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Nietzsche: Nous ne voyons pas dans la faussete d'un jugement une objection contre ce jugement...

Publié le 21/04/2005

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nietzsche
Nous ne voyons pas dans la fausseté d'un jugement une objection contre ce jugement... par-delà bien et mal. Nietzsche

 

§  Ce texte est tiré de la première partie de l’ouvrage de Nietzsche, Par delà le Bien et le Mal, intitulée « des préjugés des philosophes «. C’est bien en effet à un préjugé que Nietzsche s’attaque dans ce texte, à savoir la croyance en la valeur absolue du vrai. En effet, à travers l’analyse des jugements, qui est au centre de cet extrait, Nietzsche pose la question de savoir « pourquoi pas plutôt le non-vrai ? ou l’incertitude ? ou même l’ignorance ? « (Par delà le Bien et le Mal, I). C’est alors au dualisme des valeurs que s’attaque Nietzsche dans ce texte, à l‘antinomie des valeurs, comme le vrai et la faux, qui est à l’œuvre dans toute la métaphysique. Ce n’est pour Nietzsche qu’une perspective sur les choses et non quelque chose qui vaut de façon absolue.

§  Nietzsche se place alors d’un point de vue radicalement différent de celui des métaphysiciens, dans la mesure où il place sont analyse du côté de la vie. Les jugements ne doivent alors pas être analysés du point de vue de leur vérité ou de leur fausseté, étant alors rejetés lorsqu’ils sont faux, mais du point de vue de la vie. La thèse qui s’énonce alors dans ce texte semble être la suivante : plutôt l’erreur bénéfique à la vie que la vérité.

§  C’est le dogmatisme de la philosophie qui est ainsi dénoncé dans ce texte, c’est-à-dire la forme tyrannique que prend la philosophie en voulant créer le monde et imposer une vision unique marqué par un dualisme des valeurs vrai / faux. C’est la logique dans son ensemble qui est ici attaquée en ce qu’elle est en elle-même radicalement fausse, mais nécessaire néanmoins comme telle à la vie.

§  La négation de la vérité est donc la condition de la vie pour Nietzsche et c’est bien de ce seul point de vue de la vie que doivent être appréciés les jugements, les jugements faux ne devant alors pas être abolis mais considérés comme utiles à la vie elle-même.

§  Comment Nietzsche parvient-il dans ce texte à faire une critique de la philosophie et de ses préjugés, sous la figure des jugements synthétiques a priori kantiens notamment, afin de révéler, cotre la tradition, l’importance de l’erreur, mettant ainsi en exergue la vie comme point de vue à partir duquel il faut juger des jugements ?

 

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« fausseté d'un jugement n'est pas une objection contre ce jugement, qui le rendrait invalide et inutilecar faux.

Erreur et vérité ne sont pas deux valeurs à rapporter dos à dos, les deux étant intenableensemble et la vérité d'un jugement entraînant tous les jugements faux à être abolis comme tels.

Eneffet, l'erreur peut avoir une utilité si elle est rapportée au critère le seul juste qui soit pourNietzsche : la vie. § C'est eu égard à son rapport à la vie qu'un jugement peut être véritablement considéré pour ce qu'ilest et c'est ce que défend ce texte.

Alors que les critères du vrai et du faux, qui sont les critèrespour évaluer tout jugement dans la tradition philosophique, sont des critères relevant d'un absolu toutartificiel (en tant que forgé par les philosophes), la vie quand à elle est un critère tout à fait réel,concret, et propre à toucher tous les hommes.

C'est un retour à la vie comme ce qui est relatif àl'homme que Nietzsche défend dans ce texte, contre l'artifice des critères du vrai et du faux. § Dès lors il vaut mieux une erreur bénéfique à la vie que la vérité.

En effet, du point de vue de la vie,l'erreur est ce qui fait avancer les hommes, ce qui permet à l'espère humaine de s'améliorer enrecherchant toujours la cause de l'erreur et son remède possible.

Aussi l'erreur est-elle un moteurdans le progrès des hommes, en tant qu'elle leur permet d'avancer, de se remettre en question etd'aller toujours plus loin dans leurs découvertes.

C'est pourquoi elle ne doit pas être rejetée commeétant ce qui est purement contraire à la vérité : elle doit être gardée comme telle afin qu'il soitpossible d'après elle de passer à un remède et de progresse.

Qui plus est, l'erreur est la marque mêmedu mouvement de la vie : l'erreur est mouvement, tout comme la vie n'est pas statique, figée dans unabsolu de vérité dénigrant toute fausseté.

De même les jugements ne sont pas stables, ils fluctuentet l'erreur permet de les faire progresser. II) Critique de la logique comme fiction, nécessaire néanmoins à la vie. § Nietzsche semble alors s'attaquer à la logique dans son ensemble, cette « fiction » la plus fausse detoutes mais qui reste néanmoins nécessaires aux hommes du point de vue de la vie.

Il s'attaque plusparticulièrement ici aux jugements synthétiques a priori kantiens, qui sont les « plus faux ».

Lesjugements synthétiques a priori sont chez Kant des jugements qui étendent la connaissance (paropposition aux jugements analytiques qui ne font que dérouler quelque chose qui est déjà contenudans le concept de la chose) : par exemple : ce tableau est noir : le prédicat « noir » n'est pascontenu dans le concept de tableau : il faut sortir du concept et aller dans l'expérience pour pouvoirdire que le tableau est noir.

Or, Kant pose l'existence de jugement synthétiques a priori, c'est-à-direqui peuvent étendre la connaissance mais sans recours à l'expérience (a priori voulant dire avanttoute expérience), c'est le cas selon lui d'un jugement tel que « 2 + 2 = 4 » : 4 n'est pas contenudans les concepts, ni trouvé dans l'expérience et pourtant ce jugement étend la connaissance.

PourNietzsche ce type de jugement n'est qu'un « tour de passe-passe » afin de fonder sur un sol absolu laconnaissance. § Néanmoins, la logique semble nécessaire à la vie dans la mesure où elle est un type d'absoluité etd'identité qui semble rassurer, donner un fondement stable aux choses.

Ce monde logique, qui est unmonde du nombre vient donc fausser le monde réel, et c'est en quoi il est faux.

Cependant, c'est làune façon pour l'homme de vivre, et tout jugement même faux, garde donc une utilité eu égard à lavie.

Nietzsche s'attaque donc à la fausseté des philosophes eux-mêmes et non pas seulement à leurcritique de la fausseté.

Les philosophes opposent vrai et faux dans une antinomie radicale mais latradition est en elle-même fausse dans ses jugements et assertions.

La philosophie n'est donc pas lefruit d'une dialectique visant à garantir le vrai mais d'une intuition que les auteurs ont eu et qu'ilsdéfendent après coup.

Toute assertion est le fuit d'une perspective sur les choses et non d'un pointde vue absolu. § Néanmoins, c'est nier la vie que de nier l'erreur et il faut donc conserver l'erreur si on veut conserver lavie.

La négation de la vérité n'est donc pas ce qui dot être rejeté en bloc, mais ce qui doit êtreconsidéré comme la condition même de la vie, dans le mesure où c'est par cette négation que la viepeut progresser.

Nietzsche ne semble pas alors renoncer à toute vérité mais montrer que la vérité desphilosophes dépend d'une perspective particulière qui n'est pas toute la vérité.

L'erreur permet alorsde dépasser e stade du perspectivisme pour rechercher au-delà.

Aussi ne faut-il pas mettre enlumière une antinomie radicale des valeurs, dans la mesure où l'une n'existe pas sans l'autre, toutcomme bien et mal sont deux valeurs absolues que l'on oppose, cette antinomie devant êtredépassée, ce qui est le but de l'ouvrage de Nietzsche.

C'est donc dans un dépassement du préjugéde l'antinomie des valeurs que ce situe cet extrait, dépassement qui seul peut conduire à la vérité.. »

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