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Peut-on choisir sa vie ?

Publié le 27/02/2008

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Qu’est-ce qui pourrait bien nous interdire cela ? Au quotidien, il semble que nous faisons ce que nous voulons. Si nous voulons nous lever, nous nous levons, si nous voulons marcher, nous marchons…En un mot, nous sommes des êtres libres. Cela implique alors que nous ayons la possibilité de choisir ce que nous voulons, de choisir notre vie. Tous les choix quotidiens détermineraient ainsi ce que nous faisons de notre vie. Celle-ci paraît  être à notre disposition et prête à être formée selon nos décisions. Cela donnerait alors à l’homme un statut bien spécifique : il serait un existant.  Nous entendons par-là que contrairement à tout autre être, l’homme pourrait se déterminer lui-même. Il bénéficierait donc d’un pouvoir propre et entier. En effet, s’il nous est possible de choisir notre vie, alors nous pourrions aussi …ne pas la choisir. Or, sommes-nous absolument tout-puissants ?

 A vrai dire, nous ne savons même pas si nous pouvons choisir ce qui nous a été… donné. Nous ne choisissons pas de naître ou non, nous ne choisissons pas où nous naissons, quand nous naissons, dans quelle famille… Donc, comment pouvons-nous en déduire que nous choisissons le reste de notre existence ? Il se pourrait bien que tout ce que nous prétendons choisir est en fait entièrement déterminé, et que nous ignorions les causes de ces déterminations. Nous croyons choisir, et nous ne faisons qu’obéir à une nécessité que nous ne réalisons pas depuis notre point de vue d’individu. Le pouvoir de choisir notre vie nous serait alors refusé. Serions-nous pour autant condamnés à subir l’existence en nous réfugiant dans la fatalité sans jamais agir ou bien avons-nous le pouvoir d’aborder différemment les événements ? Paradoxalement, ici, une fois plongés dans la nécessité, se présente…un choix, voire même un devoir. Il apparaîtrait alors que nous devons choisir notre vie, sans avoir de certitude quant à la valeur de ce pouvoir.

 

« en quoi ce pouvoir ne serait-il pas qu'une simple illusion ? Spinoza, dans la partie II de son Ethique s'attache à ce point.

Il dit, dans le scolie de la proposition 35 : « les hommes se trompent ence qu'ils se croient libres ; et cette opinion consiste en cela seul qu'ils ontconscience de leurs actions et sont ignorants des causes par où ils sontdéterminés : ce qui constitue donc leur idée de la liberté, c'est qu'ils neconnaissent aucune cause de leurs actions.

» Ainsi, naturellement, nousignorons les causes qui nous déterminent.

Cela est dû, bien entendu, à notreperspective d'individus qui nous empêche a priori de saisir l'ensemble de cescauses.

Cette liberté, que nous considérons comme allant de soi est alorsconsidérée comme une ignorance.

Nous croyons être libres, comme nouscroyons que la nature agit en vue d'une fin, parce que nous formons desprojets.

Pire encore, la moindre chose présente nous attire, nous distrait,nous invite à repousser nos projets, et nous croyons encore la choisirlibrement.

L'attitude que nous avons vis à vis de notre existence n'a donc riend'un choix : ce pouvoir nous est ôté.

Ce que nous pouvons faire, à l'inverse,c'est aborder ce qui nous advient dans l'existence selon une attitudeparticulière.

Il ne s'agit donc plus de nous déterminer par nous-mêmes, maisd'affronter les événements avec l'attitude la plus adéquate, voire la plus sagepossible.

Cette sagesse commence d'ailleurs par la reconnaissance de lalimitation de notre pouvoir sur les événements et est suivie d'une préférenceà « se changer soi-même plutôt que l'ordre du monde ».

(Descartes ; Discours de la méthode ) III/ Nous devons choisir Cependant, s'il reste encore la possibilité de changer notre attitude face aux événements qui nousadviennent, c'est bien qu'il reste encore de la possibilité.

Cette possibilité s'ouvre par une connaissance de nous-mêmes, pour répondre à l'ignorance que nous avons de l'ensemble des causes qui nous déterminent.

Il y a donc bienun domaine réservé à la possibilité, un pouvoir qui nous est propre au milieu de ce qui nous conditionne.

De plus,parmi les événements que nous ne choisissons pas, il y a certes la naissance, le lieu et l'époque, mais aussi …lamort.

Nous n'avons pas choisi de devoir mourir un jour.

A première vue, la mort semble être la fin de tout notrepouvoir de choisir.

Au moment où elle advient, nous sommes réduits à néant.

Or, il se pourrait que ce soitl'acception de cet événement qui nous rappelle l'importance du choix.

C'est ainsi que Heidegger, dans Etre et Temps , qualifie l'homme d' « être-pour-la-mort.

» Qu'entendre par-là ? Heidegger veut dire qu'à la différence de l'animal qui périt , l'homme meurt .

Il ne s'agit pas ici d'une simple différence de vocabulaire.

L'homme sait qu'il va mourir et que le peu de vie qui lui estaccordée est destiné à lui être repris à un moment qu'il ignore entièrement.Autrement dit, il s'agit de trouver dans cette méditation de la mort, et danssa reconnaissance comme destination à laquelle nous ne pouvons échapper,l'urgence de choisir sa vie et de construire ce qui restera de nouséternellement.

« Nous sommes embarqués », dirait Pascal, de telle sorte quenous ne pouvons pas faire autrement que de choisir notre existence, et qu'ilfaut pour cela se consacrer pleinement à nos choix.

Sartre reprendraégalement cette perspective en précisant que « nous sommes condamnés àêtre libres.

» Conclusion :-Exister signifie ne pas pouvoir se passer de possibilités.

Notre pouvoir propreest donc de nous déterminer nous-mêmes.- Il se peut que ce pouvoir soit une simple illusion, puisque nous ignorons lesvéritables causes qui nous déterminent.- Néanmoins puisque nous sommes jetés dans l'existence à durée limitée,nous devons choisir et assumer nos choix pour ne pas les subir passivement.Nous pouvons choisir notre vie, mais ce pouvoir peut nous perdre si nous nele prenons pas comme un devoir.. »

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