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Peut-on être à la fois ignorant et savant ?

Publié le 27/02/2008

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Peut-on être à la fois ignorant et savant ?

  • Bien définir les termes du sujet :

 

- « Savant « : Un savant est une personne qui sait beaucoup de choses qui est d’une grande culture. Etre savant,  c’est donc en savoir beaucoup, en matière d’érudition ou de science. Etre savant, c’est donc être cultivé, mais d’une manière plus approfondie, il ne s’agit pas de connaître sommairement ce dont on parle, mais de le connaître entièrement.

- « Ignorant « : Etre ignorant, c’est le contraire d’être savant, c’est ne pas avoir la connaissance d’une chose, c’est manquer de pratique ou de connaissance, d’instruction, de savoir.

- « A la fois « : expression qui implique l’existence de deux choses en même temps, c’est une coexistence.    

- « Peut-on être « : indique ici non pas la légitimité, mais la possibilité, la faisabilité d’une telle expérience. Le « on « renvoie à l’homme en général.

 

  • Construction de la problématique :

 

            Le sujet repose sur un paradoxe, il cherche à examiner la coexistence de deux choses contradictoires – l’ignorance et le savoir. Les deux termes étant complètement opposés, il semble au premier abord évident qu’ils ne peuvent caractériser tous les deux une seule et même personne. Or c’est pourtant cette impossibilité que le sujet remet en cause. Si cette réflexion est possible, c’est parce que les deux qualificatifs ne s’appliquent pas au même champ. En effet, être savant renvoie plutôt à une connaissance livresque, éloignée de toute pratique, tandis qu’ignorant peut faire référence aussi bien à une connaissance théorique qu’à une connaissance pratique – je peux être ignorant en ce qui concerne la réparation des voitures.

            Se pose donc la question de savoir si avoir une connaissance théorique signifie que l’on est non seulement savant, mais que l’on connaît aussi parfaitement le domaine dont on parle et ses applications dans le monde réel. Autrement dit, le savoir est-il uniquement une connaissance théorique, ou nécessite t-il une pratique ? 

« è Kant veut donc dire qu'il est tout à fait possible d'avoir l'air d'être savant tout en étant complètement ignorant.

Il ne faut as en effet confondre la connaissance livresque d'un homme qui connaît de nombreuses chosespar cœur sans y avoir jamais réellement réfléchi.

Un individu de cette sorte n'est qu'un ordinateur ou uneencyclopédie à la mémoire impressionnante, mais il est un ignorant, car incapable d'exercer correctement sa facultéde juger.

II/ Le savant peut dans certaines situations paraître complètement ignorant : Mieux vaudrait donc être selon Kant moins savant mais plus capable d'exercer sa faculté de juger.

Mais cemême savant aura beau avoir une connaissance réelle, il n'e reste as moins que son savoir livresque, le rend parfoisinapte à appliquer ce qu'il a appris.

En effet, à force d'étudier des théories nouvelles, le savant dispose d'un nombreimportant de connaissances, mais ne les ayant jamais mises en pratique, il n'est pas capable de transformer le réelpar sa connaissance.

Autrement dit, ce savant se retrouve démuni dans certains contextes ou des moins savantsque lui sont tout à fait à l'aise.

● C'est ce que montre Aristote dans La Métaphysique.

Pour l'auteur, il faut absolument distinguer celui quiconnaît la règle –le savant – de celui qui l'applique – le technicien.

Ce dernier ne connaît pas la règle en général,mais accomplit l'action correctement parce qu'elle lui a été transmise pratiquement ; le technicien est donc ignorantde la loi théorique qui dirige ses actions.

Dans La Métaphysique, Aristote explique que souvent le ‘'technicien'’,c'est-à-dire « celui a l'expérience, le manœuvre » est supérieur au savant, à « l'architecte » parce qu'il réussitmieux que lui dans la réalisation pratique des travaux.

Il atteint plus souvent son but que celui qui ne fait queconnaître la règle.

Cela est dû au fait que le savant a un savoir qui porte sur la règle générale : c'est uneconnaissance universelle qui englobe tous les cas singulier.

A l'inverse, le technicien ignorant ces règles, de par sonexpérience, a une connaissance du particulier, du cas singulier : il saura donc mieux appliquer la règle car « toutesles actions et toutes les productions concernent ce qui est d'ordre singulier.

» L'auteur prend l'exemple du médecin :si ce dernier ne connaît que la théorie et est sans expérience, il ignore le cas singulier qui est contenu dansl'universel de la règle : de ce fait, il se trompera de traitement.

Le technicien « ignorant » est donc, sous un certainangle supérieur au savant, car ce dernier ne connaît que des règles générales qui sont inopérantes dans le monderéel, puisque nos actions ne portent jamais sur le général, mais toujours sur le particulier.

● Cependant, il n'en reste pas moins que pour Aristote, le technicien ignorant n'est que celui qui appliqueles idées du savant qui possède le savoir et la compréhension.

Le technicien ne peut absolument pas être un savantcar il n'a que l'expérience, il n'est que celui qui applique et met en œuvre les règle générales, sans jamais se poserde questions par rapport à elles.

Même si le technicien dispose d'un certain savoir, ce savoir étant uniquementpratique, et ne se rattachant qu'à un seul domaine particulier, il n'est pas possible de le considérer comme savant –puisque être savant implique non seulement une connaissance théorique, mais cela dans un large éventail dedomaines.

Le technicien n'élabore aucune théorie à partir de son expérience.

Il est donc un simple manœuvre, ilproduit ce qu'il fait à la manière dont certaines choses inanimées produisent un effet – cf.

d'ailleurs les machines quiont été inventées pour effectuer les tâches pénibles autrefois effectuées par des hommes.

Si le savant domine letechnicien par son savoir, c'est parce que « ceux qui ont de l'expérience ne savent que le fait, mais ne savent paspourquoi il s'est produit ; tandis que [les savants] le pourquoi, c'est-à-dire la cause.

».

Aristote prend l'exemple desarchitectes et des manœuvres, et explique que si les premiers sont considérés comme plus savants, c'est parce qu'ilmaîtrisent la règle et connaissent les causes : ils ne sont pas jugés du point de vue de la réalisation pratique.

Pour Aristote, le technicien ne peut donc pas être un savant car il ne dispose pas du recul nécessaire sur son travail pour faire naître une règle.

III/ L'homme accompli : Pour qu'un homme soit parfaitement savant, il faudrait donc qu'il ne soit as uniquement savant.

Autrement dit, un homme accompli n'est pas uniquement celui qui a une connaissance théorique du monde, c'est aussi celui quiest capable grâce à cette connaissance de prendre place dans le monde.

Cela signifie que la connaissance doit êtreeffective, elle doit mener à une pratique.

● C'est ce que montre Bergson dans L'Evolution créatrice.

L'auteur prend l'exemple des poissons scies oudes sphex ammophile dont le scientifique tente de reproduire les actes.

Le sphex est une sorte de guêpe quiattaque les chenilles pour les piquer dans un centre nerveux très précis qui les paralyse : le prédateur peut doncdéguster sa proie vivante mais incapable de se défendre.

Les animaux sont dans ce sens spécialisés, autrement dit,ils sont faits pour accomplir parfaitement une tâche, et à la manière de la machine, ils ne la ratent jamais.

Cettecapacité de la guêpe à piquer la chenille au bon endroit est due pour Bergson à ce qu'il appelle la « sympathie ».

Lasympathie est le résultat de l'intuition, c'est-à-dire le mouvement (vs l'intelligence qui est stable) par lequel nousnous transportons à l'intérieur d'une chose pour coïncider avec ce qu'elle a d'unique et par conséquentd'inexprimable.

La sympathie entre la guêpe et la chenille est due au fait que la guêpe est capable de sentir dansson corps le corps de la chenille, elle est capable de ressentir, d'éprouver, d'avoir une connaissance interne de lachenille.

C'est une connaissance irréfléchie rendue possible par l'instinct.

Lorsque les scientifiques tentent dereproduire cette piqûre sur une chenille, ils n'y arrivent pas à tous les coups, parce qu'ils ne le font pas avec leurinstinct, mais avec les connaissances qu'ils ont tirés de l'observation de la guêpe.

Autrement, ils tentent dereproduire avec leur intelligence un comportement instinctuel.

Il sont donc savant, puisqu'ils connaissent la loi, lamanière de procéder, et les effets de la piqûre, mais ce sont en même temps des ignorants, car ils sont incapablesde piquer la chenille avec autant d'exactitude que la guêpe.

● Pour être donc un homme parfaitement accompli, il faudrait donc non seulement cultiver l'intelligence,. »

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