freud une parade pour se preé munir de l’angoisse de la perte d’amour. Mais la culture exerce eé galement une pression sur l’amour geé nital, celui tireé de la pulsion sexuelle (Eros) pour user de sa force afin de se renforcer.

Ainsi la tendresse est une forme d’amour deé tourneé e de son but originel pour servir la culture.

Un amour universel, deé riveé de l’amour familial, semble promit aù l’ensemble de l’humaniteé .

Pourtant, les hommes sont-ils tous dignes d’eî tre aimeé s ? Ce rapport entre amour et culture ne se fait pas sans conflit : entre la famille et la communauteé , entre les lois et la liberteé sexuelle mais aussi tout simplement entre les amoureux, qui se suffisent aù euxmeî mes, et les autres. Chapitre 5 : Culture et Eros *Eros : pulsion amoureuse La culture ne fait donc pas que restreindre l’amour, elle en impose une nouvelle forme, comme en teé moigne le preé cepte : « Tu aimeras ton prochain comme toi-meî me ».

Pragmatiquement, ce preé cepte est absurde, on semble rationnellement fondeé aù se preé feé rer, aù s’aimer plus que l’autre, a fortiori que n’importe quel autre.

Sa fonction se reé veù le au regard de ce qui oppose Eros et culture. Si la faim est la pulsion qui cherche aù conserver l’individu, l’amour est celle qui vise aù conserver l’espeù ce.

Pour autant, l’eî tre humain n’est pas seulement amour, il a aussi un penchant naturel aù l’agression. « La part de reé aliteé effective cacheé e derrieù re tout cela et volontiers deé nieé e, c’est que l’homme n’est pas un eî tre doux, en besoin d’amour, qui serait tout au plus en mesure de se deé fendre quand il est attaqueé , mais qu’au contraire il compte aussi aù juste titre parmi ses aptitudes pulsionnelles une treù s forte part de penchant aù l’agression.

En conseé quence de quoi, le prochain n’est pas seulement pour lui une.... »

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