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Parler et écrire

Publié le 01/10/2013

Extrait du document

Conformément aux règles que nous avons établies pour la comparaison, nous recueillerons d'abord les traits qui caractérisent la parole et ceux qui caractérisent l'écriture, sans chercher pour l'instant à établir ni même à amorcer la comparaison; il ne faut pas que le souci de comparer risque de fausser nos analyses en accentuant soit le rapprochement soit l'opposition. Cette enquête, nous la menons un peu au hasard, ou nous nous servons d'un questionnaire passe-partout. Nous nous demanderons par exemple qui parle, à qui l'on parle, quand on parle; ce que la parole permet, on ne permet pas d'exprimer; nous nous placerons à des points de vue différents : physiologique, psychologique, social, esthétique, moral; nous examinerons des obstacles et des moyens, des avantages et des inconvénients. Nous nous demanderons de même quand on écrit, qui entreprend d'écrire et pourquoi, à qui on écrit, quelles sont les attitudes possibles d'un homme en face du texte écrit, ou du texte imprimé.

« définition stricte : il peut arriver que des dessins sur un support matériel expriment quelque chose, et même puissamment, sans qu'il s'agisse d'écriture, parce qu'il n'y est pas question de mots : un tableau n'est pas une écriture; certains peuples archaïques communiquent entre eux, dit-on, au moyen de morceaux de bois portant des encoches, ou de cordes formant des nœuds; ce n'est pas là une écriture.

Il n'y a écriture que lorsque le dessin correspond à des mots, lorsque le dessin peut « se parler », ou comme on dit, se lire.

Toute écriture proprement dite est « pho­ nétique», comme tout langage est« parlé»; les signes de l'écriture (principalement les lettres) représentent des phonèmes et ces phonèmes, lus à voix haute ou basse, constituent les mots.

Il faut donc exclure de notre recherche l'écriture que l'on appelle idéographique parce qu'elle représente non des mots, mais des idées, les hiéroglyphes égyptiens par exemple, ou les caractères chinois à une certaine période de leur histoire.

Remarque sur cette analyse.

Nous n'avons pas procédé selon les règles que nous avions dégagées dans la Première partie de cet ouvrage, et que nous appliquons à propos d'autres sujets.

C'est que ni parole, ni écriture ne sont des concepts comparables à ceux qui sont l'objet d'analyses philosophiques (tels que liberté, cause, devoir, hasard, volonté, raison, possibilité, idée, mal).

Disons plutôt que ce sont des « institutions », c'est-à-dire des réalités constitutives de l'existence sociale, dont il faut saisir et décrire le statut.

Nous avons donc été soucieux de délimiter en toute rigueur l'extension des objets dont nous avons à nous occuper.

Nous nous sommes même permis de décider que nous n'entendrions les mots de langage, parole et écriture que dans un sens strict : nous refusons d'appeler langage tout moyen d'expression et de communication qui utilise autre chose que des mots et des phrases.

Il en résulte immédiatement - chose importante pour notre sujet - que le langage c'est proprement le langage parlé (la parole), et que l'écriture c'est la graphie de la parole.

Nous reconnaissons qu'en d'autres circonstances, il vaudrait mieux procéder autre­ ment, et prendre en considération toutes sortes de moyens de communication autres que la parole et l'écriture, ou encore qu'il pourrait y avoir intérêt à élargir à l'extrême l'extension de ces deux mots, et à appeler parole tout moyen de transmission frappant l'oreille, et écriture tout moyen de transmission touchant les yeux (c'est un beau sujet de dissertation que d'analyser comparativement « L'ouïe et la vue»); mais nous tenons avant tout à éliminer toute confusion, et nous voudrions montrer tout le parti qu'une analyse peut tirer de définitions quasi-con­ ventionnelles.

/ Parole.

/ A.

- Rassemblement des matériaux.

Exemples: Il s'agit de recenser et si possible de classer les différentes formes sous lesquelles se manifeste la parole, de façon à ne rien. »

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