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Marx et l'aliénation de l'ouvrier

Publié le 27/02/2008

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marx
« Nous partons d'un fait économique actuel. L'ouvrier devient d'autant plus pauvre qu'il produit plus de richesse, que sa production croît en puissance et en volume. L'ouvrier devient une marchandise au prix d'autant plus bas qu'il crée plus de marchandises. La dévalorisation du monde humain va de pair avec la mise en valeur du monde matériel. Le travail ne produit pas seulement des marchandises ; il se produit lui-même ainsi que l'ouvrier comme une marchandise dans la mesure où il produit des marchandises en général. Ce fait n'exprime rien d'autre que ceci : l'objet que le travail produit, son produit, se dresse devant lui comme un être étranger, comme une puissance indépendante du producteur. Le produit du travail est le travail qui s'est fixé, matérialisé dans un objet, il est l'objectivation du travail. La réalisation du travail est son objectivation. Dans le monde de l'économie politique, cette réalisation du travail apparaît comme la perte pour l'ouvrier de sa réalité, l'objectivation comme la perte de l'objet ou l'asservissement à celui-ci, l'appropriation comme l'aliénation, le dessaisissement. La réalisation du travail se révèle être à tel point une perte de réalité que l'ouvrier perd sa réalité jusqu'à en mourir de faim. L'objectivation se révèle à tel point être la perte de l'objet que l'ouvrier est spolié non seulement des objets les plus indispensables à la vie, mais encore des objets du travail. Oui, le travail lui-même devient un objet dont il ne peut s'emparer qu'en faisant le plus grand effort et avec les interruptions les plus irrégulières. L'appropriation de l'objet se révèle à tel point être une aliénation que, plus l'ouvrier produit d'objets, moins il peut posséder et plus il tombe sous la domination de son propre produit, le capital. Toutes ces conséquences découlent du fait que, par définition, l'ouvrier se trouve devant le produit de son propre travail dans le même rapport qu'à l'égard d'un objet étranger . S'il en est ainsi, il est évident que, plus l'ouvrier se dépense au travail, plus le monde étranger, objectif, qu'il crée en face de lui devient puissant, plus il s'appauvrit lui-même et plus son monde intérieur devient pauvre, moins il possède en propre. C'est la même chose avec la religion. Plus l'homme projette de choses en Dieu, moins il en garde en lui-même. L'ouvrier place sa vie dans l'objet. Mais alors celle-ci ne lui appartient plus, elle appartient à l'objet. Plus cette activité est grande, plus l'ouvrier est privé d'objets. Il n'est pas ce qu'il produit par son travail. Plus ce produit gagne en substance, moins l'ouvrier est lui-même. L'aliénation de l'ouvrier dans son produit signifie non seulement que son travail devient un objet, une réalité extérieure, mais que son travail existe en dehors de lui, indépendamment de lui, étranger à lui, et devient une puissance autonome face à lui, que la vie qu'il a prêtée à l'objet s'oppose à lui, hostile et étrangère. » MARX tiré de "Manuscrits de 1844"

Au XIXème siècle apparaît un tournant dans la production et dans le travail. Les nouveaux moyens de production changent considérablement les données. Marx est un des premiers à réfléchir sur la situation des ouvriers. Son ouvrage sur le capital réfléchit sur la valeur du produit et sur la valeur du travail. Dans ce texte, Marx prend à rebours la conception traditionnelle du travail défendue notamment par Hegel selon laquelle le travail permet à l’homme de s’humaniser et de s’épanouir en tant qu’être libre. Pour l’inspirateur du communisme, c’est l’action inverse qui se produit pour l’ouvrir : il s’appauvrit. Marx parle d’aliénation. Ce terme vient du latin alienus : étranger. L’ouvrier deviendrait alors étranger à lui-même. Mais pourquoi perd-il son humanité ? A qui profite alors la production ?

marx

« système capitaliste, il est bien obligé, pour survivre, de s'y soumettre.

Le travail est donc l'activité non libre parexcellence.- Dans le travail, il ne se sent plus lui-même.

Il a l'impression de n'être lui-même qu'en dehors de son travail.

Dans letexte, Marx écrit que le travail lui-même devient un « objet » qu'il s'agit de s'approprier.

Le travail n'est plus unesatisfaction de soi mais un simple moyen d'assurer l'existence et la satisfaction des besoins.

Dans le travail, l'ouvrierne s'appartient plus.

Il appartient à un autre.- Il n'y dès lors plus de valeur du travail mais seulement la valeur de l'objet telle qu'elle est affichée sur l'étiquette.Le travail réel pour fabriquer l'objet disparaît au profit de la marchandise elle-même.

Son travail est dès lorstotalement extérieur à lui, il ne lui appartient plus.

Le procès de l'industrialisation a consisté à vider le sens du travailen lui ôtant sa valeur humaine d'épreuve de soi, d'accomplissement de soi, ce rassemblement de la vie dans uneœuvre qui est le seul sens du travail.

C'est pour cela que son intérieur s'appauvrit.

L'homme projette sa vie dans sontravail et celui-ci ne lui revient plus.

Marx fait ici une comparaison avec la religion.

« Plus l'homme projette dechoses en Dieu, moins il en garde en lui-même.

» Dès lors, c'est le travail et le produit de son travail qui lui vole savie. L'ouvrier devient étranger à lui-même et s'appauvrit - Mais de plus, l'ouvrier ne peut posséder l'objet de son travail.

L'homme met un peu de sa vie dans l'objet, maiscelui-ci lui est enlevé.

Le monde de la consommation gagne de l'ampleur et l'ouvrier participe à ce mouvementpuisqu'il produit toujours plus de richesse.

Le monde extérieur devient alors « puissant.

»- Marx nous dit que plus le travailleur produit et moins il peut posséder les objets de consommation.

Cela tient à lavaleur du travail.

Plus l'ouvrier travaille et plus sa force de travail perd de la valeur .

Marx dans le Capital expliqueainsi que l'ouvrier n'est pas payé à la hauteur de ce qu'il produit.

Ainsi, lorsque l'ouvrier fabrique un objet, du travails'incorpore à l'objet et lui donne de la valeur.

Pourtant le capitaliste ne paie pas à l'ouvrier la valeur de son travailmais seulement sa force de travail c'est à dire ce qu'il faut pour entretenir cette force de travail.

Dès lors, l'ouvrierne peut plus ni posséder les biens élémentaires, ni les objets de son travail.- Enfin, pour Marx, mais aussi pour Hegel et d'autres, le travail est ce qui distingue l'homme de l'animal.

C'est par luique nous sommes humains, parce que nous sommes conscients de notre activité.

L'homme se contemple dans lemonde qu'il a créé.

C'est dans la transformation que l'homme s'affirme comme homme.

Autrement dit, si le travailapparaît comme étranger, l'homme perd son essence. Ainsi, l'ouvrier est triplement aliéné.

Il devient une simple marchandise.

Ce n'est plus la subjectivité du travail qui està l'œuvre mais la seule force de travail de l'ouvrier.

En étant un simple maillon dans la chaîne de production, il n'estplus conscient de ce qu'il fabrique et perd tout pouvoir de se reconnaître dans l'objet de son travail.

Mais le travailmême devient une activité extérieure, qu'il s'agit d'acquérir.

Toutes ces raisons font que l'ouvrier perd son humanité,son être au profit du monde des marchandises.

Tout le travail et la sphère humaine se trouvent dévalorisés.

Seulesla consommation et la croissance deviennent importantes.

N'est-ce pas toujours cette conception qui règneaujourd'hui ? Ne pourrait-on pas redonner de la valeur au travail et à l'activité humaine ? SUPPLEMENT: Dans le système capitaliste, l'ouvrier est privé de la propriété du produit de son travail.

Mais cette privation est l'expression d'une aliénation dans l'acte même de la production.

Le jeune Marx oppose ici le travail qui devrait être la réalisation de l'essence de l'homme au travail aliéné qui n'est plus qu'un moyen de satisfaire ses besoinsphysiques, et ramène l'homme au rang de l'animal. L'expression « être générique » est un terme philosophique, utilisé en particulier par Hegel.

Chaque hommeappartient au genre humain.

Le genre dépasse l'individu.

En tant qu'être « humain », chaque homme est donc lereprésentant du genre, qui dépasse son être individuel.

Le genre est l'universel qui dépasse l'individu particulier. Comment cet « être générique » peut-il se manifester ? Par la conscience que chacun a de son appartenance au genre.

Mais la conscience demeure subjective, intérieure à l'homme.

En produisant des œuvres et en transformant lanature, l'homme peut manifester « objectivement » cette humanité, à l'extérieur de lui-même.

Le monde créé parl'homme et la nature transformée par lui sont des miroirs où il se reconnaît en tant qu'homme.

Dans cetteproduction, ce n'est pas la satisfaction des besoins qui est le but.

A la différence de l'animal, l'homme ne produit passeulement pour satisfaire des besoins vitaux.

Marx dit même qu'il ne produit vraiment humainement qu'une fois le besoin vital satisfait.

L'individu qui ne travaille que pour manger ne manifeste pas son humanité par son travail. Or c'est précisément ce qui se produit dans le cas du travail aliéné.

Dans ce dernier, l'homme est privé du produit deson travail et le travail devient un moyen au lieu d'être une fin en lui-même. Il est possible de donner de ce texte deux interprétations assez différentes.

Soit on dira que l'aliénation du travail ason origine dans la propriété privée et donc que l'abolition de la propriété permettrait de dépasser l'aliénation dutravail.

Soit on conclura que l'aliénation caractérisera toujours le travail, puisque le travail n'est vraiment humainque débarrassé de la fonction de satisfaction des besoins.. »

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