Peut On Aimer L'Argent ?
Publié le 08/01/2013
Extrait du document
sont donc pas rationnels et peuvent ainsi se porter sur tout, y compris l’argent. Il y a alors une véritable
volonté de posséder de l’argent pour se réaliser. L’argent perd son rôle de moyen pour devenir une fin en
soi, qui justifie au nom de son autoconservation de sacrifier tout le reste. L’individu n’existe plus que
dans
son rapport à l’argent. Il souhaite en posséder toujours plus, considérant que son niveau de satisfaction
est
directement lié à l’argent qu’il possède. Sentiment sûrement illusoire, assurément destructeur puisque
par
nature impossible à assouvir par son caractère infini, il trouve du moins une justification ici. Même dans
ce cas, l’argent vu comme une fin est de
ce point de vue souhaitable puisque permettant à l’homme de se
réaliser.
Le philosophe Pascal fait lui une toute autre traduction de la notion de conatus. Il s’agit là encore
de persévérer dans son être mais, non plus par la notion de réalisation de son essence, mais plutôt par
une
sorte de maintien conscient et volontaire de sa naïveté. Il introduit la notion de divertissement. L’homme
sans Dieu, conscient de son existence et de sa mort se désespère de son impuissance.
«
sa
capacité à inscrire ses projets dans une temporalité et à dissocier le projet, les moyens et le résultat
effectif
du projet.
Philosophie de l’argent de Simmel développe très précisément l’idée selon laquelle l’homme se
détermine à agir en suivant un processus téléologique qui lui permettra d’atteindre une finalité
librementchoisie en déterminant de lui -même quels seront les moyens les plus appropriés pour y
parvenir.
Ce
cheminement de l’homme permet donc de mettre en relation le désir et la finalité projetée avec les
moyens envisagés pour l’atteindre.
L’argent considéré comme moyen est pour l’homme le moyen absolu
de parvenir à ses fins.
En effet l’argent n’a aucun rapport de contenu avec ce qu’il permet d’acheter.
Parce que l’argent est pure convention qui n’a de valeur que dans celle qui lui reconnaît la communauté,
on utilisera le même argent pour acheter une voiture ou une baguette de pain.
L’argent, pure convention
sans valeur intrinsèque permet alors de tout acheter.
Il n’y a plus besoin que le boulanger ait besoin
d’une
voiture et le concessionnaire d’une baguette simultanément pour que la transaction s’effectue.
Il
n’y a
plus besoin non plus de s’entendre sur l’équité de l’échange.
L’argent a enfin l’avantage indéniable d’être
un médiateur temporel.
L’on peut ne pas consommer immédiatement l’argent que l’on gagne pour la
dépenser quand bon nous semble.
Pour reprendre l’exemple précédent, le concessionnaire pourra
acheter
sa baguette au boulanger chaque matin et le boulanger pourra acheter une nouvelle voiture tous les dix
ans ce qui serait impossible sans argent.
L’argent a la valeur de sa liberté temporelle d’utilisation et la
valeur simultanée de tous les objets qu’il permet d’acheter.
Derrière cette nécessité de l’utilisation de l’argent dans nos sociétés se cache bien des raisons
d’exécrer l’argent.
Il est tout d’abord contestable d’accepter l’argent comme mesure du mérite de chaque
individu.
En effet, considérer l’argent comme indicateur de la contribution de chacun à la société revient à
prôner l’argent comme une valeur sociale qui permet une sorte d’évaluation de ce que chacun apporte à
la
société.
Pourtant, l’argent non moral, celui qu’on gagne par le jeu ou par le vol, ne peut constituer une
évaluation du travail.
En allant plus loin dans ce sens, il apparaît que l’on peut oeuvrer pour le bien
commun de l’homme, ce qu’on assimilera ici au travail, sans pour autant en tirer bénéfice.
Il suffit pour
s’en
convaincre de regarder le fonctionnement des associations qui permettent toutes, à leur manière, de
participer au bien-être collectif, et n’ayant pourtant aucun lien direct avec l’argent.
L’association est par
nature un regroupement bénévole d’individus.
L’argent donc ne peut et ne doit constituer une preuve de
l’implication d’un individu dans la société.
Par ailleurs, le fait même d’évaluer le mérite d’un individu que
cela soit par l’argent ou par toute autre chose s’avère un contresens.
En effet, l’homme doit toujours être
considéré par lui et par autrui comme une fin en soi.
Il n’y a donc en l’homme aucune autre finalité que
son existence propre et ce qu’il se détermine à en faire.
C’est donc un non-sens d’évaluer la valeur d’un
être puisque chacun agit selon sa propre finalité sans que quiconque n’ait droit d’évaluer cela.
L’argent
n’est donc assurément pas une valeur sociale.
On ne peut donc pas aimer l’argent pour le statut social
qu’il apporte sans se leurrer.
Cette valorisation de l’individu par l’argent s’accompagne plus généralement par un faussement
des valeurs en général.
Simmel souligne combien cette valorisation nouvelle des choses par leur valeur
d’échange et non leur valeur pratique est contre-nature.
La valeur d’échange, le prix des objets suit une
loi logique et immuable de l’offre
et de la demande.
Le prix est fixé de telle manière que toute la.
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