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Peut-il y avoir savoir faire sans savoir ?

Publié le 30/03/2005

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            Une fois que l'élève a inventé sa propre manière de cuisiner, de jouer aux échecs ou de faire de la poésie il devient à son tour un modèle, mais comment son savoir faire lui appartient-il, quel rapport entretient-il à sa propre technique ? La réponse est facile pour l'élève, c'est un rapport d'apprentissage, mais pour le maître ?             La familiarité du virtuose ou du très bon artisan avec sa méthode de travail est certainement indicible pour lui-même, et pour cause il n'a pas à se l'auto expliquer. En ce sens il y a savoir faire sans thématisation théorique de ce savoir, le savoir faire repose sur de l'implicite, la pratique fait l'économie de sa propre théorie. On retrouve là la distinction bergsonienne entre le savoir de l'intelligence, traduit par les mots, et le savoir intuitif, qui se passe du langage, ne fait pas, comme la théorie, le tour de son objet, mais le pénètre directement. C'est parce que le savoir faire est savoir intuitif qu'il se passe de réflexion, les hésitations, les essais du maître ne sont pas des calculs rationnels mais des intuitions.   III-Savoir faire et monde organique.               Le sphex dont parle Bergson dans L'Evolution Créatrice, capable de paralyser sa proie en la piquant au bon endroit (alors qu'il faudrait une carte anatomique au scientifique pour réussir), le comportement inné du poisson feuille qui imite la feuille sans l'apprendre, les autos réparations de l'embryon (cf les travaux de Driesch), témoignent d'instincts innés, efficaces quant au problème du maintient de la vie.             Dans différents écrits Samuel Butler en parle avec humour comme de savoirs faire, et il faut se demander si une telle vision est purement gratuite ou si elle donne à penser. Il semble que ce ne soit que par métaphore qu'on puisse dire que l'estomac, le coeur, le bulbe d'une plante savent ce qu'ils ont à faire.

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