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Notre nature nous indique-t-elle ce que nous devons faire ?

Publié le 01/02/2004

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Nous sommes donc responsables de ce que nous sommes et absolument libres de devenir lâches ou héros. Affirmer donc que notre nature (notre caractère à la naissance, nos prédéterminations, etc.) nous indique ce que nous devons faire, cela revient donc à penser que nous sommes prédéterminés par cette nature. Or, si c'est le cas, il devient difficile de dire que cette nature donne des indications quant au devoir puisque le sens du devoir suppose une certaine liberté. On ne fait pas son devoir quand on réagit simplement, ou quand on est dans la nécessité de faire telle chose, dans la contrainte. Il convient donc de questionner rigoureusement ce que l'on peut entendre par devoir et il semble que celui-ci implique un certain nombre de choix, de la liberté et de l'indécision (à l'opposé de l'idée qu'il y aurait détermination ou prédétermination). Si la nature détermine tel homme à agir de la sorte, alors celui-ci agit par nécessité. On ne parle plus alors de devoir. Comment la nature peut-elle éventuellement nous permettre d'agir, nous orienter tout en nous laissant libres ? C'est tout le problème, par exemple, du péché (Adam et Ève) : comment se fait-il que la nature humaine soit déterminée à fauter tout en demeurant libre de le faire ?

La nature humaine est-elle à l'origine des prescriptions de la morale ? La nature peut-elle guider notre action ou bien n'est-elle qu'un ordre factuel que la volonté humaine est libre de préserver ou de transformer ?

  • 1) La nature de l'homme comme principe premier de la morale.
  • 2) La nature humaine est une construction de l'esprit.
  • 3) La morale et les fins.

« Par définition, un être naturel se distingue par sa capacité à s'organiser, se développer, se mouvoir par lui-même.

IIporte en lui-même le principe de son existence.

Cette spontanéité se retrouve tout particulièrement chez les êtresvivants qui sont donc les représentants exemplaires de cette définition de la nature.

Par opposition, les objetsfabriqués par l'homme sont dits « artificiels » puisque le principe de leur existence, l'agent producteur, leur estextérieur.Si l'homme est un être naturel, il faut alors admettre l'existence en lui d'une spontanéité qui impulse, guide etsoutient son développement et son activité.

On peut supposer que ce dynamisme naturel s'exprime à travers unensemble d'instincts et de tendances qui orientent son action.

La disposition, voire l'exigence, de l'homme à agirmoralement pourrait ainsi être inscrite dans sa nature. B.

La nature indique la voie du bonheurMais en quoi consiste le bien ? Comment devons-nous agir ? Suivre la voie de la nature, c'est toujours atteindre lebonheur.

Le bonheur est précisément l'état de celui qui vit en accord avec sa nature et qui connaît de ce fait uneexistence cohérente, harmonieuse et sereine.

La disposition morale n'est donc pas à concevoir, dans ces conditions,comme un sens du devoir réclamant le sacrifice de soi.

Au contraire, la sagesse consiste à se connaîtresuffisamment pour pouvoir rester fidèle à soi-même, pour s'accomplir dans une vie qui ne se perde pas en agitationsvaines, en faux besoins et en craintes inutiles.

Les maximes de la morale ne sont donc que des conseils aidant à serapprocher d'une vie épanouie.

Il n'y a pas de conflit entre notre devoir et notre nature : l'un et l'autre conspirentensemble vers une même fin, la vie heureuse. C.

La nature incite mais ne dicte pasS'il est important de connaître sa nature pour être heureux, c'est qu'à elle seule, par le jeu de ses tendances et deses impulsions, elle ne parvient pas à régner souverainement en l'homme.

L'éducation, la vie sociale font en effetacquérir à ce dernier bon nombre d'habitudes qui ne sont pas nécessairement en accord avec les inclinationsnaturelles.

Par exemple, pour obtenir l'obéissance d'un enfant, on le menace d'un châtiment, souvent une douleurphysique (une fessée, une gifle...) ; ou bien on lui fait miroiter la perspective d'une récompense, en général unplaisir (une sucrerie, un jouet, une caresse...).

Ces habitudes donnent naissance à une crainte du châtiment et à undésir de récompense qui peuvent persister à l'âge adulte, entretenus par exemple par la croyance religieuse.

Cesdispositions ne sont pas des tendances naturelles mais des acquisitions culturelles.

Suivre la nature suppose donc,bien souvent, de remettre en question de nombreux penchants qui ne forment qu'une seconde nature, une naturedévoyée, pervertie.

La tendance naturelle ne s'impose donc pas nécessairement ; elle peut être déviée, mise enéchec, étouffée.

C'est pourquoi l'homme ne peut se suffire du fragile élan naturel pour atteindre le bonheur ; il doitle renforcer et le soutenir par la connaissance de l'ordre vers lequel il tend.

Le bonheur est rarement atteintspontanément ; les hommes ont besoin d'une sagesse pour s'en assurer.Mais si la volonté n'est pas entièrement déterminée par la nature, doit-elle forcément se régler sur cette nature ?Autrement dit, pour quelles raisons la volonté humaine devrait-elle suivre les tendances naturelles ? 2.

La nature humaine comme ordre factuel A.

Un fait n'a pas de valeurAdmettons que notre nature se manifeste à notre conscience sous la forme d'inclinations et de penchants.

En quoile constat de ces tendances pourrait-il obliger ma volonté ? Certes, si je veux être heureux et si je crois que manature m'indique la voie du bonheur, la tendance naturelle représentera pour moi un guide très précieux.

Maispourquoi devrais-je vouloir être heureux ? Cette fin ne s'impose également en moi qu'en vertu d'une aspirationnaturelle au bonheur.

Mais ma volonté est-elle tenue de convertir le fait de cette inclination en une norme morale ?J'ai envie d'être heureux.

Est-ce à dire que je dois vouloir le bonheur ? II faut convenir que l'orientation spontanéede ma nature ne saurait revêtir une quelconque valeur morale.

Ce n'est pas parce que ma nature me pousse dansune direction que cette direction est moralement bonne.

En elle-même, notre nature n'est ni bonne ni mauvaise ;c'est un fait, elle existe, nous ne saurions la nier.

Mais en tant que fait, elle ne nous indique rien quant à ce quenous devrions faire ; elle n'a aucune valeur morale. B.

L'homme invente ses finsLa nature, entendue comme simple fait, ne saurait donc être source de valeur.

Ce n'est pas parce que la loi du plusfort règne dans la nature qu'il nous faut nous conduire les uns envers les autres selon cette loi naturelle (loi dite «de la jungle »).

La conscience d'une tendance naturelle ne peut pas légitimement fonder un quelconque impératifmoral.

Si le principe de la volonté morale est extérieur à la nature, où peut-on alors le trouver ? Qu'est-ce qui peutindiquer ce que nous devons faire ? Aucune indication provenant d'autrui ou du monde extérieur n'est capable deforcer mon consentement.

Je me sens toujours libre de suivre l'injonction d'autrui ou de me conformer à ce quej'observe dans la nature ou dans la société.

Autrui, la société, les forces naturelles peuvent me contraindre etsusciter une certaine prudence de ma part ; mais en aucun cas ils ne m'imposent des valeurs.

Qu'est-ce donc quipeut obliger ma volonté, si ce n'est ma volonté elle-même ? Je ne me sens pas en effet moralement tenu d'obéir àce que me demande un autre ; mais ce que je veux, ce que j'ai décidé a le pouvoir d'orienter mes décisions futures,de s'imposer à moi sur le mode d'une obligation.

C'est donc la volonté humaine qui crée l'obligation morale.L'existence de valeurs morales prouve que la volonté a le pouvoir de légiférer sur elle-même, autrement dit qu'elleest autonome.Les hommes n'ont donc pas à se fier aux indications de leur nature pour connaître le bien moral.

Celui-ci sereconnaît au sentiment d'obligation ou de devoir.

Ce que je dois faire, ma conscience me l'apprend par la valeurimpérative de certaines pensées.

Si je sais que je ne dois pas mentir, ce n'est pas en vertu d'un élan de sincériténaturelle mais parce qu'il y a en moi la volonté de ne pas accomplir cet acte.

Si ma volonté était totalement. »

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