Nos désirs sont-ils la cause de nos erreurs ?
Publié le 27/02/2008
                            
                        
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                                                                                                                            par leurs formes fantasmagoriques et imaginatives sont bien des sources d'erreur si on les suit dans le cheminementde la recherche de la vérité.
                                                            
                                                                                
                                                                    Les désirs sont le propre de l'erreur et du phantasme sur la réalité.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il faut donc s'endétacher si l'on veut faire œuvre de science et rechercher la vérité.
                                                            
                                                                                
                                                                    Néanmoins n'est-on pas là en train d'instruireun procès d'intention aux désirs dans la mesure où ces derniers sont pas les juge du vrai ou du faux ? Ne faut-il pasdisculper les désirs  et plutôt la cause de nos erreurs  dans la volonté qui  élit une proposition  en la considérantcomme un jugement vrai ?  II – Mise hors de cause de l'erreur a) Effectivement, les désirs en tant qu'ils sont liés à l'illusion par la puissance même du désir ne manifeste pas unrapport  d'identité  avec l'erreur.
                                                            
                                                                                
                                                                     On pourrait  même dire que les désirs  ne sont  pas en lien  avec  l'erreurintrinsèquement.
                                                            
                                                                                
                                                                    Et c'est bien ce que l'on peut voir avec 	Freud	 dans l'	Avenir d'une illusion	 : « C'était une illusion de	la part de Christophe Colomb de croire qu'il avait trouvé une nouvelle route maritime des Indes.
                                                            
                                                                                
                                                                    La part de désir quecomportait cette erreur est manifeste.
                                                            
                                                                                
                                                                    » De même « Une jeune fille de condition modeste peut par exemple se créerl'illusion qu'un prince charmant va venir la chercher pour l'épouser.
                                                            
                                                                                
                                                                    Or cela est possible […].
                                                            
                                                                                
                                                                    Que le Messie vienne etfonde un âge d'or, voilà qui est beaucoup moins vraisemblable.
                                                            
                                                                                
                                                                    » L'illusion s'enracine dans les désirs, elle en est unedes manifestations ; or force est de constater que les désirs en sont pas en eux-mêmes cause de nos erreurs.b) En effet, et c'est bien dans une théorie de l'erreur qu'il faut rentrer.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'erreur n'est pas due aux désirs ; mais bienplutôt  à la  faculté  de la volonté  qui donne sa  créance à nos  désirs.
                                                            
                                                                                
                                                                     Et c'est  bien ce que  l'on peut  voir chezDescartes	 dans  la quatrième  de ses 	Méditations  Métaphysiques	.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'erreur  est le résultat  d'une opération  de	jugement.
                                                            
                                                                                
                                                                     Il s'agit  d'un décalage  entre une volonté  infinie et un  entendement  fini.
                                                            
                                                                                
                                                                    Les erreurs  effectivement« dépendent du concours de deux causes, à savoir, de la puissance de connaître […] et de la puissance d'élire ».
                                                            
                                                                                
                                                                    La« puissance de connaître » c'est ce que l'on appelle l'entendement.
                                                            
                                                                                
                                                                    Quant à « la puissance d'élire » c'est la volonté,c'est-à-dire le siège de la faculté de porter librement des jugements sur ce que l'entendement permet de connaître.Et c'est donc bien là le problème, si nous croyons nos désirs comme dans la recherche de la science, il n'en restepas moins que ses désirs ne sont pas en eux-mêmes responsables de l'erreur.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ils sont certes une tendance mais rienne les juge en eux-mêmes comme vrais ou faux dans l'opération de connaître.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ainsi si je crois par un désir profondque la terre  est le centre  de l'univers,  ce désir  en lui-même  n'exprime  rien d'autre  qu'un vœu ou l'effet  del'imagination et ce n'est que par l'élection de la volonté que l'on peut parler alors d'erreur.
                                                            
                                                                                
                                                                    Et c'est pour cela qu'ilfaut user de méthode dans les recherches scientifiques.c) L'erreur n'est donc qu'une privation de connaissance.
                                                            
                                                                                
                                                                    Et elle ne trouve pas sa cause dans le désir ou encoremoins dans l'imagination tel qu'on peut le voir dans 	l'Ethique	 de 	Spinoza	 proposition 33 du livre II, scolie.
                                                            
                                                                                
                                                                    Même si	Spinoza remet en cause l'idée que la volonté serait la cause de nos erreurs, il faut voir que l'essentiel est bien quel'erreur n'est que l'absence de la connaissance adéquate.
                                                            
                                                                        
                                                                    la cause de l'erreur est donc la non-présence de l'idéevraie et c'est ce que l'on peut voir à travers l'exemple qu'il donne de la distance du soleil.
                                                            
                                                                                
                                                                    En effet, si s'imagine envoyant  le soleil  qu'il est à  deux cents  pieds, il n'en  reste pas moins  que cette imagination  est vraie puisqu'ellecorrespond à une perception or l'erreur ne vient de cela mais du fait que je ne possède pas la vraie distance dusoleil.
                                                            
                                                                                
                                                                    Qu'en est-il pour le désir ? Effectivement le cas ici n'est pas exactement analogue au cas du désir.
                                                            
                                                                                
                                                                    Qu'en est-il ? On peut en voir une indication dans la proposition XIII du livre III de 	l'Ethique	 de 	Spinoza	 lorsqu'il nous dit que	« aussi longtemps que l'esprit imagine quelque que chose de tel, aussi longtemps se trouve diminuée ou contrariée lapuissance  de l'Esprit  et du Corps, et  néanmoins, il  l'imaginera aussi  longtemps que l'Esprit n'imaginera  pas autrechose qui en exclue l'existence présente.
                                                            
                                                                                
                                                                    » Ici il est possible de voir un lien entre le désir et l'imagination.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le désirou ce qui  sera désiré  sera source  d'imagination et  en ce sens, si  le désir est une  puissance qui  peut être unediminution de la puissance d'agir en tant qu'idée inadéquate par rapport au vrai, il n'en reste pas moins que la causede l'erreur réside toujours dans la privation de l'idée adéquate et non dans le désir.
                                                            
                                                                                
                                                                    Au pire, on pourrait dire que lesdésirs pourraient être source de l'erreur mais pas cause de celle-ci.
                                                            
                                                                                
                                                                    Transition	 :	Ainsi les désirs sont neutres en eux-mêmes du point de vue d'un jugement de vérité ou de fausseté.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ce n'est quepar l'effet de la volonté ou par le manque de l'idée adéquate que l'erreur peut exister.
                                                            
                                                                                
                                                                    Et c'est donc dans ce manqueque réside l'erreur, non dans le désir.
                                                            
                                                                                
                                                                    En effet, je pourrais désirer flotter dans les airs, ce désir ne constitue pas uneerreur si je sais qu'en raison de la gravité cela est impossible.
                                                            
                                                                                
                                                                    Néanmoins, il reste que les désirs sont tout de mêmemis hors de la recherche de la vérité même si on ne les incriminent pas directement, il semble tout de même que lasuspicion est de mise.
                                                            
                                                                                
                                                                    Or ne peut-on pas dire d'une certaine manière que les désirs participent de la recherche duvrai ? Et dès lors qu'il faut se faire aussi un concept positif de l'erreur ?  III – Valeur positive de l'erreur et puissance du désir a) En effet, c'est bien ce que thématise 	Holton	 dans l'	Imagination scientifique	 lorsqu'il parle de l'importance voire	de la preponderance des  thémâta dans le développement  des savoirs scientifiques.
                                                            
                                                                                
                                                                     De l'aveu même de l'auteur,cette notion de « thémâta » regroupe un ensemble de déterminations, un faisceau d'attributs dont il est difficile decomprendre toutes les composantes et toutes les espèces.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais parmi celles-ci on retrouve notamment les désirs,l'inconscient et l'imagination.
                                                            
                                                                                
                                                                    Or en reprenant une lettre d'Einstein à Solovine du 7 mai 1952 sur la formation d'unethéorie scientifique  on peut  voir la place  prépondérante  de ces  thémâta  définis aussi comme  une puissancecréatrice, celle-là même qui s'origine dans les désirs et prend la forme d'une imagination créatrice.b) Ce rôle des désires est peut-être plus important qu'on ne le pense généralement dans la recherche du vrai ou laformation des systèmes philosophiques se donnant pour tâche de trouver la vérité comme on peut le voir à travers.
                                                                                                                    »
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