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Notre vie affective a-t-elle une influence sur notre vie intellectuelle ?

Publié le 08/06/2009

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Introduction A la suite d'une vive émotion, nous essayons en vain de nous remettre à un travail d'ordre intellectuel commencé. Impossible : les idées ne viennent pas. Notre pensée est accaparée par l'objet de l'émotion. Et pourtant, notre vie intellectuelle se déroule loin de l'action, tandis que notre vie affective semble au coeur de celle-ci. La vie affective a-t-elle donc une réelle influence sur la vie intellectuelle ? Et quelle est la nature et la portée de cette influence ? I. Il semble qu'il y ait parfois absence d'influence 1°) Il ne faut pas toujours se fier à l'apparence d'absence d'influence. La vie intellectuelle semble bien au premier abord être un domaine distinct. Le jugement objectif, domaine propre de l'intelligence, énonce des affirmations qui sont ce qu'elles sont indépendamment de tout sentiment. Et toutes les exigences rationnelles des sciences s'appliquent par elles-mêmes; en une neutralité affective, qui ne laisse pas de place à une influence reçue. Si par hasard il y a influence, c'est alors que l'on sort de la science véritable. En fait, une bonne analyse montre que si la science est, en effet, indifférente, la vie intellectuelle qui se situe dans le savant, elle, n'est à peu près jamais indifférente. Nous avons à faire cette analyse. Notons seulement ici que le savant ne s'appliquera pas à son travail, s'il n'a pas, comme on dit, le « c½ur à l'ouvrage ».

« problème de la nature de la souffrance...b) Certaines émotions relatives à la vie intellectuelle elle-même peuvent souligner aux yeux de ceux qui leséprouvent certaines valeurs intellectuelles, dont ils n'auraient pas saisi la portée autrement.Exemples : le savant ému par la découverte qu'il pressent et qui répond à tant d'efforts, est stimulé plus que jamais,et apprécie d'autant plus la valeur de ce qu'il découvre.Certains écrivains : poètes, littérateurs divers ont été marqués par certaines émotions ; ex.

: LAMARTINE, VICTORHUGO, affectés par la mort d'un être cher, découvrent des valeurs poétiques, bien mieux qu'ils n'auraient fait par laseule imagination...Explication : C'est toujours l'application de la même loi : l'émotion a créé un intérêt nouveau.c) Certaines passions dominantes agissent comme ces émotions dont nous venons de parler ; mais leur permanencedans le sujet rend leur action sur la vie intellectuelle plus constante.

Cependant, c'est la passion qui demeure sousle contrôle de la volonté qui reste régulatrice et stimulante pour la vie intellectuelle.

Il ne peut en effet y avoir devie intellectuelle véritable contre la raison...Ex.

: B.

PALISSY, dominé par sa passion de découverte de l'émail supporte toutes les difficultés pour continuer sonétude, ses expériences.3°) L'affectivité accompagne et donne à la vie intellectuelle une marque propreL'influence ici n'est pas celle d'une efficience (la vie affective ne produit pas la vie intellectuelle ou ne l'augmentepas), mais elle la marque, de telle sorte que la vie intellectuelle en reçoit une spécificité propre.a) Il y a d'abord une marque qui est commune à toute activité psychique, « la marque d'appartenance » : la vieintellectuelle (même la plus désintéressée ; même la plus objective ; même la plus administrative : employé debureau, etc.) est toujours pour celui qui la vit « sa » propre vie...Tout ce qui est « mien » me devient cher et demeure à mes yeux une réalité qui m'appartient et qui a acquis par làmême une valeur spéciale.b) Il y a aussi des marques propres à certaines formes de la vie intellectuelle :(I) marques de clarté et d'illumination dans le cas par exemple de découvertes intellectuelles :— l'évidence des conclusions rationnelles, en mathématiques, en métaphysique ; et aussi dans la vie, la découvertede la raison des choses, etc.

;— l'illumination de la relation nouvelle qui apparaît soudain à l'esprit dans les inventions.

Cf.

« l'euréka »d'ARCHIMÈDE ; l'illumination de POINCARÉ découvrant subitement la relation des fonctions fuschiennes, etc.

;— l'illumination du beau...

avec l'admiration qui suit et qui marque si fortement l'esprit, que celui-ci en est « ravi » ;— surtout l'évidence de l'expérience affective elle-même ; il y a des joies et des douleurs dont on ne peutconnaître, à plus forte raison étudier la profondeur qu'en les vivant ;(2) marques de satisfactions morales (ou d'insatisfactions):— les sentiments moraux qui accompagnent les jugements d'ordre moral (toute la vie intellectuelle d'ordre moral);— les jugements pratiques qui guident l'action morale sont marqués de « sentiment moral » - satisfaction de labonne conscience : insatisfaction de la mauvaise ; avec toutes les nuances possibles ;(3) marques d'effort (avec son caractère pénible) chaque fois que la vie intellectuelle ne se fait pas facilement.Plus la vie intellectuelle est élevée, plus elle est marquée de cet effort et du sentiment qui l'accompagne.

Lemaniement des idées abstraites n'évite que très rarement cet accompagnement affectif.L'effort intellectuel s'achève d'ailleurs ordinairement par un sentiment de joie : joie du résultat ; ou au moins joiemorale de l'effort lui-même...4°) La vie affective pose des problèmes à la vie intellectuelle L'homme est capable de penser sa vie affective.Celle-ci se pose donc comme objet d'une activité intellectuelle.Principaux problèmes : Juger la valeur de la vie affective et sa place dans la vie ; spécialement cette influence dontnous parlons, afin qu'elle serve et ne nuise pas.Découvrir les sentiments secrets et qui agissent à notre insu dans notre existence.Utiliser les ressorts de la vie affective pour stimuler un progrès de la vie intellectuelle et morale.B.

— Influence de la vie affective déréglée sur la vie intellectuelle1°) La vie affective anormale (émotions fortes, passions exclusives, etc.) peut inhiber totalement la vie intellectuelleLes fortes émotions par exemple empêchent totalement la vie intellectuelle tout le temps de leur durée ; de mêmel'acte de la passion violente.Elles ont particulièrement l'effet d'empêcher l'adaptation de l'homme à la situation, puisque l'intelligence qui est lafaculté qui permet l'adaptation en jugeant les moyens par rapport à la fin à atteindre, ne peut fonctionner.La raison de cette inhibition totale est d'ordre physiologique.

Le trouble physique et corporel réagit sur l'espritinséparable du corps.

Toute activité mentale suppose une activité cérébrale concomitante.

C'est celle-ci qui esttroublée au point de devenir impossible, et qui rend par conséquence l'activité intellectuelle impossible aussi.

Lesimages, les mots, qui accompagnent la pensée et la rendent possible, sont absents.2°) En dehors de ces moments forts, la vie affective anormale trouble la vie intellectuelleLa loi de cette action est ordinairement la même : cette vie affective développe un intérêt anormal mais dominant.Or, cet intérêt, en raison de sa dominance, accapare l'attention et les forces psychiques disponibles.Exemple type : le passionné qui ne vit plus que pour l'objet de sapassion.

C'est l'homme tout entier qui est au service de cette passion : le coeur, mais aussi la pensée, l'activité,etc.Principaux effets de cette influence sur la vie intellectuelle :— Fixation de l'esprit sur l'unique objet.L'esprit est obnubilé : il est incapable de voir autre chose.Ainsi, dans le deuxième temps de l'émotion forte, après l'inhibition totale, il y a une période de fixation de l'esprit surl'unique objet del'émotion.

C'est pourquoi la mémoire ne retient que ce qui concerne cet objet.. »

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