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Nietzsche: liberté et indépendance

Publié le 20/04/2004

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nietzsche
Aussi longtemps que nous ne nous sentons pas dépendre de quoi que ce soit, nous nous estimons indépendants... ne pas sentir ses nouvelles chaînes. Nietzsche

On définit souvent la liberté comme l'absence de contrainte : je suis libre dans la mesure où je fais ce que je veux, non pas au sens où j'obéirais à tout impulsion, mais dans la mesure où ma volonté est éclairée par ma raison. Cette volonté rationnelle est, d'après Kant, la source de l'autonomie par laquelle se manifeste la liberté souveraine du sujet. Mais cette souveraineté n'est-elle pas le fruit d'une illusion orgueilleuse ?  Tel est le soupçon que Nietzsche jette sur la conception commune de la liberté. Il réfute énergiquement l'idée selon laquelle le sentiment de dépendance serait un critère fiable pour saisir et comprendre la liberté. Ce texte polémique suit une logique de réfutation dans laquelle la thèse de Nietzsche n'est énoncée qu'à la fin, après avoir explicité le caractère sophistique de la conception générale.  Nous pourrons nous demander, tout en suivant cette argumentation, si elle aboutit à une négation pure et simple de la liberté ou à une affirmation critique.

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« plus conformes à la volonté de puissance qui caractérise tout homme.Ainsi, Nietzsche rappelle un des aspects fondamentaux de ce que l'on peut appeler la condition humaine :l'homme n'est pas souverainement libre mais se trouve intégré dans un réseau de « dépendance multiforme».

On pourrait citer ici les conditions naturelles, mais surtout les divers engagement sociaux qui modèlentnos préférences et pèsent sur nos choix les plus personnels.

Comme ces engagements (sous forme desolidarités, de relations de pouvoir, de liens de proximité, etc.) sont constitutifs de notre identité, nous nesommes pas conscients, le plus souvent, de leur existence : ils sont pour nous une « seconde nature » etnous ne les ressentons pas comme des dépendances.

Nietzsche n'est pas le premier à parler en termes dedressage social qui fait disparaître le poids de la dépendance.La conscience de la liberté ne correspondrait pas, alors, à un fait positif mais plutôt à un processus de pertede conscience : se sentir libre ne voudrait pas dire que rien d'extérieur ne nous entrave mais que nous noussommes libérés de la conscience de ce qui nous entrave.

Quelques années après Nietzsche, Freudconfirmera partiellement cette analyse en décrivant le processus psychique de l'occultation. Le texte s'achève sur une remarque complémentaire de Nietzsche : des chaînes nouvelles, rompant l'étatd'accoutumance, peuvent renouveler la « souffrance » de l'individu.

C'est donc que le sentimentd'indépendance, de liberté, est aussi un sentiment de bien-être ou au moins d'absence de souffrance.

Êtrelibre, ce ne serait pas faire ce que l'on veut, mais faire ce que l'on fait sans en éprouver de souffrance.

Noussubissons des influences déterminantes, des pressions sociales qui nous incitent à faire telle ou telle chose,à promouvoir telle ou telle valeur ; mais tant que cela ne nous apparaît pas pénible, nous nous sentonslibres.

Nietzsche, qui sera suivi en cela par Bergson dans Les Deux Sources de la morale et de la religion,montre dans plusieurs de ses écrits que la morale et la religion sont des institutions massivement orientéesvers ce travail de soulagement, de consolation, d'adoucissement qui n'ôtent pas ses chaînes à l'individu maislui en font oublier le poids, le rendent plus docile.Ainsi donc, lorsque placés devant une décision nouvelle nous pensons faire usage de notre libre arbitre pourfaire notre choix, il faudrait en conclure que nous n'avons simplement pas conscience du fait qu'à toutesituation nouvelle correspond une nouvelle dépendance. Conclusion Face à cette critique de la conception commune de la liberté, que peut-on dire de la conceptionnietzschéenne de la liberté ? Le texte ne fournit pas d'indication précise puisqu'il est essentiellementréfutatif.

On pourrait envisager plusieurs directions.

Soit Nietzsche refuse tout simplement, à la manière d'unSpinoza, l'idée de liberté comme indépendance et pense que l'homme doit se résigner à la dépendance ; soit,et c'est plutôt dans cette direction que s'engage Nietzsche, il convient d'affirmer que les hommes réellementlibres sont rares et que ce privilège est réservé à ceux qui auraient le courage de briser leurs chaînes plutôtque de les oublier en s'y accoutumant.

La véritable force consisterait dans le renversement des valeursétablies (qui sont celles de l'égalité entre les hommes, d'un certain nivellement des volontés de puissance aunom de la protection des plus faibles), pour créer des valeurs originales, personnelles.

Mais ce projetambitieux est-il réalisable ? Nietzsche lui-même ne prétendait pas en montrer l'exemple et le réservait au «surhomme » dont il prophétisait l'avènement.

NIETZSCHE (Friedrich-Wilhelm). Né à Rocken en 1844, mort à Weimar en 1900. Il fit ses études à l'école de Pforta, puis, renonçant à la carrière ecclésiastique, il les termina aux Universités deBonn et de Leipzig.

La lecture de Schopenhauer et la rencontre avec Wagner sont les événements capitaux decette période.

En 1868, Nietzsche est nommé professeur de philologie grecque à l'Université de Bâle ; il conserva ceposte jusqu'en 1878, date à laquelle il fut mis en congé définitif pour raisons de santé.

Commence alors la série desvoyages de Nietzsche en Italie : Gênes, l'Engadine, Rapollo, Nice, la Sicile, Rome, Venise, lisant Empédocle, jouantChopin et Rossini.

Il découvrit Stendhal et Bizet.

Il passe les mois d'été à Sils-Maria, dans une petite chambre, faceà la montagne.

C'est à Turin, en janvier 1889, qu'il fut terrassé dans la rue par une crise de démence, probablementd'origine syphilitique, et qui se termina par la paralysie générale.

Ramené à Bâle, Nietzsche dut être interné quelquetemps dans une maison de santé ; puis, sa soeur l'accueillit auprès d'elle, à Weimar, où il mourut le 25 août 1900.

Laphilosophie de Nietzsche se caractérise par un amour passionné de la vie.

Ses premiers écrits concernent l'Art ;reprenant la terminologie de Schopenhauer, volonté et représentation, 'Nietzsche distingue l'art dionysien (musique). »

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