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Nos désirs sont-ils la cause de nos erreurs ?

Publié le 27/02/2008

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Le désir est ce mouvement qui me porte vers un objet que j'imagine source de satisfaction. Désir de fortune, de santé, etc. Il est une tendance ou une représentation que je fais d'une réalité. Il forme une image du réel qui est souvent inadéquate avec le réel lui-même. En ce sens, il semble que les désirs soient des fictions et l'on voit mal alors comment ils pourraient être un critère du vrai. Pourtant peut-on alors identifier nos désirs au faux, à l'erreur dans la mesure où si l'on introduisait nos désirs dans les sciences il arriverait très vite que nous perdrions le fil de la réalité pour plonger dans la fiction et l'illusion ? Or la puissance du désir est effectivement à l'oeuvre dans l'illusion et l'imagination. Néanmoins, il semble qu'il soit nécessaire de produire une distinction entre le désir et l'erreur. L'erreur est en effet l'acte de l'esprit jugeant vrai ce qui en réalité est faux. Il peut y avoir une positivité du désir mais cela apparaît moins possible pour l'erreur. Le désir peut produire du réel. Cette croyance possède une fonction et un contenu positif. Néanmoins, même connu le désir et l'illusion ou la fiction qui l'accompagne peut se perpétuer sans vraiment se dissiper. Si l'erreur de jugement provoquée par le désir peut être corrigée, l'illusion, lui, persiste et n'est pas dissipé. Il semble alors que le désir n'est donc pas la même chose qu'une erreur. Il y a en lui quelque chose de positif, alors qu'on peut voir l'erreur comme étant simplement une « privation de connaissance ». Or s'il n'y a pas nécessairement identité entre les désirs et l'erreur il n'en reste pas moins que l'on peut s'interroger sur la genèse de l'erreur. En effet, si les désirs provoquent un décalage entre le vrai, avec le réel ne sont-ils pas la cause de l'erreur, même si la réduction de l'un à l'autre n'est pas possible. Et c'est à l'aune de cette investigation que prend sens le sujet : « nos désirs sont-ils la cause de nos erreurs ? »             Dès lors s'il apparaît que nos désirs peuvent être cause d'erreurs s'il entre dans le champ de notre recherche du vrai (1ère partie), il faudra tout de même sur la genèse même de l'erreur dans la mesure où les désirs ne sont pas l'instance d'élection du vrai et du faux et pourquoi pas disculper les désirs (2nd partie), voire faire des désirs une propédeutique à la recherche du vrai en tant que participant sous-jacent à des théories et des systèmes à la recherche du vrai ce qui aurait alors pour conséquence de définir un concept positif du désir et de l'erreur mais aussi d'intégrer notre réflexion à une histoire généalogique des idées (3ème partie).

« par leurs formes fantasmagoriques et imaginatives sont bien des sources d'erreur si on les suit dans le cheminementde la recherche de la vérité.

Les désirs sont le propre de l'erreur et du phantasme sur la réalité.

Il faut donc s'endétacher si l'on veut faire œuvre de science et rechercher la vérité.

Néanmoins n'est-on pas là en train d'instruireun procès d'intention aux désirs dans la mesure où ces derniers sont pas les juge du vrai ou du faux ? Ne faut-il pasdisculper les désirs et plutôt la cause de nos erreurs dans la volonté qui élit une proposition en la considérantcomme un jugement vrai ? II – Mise hors de cause de l'erreur a) Effectivement, les désirs en tant qu'ils sont liés à l'illusion par la puissance même du désir ne manifeste pas unrapport d'identité avec l'erreur.

On pourrait même dire que les désirs ne sont pas en lien avec l'erreurintrinsèquement.

Et c'est bien ce que l'on peut voir avec Freud dans l' Avenir d'une illusion : « C'était une illusion de la part de Christophe Colomb de croire qu'il avait trouvé une nouvelle route maritime des Indes.

La part de désir quecomportait cette erreur est manifeste.

» De même « Une jeune fille de condition modeste peut par exemple se créerl'illusion qu'un prince charmant va venir la chercher pour l'épouser.

Or cela est possible […].

Que le Messie vienne etfonde un âge d'or, voilà qui est beaucoup moins vraisemblable.

» L'illusion s'enracine dans les désirs, elle en est unedes manifestations ; or force est de constater que les désirs en sont pas en eux-mêmes cause de nos erreurs.b) En effet, et c'est bien dans une théorie de l'erreur qu'il faut rentrer.

L'erreur n'est pas due aux désirs ; mais bienplutôt à la faculté de la volonté qui donne sa créance à nos désirs.

Et c'est bien ce que l'on peut voir chezDescartes dans la quatrième de ses Méditations Métaphysiques .

L'erreur est le résultat d'une opération de jugement.

Il s'agit d'un décalage entre une volonté infinie et un entendement fini.

Les erreurs effectivement« dépendent du concours de deux causes, à savoir, de la puissance de connaître […] et de la puissance d'élire ».

La« puissance de connaître » c'est ce que l'on appelle l'entendement.

Quant à « la puissance d'élire » c'est la volonté,c'est-à-dire le siège de la faculté de porter librement des jugements sur ce que l'entendement permet de connaître.Et c'est donc bien là le problème, si nous croyons nos désirs comme dans la recherche de la science, il n'en restepas moins que ses désirs ne sont pas en eux-mêmes responsables de l'erreur.

Ils sont certes une tendance mais rienne les juge en eux-mêmes comme vrais ou faux dans l'opération de connaître.

Ainsi si je crois par un désir profondque la terre est le centre de l'univers, ce désir en lui-même n'exprime rien d'autre qu'un vœu ou l'effet del'imagination et ce n'est que par l'élection de la volonté que l'on peut parler alors d'erreur.

Et c'est pour cela qu'ilfaut user de méthode dans les recherches scientifiques.c) L'erreur n'est donc qu'une privation de connaissance.

Et elle ne trouve pas sa cause dans le désir ou encoremoins dans l'imagination tel qu'on peut le voir dans l'Ethique de Spinoza proposition 33 du livre II, scolie.

Même si Spinoza remet en cause l'idée que la volonté serait la cause de nos erreurs, il faut voir que l'essentiel est bien quel'erreur n'est que l'absence de la connaissance adéquate.

la cause de l'erreur est donc la non-présence de l'idéevraie et c'est ce que l'on peut voir à travers l'exemple qu'il donne de la distance du soleil.

En effet, si s'imagine envoyant le soleil qu'il est à deux cents pieds, il n'en reste pas moins que cette imagination est vraie puisqu'ellecorrespond à une perception or l'erreur ne vient de cela mais du fait que je ne possède pas la vraie distance dusoleil.

Qu'en est-il pour le désir ? Effectivement le cas ici n'est pas exactement analogue au cas du désir.

Qu'en est-il ? On peut en voir une indication dans la proposition XIII du livre III de l'Ethique de Spinoza lorsqu'il nous dit que « aussi longtemps que l'esprit imagine quelque que chose de tel, aussi longtemps se trouve diminuée ou contrariée lapuissance de l'Esprit et du Corps, et néanmoins, il l'imaginera aussi longtemps que l'Esprit n'imaginera pas autrechose qui en exclue l'existence présente.

» Ici il est possible de voir un lien entre le désir et l'imagination.

Le désirou ce qui sera désiré sera source d'imagination et en ce sens, si le désir est une puissance qui peut être unediminution de la puissance d'agir en tant qu'idée inadéquate par rapport au vrai, il n'en reste pas moins que la causede l'erreur réside toujours dans la privation de l'idée adéquate et non dans le désir.

Au pire, on pourrait dire que lesdésirs pourraient être source de l'erreur mais pas cause de celle-ci.

Transition : Ainsi les désirs sont neutres en eux-mêmes du point de vue d'un jugement de vérité ou de fausseté.

Ce n'est quepar l'effet de la volonté ou par le manque de l'idée adéquate que l'erreur peut exister.

Et c'est donc dans ce manqueque réside l'erreur, non dans le désir.

En effet, je pourrais désirer flotter dans les airs, ce désir ne constitue pas uneerreur si je sais qu'en raison de la gravité cela est impossible.

Néanmoins, il reste que les désirs sont tout de mêmemis hors de la recherche de la vérité même si on ne les incriminent pas directement, il semble tout de même que lasuspicion est de mise.

Or ne peut-on pas dire d'une certaine manière que les désirs participent de la recherche duvrai ? Et dès lors qu'il faut se faire aussi un concept positif de l'erreur ? III – Valeur positive de l'erreur et puissance du désir a) En effet, c'est bien ce que thématise Holton dans l' Imagination scientifique lorsqu'il parle de l'importance voire de la preponderance des thémâta dans le développement des savoirs scientifiques.

De l'aveu même de l'auteur,cette notion de « thémâta » regroupe un ensemble de déterminations, un faisceau d'attributs dont il est difficile decomprendre toutes les composantes et toutes les espèces.

Mais parmi celles-ci on retrouve notamment les désirs,l'inconscient et l'imagination.

Or en reprenant une lettre d'Einstein à Solovine du 7 mai 1952 sur la formation d'unethéorie scientifique on peut voir la place prépondérante de ces thémâta définis aussi comme une puissancecréatrice, celle-là même qui s'origine dans les désirs et prend la forme d'une imagination créatrice.b) Ce rôle des désires est peut-être plus important qu'on ne le pense généralement dans la recherche du vrai ou laformation des systèmes philosophiques se donnant pour tâche de trouver la vérité comme on peut le voir à travers. »

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